40% des voix, soit 159 sièges sur 400 pour le Congrès national africain (ANC), qui voit s’éloigner le temps où le parti pouvait exhiber sa puissance avec 230 élus dans le Parlement sortant. 22% des voix, soit 87 députés pour l’Alliance démocratique (DA), parti libéral et premier parti d’opposition. 15% des voix soit 58 élus pour le MK de l’inénarrable Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain destitué par l’ANC dont il était, pourtant, l’un des ténors. Pour sa part, l’EFF du bouillant Julius Malema, qui se réclame de la gauche radicale, s’en tire avec 9% des voix. Ainsi, se présentent les résultats des législatives comptant pour les élections générales sud-africaines du 29 mai.
Bien que demeurant la première force politique de l’Afrique du sud, l’ANC a subi une gifle magistrale, car désormais dépourvue de la majorité absolue, donc ne pouvant plus tenir seul, le gouvernail de la «nation Arc-en-ciel». Le parti historique est, désormais, contraint de composer avec un autre parti pour espérer jouir de ce privilège de voir systématiquement sortir de ses rangs, le prochain président de l’Afrique du Sud. Ce qui est loin d’être gagné pour l’ANC. C’est même un puzzle géant, avec plusieurs pièces manquantes, pour Cyril Ramaphosa et les siens.
Véritable casse-tête chinois en terre zoulou! C’est comme si le ciel tombait sur l’ANC, le parti de Nelson Mandela, le premier président noir de l’Afrique du sud qui doit se retourner dans sa tombe, face à cette chute libre de sa famille politique. Une déconfiture qui pourrait annoncer la descente aux enfers, à moyen terme, de l’ANC, si ce dernier ne remobilise pas, au plus vite, les rangs autour d’un nouveau projet de gouvernance. Confrontée aux affaires de corruption de ses dirigeants et incapable d’offrir un quotidien plus ou moins décent aux Noirs qui continuent de survivre comme des rats dans les ghettos de Soweto, l’ANC après Madiba n’a jamais pu répondre aux attentes de ses militants.
La hausse de la criminalité, le taux de chômage en montée constante, et surtout les guerres fratricides internes, pour ne citer que ces difficultés, ont eu raison d’une ANC qui aime «bouffer» ses présidents, à l’instar de Thabo Mbeki et Jacob Zuma. Car, Cyril Ramaphosa qui brigue un second mandat à la tête de l’Afrique du sud pourrait bien passer également à la trappe, lui qui peut être sacrifié sur l’autel des intérêts de son parti, si ce celui-ci doit composer avec le MK pour garder la main sur le fauteuil présidentiel de la république sud-africaine. Jacob Zuma qui rumine une vengeance bien tenace contre son successeur qui a contribué à le virer des affaires, au propre comme au figuré, ne vise que le scalp de celui-ci.
En tout cas, Jacob Zuma qui a réussi à se glisser, avec bonheur, dans la peau de l’agneau sans défense sur lequel s’est acharné le loup Ramaphosa, boit son petit lait. Son parti, à peine âgé de six mois s’est hissé comme troisième force politique et voudrait bien tirer profit de cette percée qui était loin d’être acquise, devant l’EFF du remuant Julius Malema qui, lui, est prêt à faire alliance avec l’ANC, sa formation politique mère, avant dissidence. Quel sera donc l’avenir d’une ANC qui, non seulement n’a jamais su capitaliser les valeurs du rassembleur qu’a été Nelson Mandela, mais a vendangé tous les acquis obtenus par le père de la «nation Arc-en-ciel»?
Du reste, ne détenant pas la réalité du pouvoir économique, l’ANC ne peut prétendre à mener des politiques véritablement audacieuses et porteuses pour sortir les populations qui se réclament de son obédience politique, de la misère dans laquelle elles ont toujours végétée, se contentant de survivre au jour le jour. Et ce n’est pas demain la veille pour la sortie du tunnel, pour le désormais ex-parti détenteur de la majorité absolue. En attendant, les cadres de l’ANC doivent se découvrir des talents de négociateurs hors-pair, pour sauver, pour l’avenir, ce qui peut encore l’être!
Par Wakat Séra
