Enfin! Les mailles du filet du Congrès national africain (ANC) se sont resserrés sur Jacob Zuma qui envers et contre tous avait continué de tenir tête à tout l’establishment du mythique parti qui pensait se débarrasser aussi facilement de ce colis encombrant qui risquait de conduire le parti à la dérive et le pays au chaos. Il a fini par démissionné après avoir donné des insomnies aux caciques du parti. Malgré la détermination des siens à le sortir du jeu, le président sud-africain, opposait en effet, une farouche résistance. Mais ses heures étaient comptées, car, la machine infernale s’était mise en marche contre lui, avec à la manette, le nouveau patron de l’ANC, le non moins vindicatif Cyril Ramaphosa qui tenait à sa première victoire.
Mais Zuma était resté droit dans ses bottes. Vieux briscard de la politique et fin connaisseur des rouages et des hommes du parti, l’homme a usé de tous les subterfuges et de toutes les ruses pour faire pencher la balance des négociations de son côté. L’amnistie et des garanties sécuritaires pour lui et ses proches. Tels étaient les souhaits les plus ardents sur lesquels l’ex président de l’ANC ne comptait point transiger. Comme son ami Robert Mugabe, est-t-il parvenu à ses fins? Zuma et les quelques soutiens sans grande envergure qui lui restaient ont-ls pu le mettre à l’abri des nombreuses poursuites judiciaires qui devront s’abattre sur le président aux scandales?
Certes, celui par qui tout le malheur de l’ANC arrive, fort de ses plus de 700 chefs d’inculpation ne saurait se prévaloir de ses propres turpitudes, ayant agi comme les Gaulois de la tribu de Astérix et Obélix qui ne craignaient qu’une chose, «que le ciel leur tombe sur la tête». Mais pire pour Jacob Zuma, c’est le monde qui vient de s’écrouler autour de lui. Qui tue par l’épée, périt par l’épée, dit à juste titre l’adage qui colle comme un gant à celui qui trouve «injuste», cette démission qui lui a été gentiment demandée avant de lui être imposée comme seule porte de sortie, la plus humiliante.
En effet, Jacob Zuma n’a-t-il pas été le principal manœuvrier de la destitution de Thabo Mbéki en son temps, avant de lui succéder après l’intérim de Kgalema Petrus Motlanthe comme président de l’Afrique du sud du 25 septembre 2008 au 9 mai 2009? C’est le retour très douloureux de la manivelle pour Zuma dont les efforts pour placer son épouse, Nkosazan Dlamini-Zuma comme présidente de l’ANC, donc son successeur qui devrait le protéger dans ces mille et une affaires qui font de lui un client idéal pour la justice, sont restés vains. Mais comme le loup qui crie au voleur, Zuma continue de dénoncer «l’injustice» que lui font ses anciens amis. A moins de vouloir faire preuve de mauvaise foi, il excelle en tout cas dans la diversion, essayant encore de s’attirer de la sympathie. Si le ridicule pouvait tuer!
La crise très ouverte at-elle pour autant pris fin? Le combat fratricide ne touchait plus la seule ANC, mais toute l’Afrique du sud qui retenait son souffle, se demandant si les vieux démons de l’apartheid qui ont plongé, de 1948 à 1991, l’Afrique du sud dans la violence sans commune mesure, ne referont pas surface. En tout cas, il était temps qu’on parvienne à ce dénouement, car tout était bloqué, même le parlement où Jacob Zuma devait prononcer son discours sur l’Etat de la Nation ajourné sine die. Les huit motions de défiance, donc celle de son parti, déposées à son encontre et les tractations secrètes ont enfin eu raison de l’intraitable Jacob Zuma qui, à l’image d’un noyé, s’agrippait à tout ce qui lui tombait sous la main, même le refus de reconnaître tous ces scandales qu’il traîne.
Jacob Zuma a joué sur le temps, se persuadant qu’il pourrait avoir ses détracteurs par l’usure. Mais il a perdu. Il est désormais nu et, à moins de bénéficier du peu de clémence qui reste encore au sein de l’ANC, Jacob Zuma n’a plus son destin entre ses mains, car c’est une retraite bien mouvementée, sans doute agrémentée de fréquentes visites au palais de justice qui l’attend!
Par Wakat Séra