C’était ce mercredi, la fête de l’Aïd el-Fitr dans nombre de pays africains, où les fidèles musulmans ont accompli avec foi, l’amour, le partage, la prière et le jeûne. Ce pilier de l’Islam, déjà difficile à tenir pour l’organisme, a été davantage pénible dans cette période où la canicule a été généreuses au-dessus du supportable. C’étais même l’enfer sur terre dont les habitants de certaines contrées, ceux qui ont encore le sens de l’humour et la force de la plaisanterie, ont découvert que le soleil ne sortait plus seul, mais «avec tous ses enfants»! C’est dire combien, en ces moments de vie chère, le carême chrétien, au propre comme au figuré, était un chemin de la croix pour les fidèles catholiques et le jeûne du Ramadan infernal pour les musulmans.
Et grâce à ses clins d’œil dont il a seul le secret, pour dire à tous les hommes qu’ils doivent faire preuve de solidarité et privilégier la fraternité entre eux, Dieu pour certain, Allah pour d’autres et Esprit des ancêtres pour d’autres encore, a fait coïncider pour tous, ces temps de pénitences et de prières, accompagnés d’une vague de chaleur hors-pair. Mais pour une fois encore, les Africains qui, plus que d’autres peuples, ont fait de la croyance religieuse leur affaire, ont donné la preuve qu’il faut plus que la chaleur et la cherté de la vie, pour éprouver leur foi. Les nombreuses mosquées, temples et églises dont la densité au km2 dépasse de loin celle des écoles, hôpitaux, centre de recherches, etc., n’ont pas désemplit, surtout les vendredis et dimanches, grands jours de prière!
Et après la fête de Pâques qui a commémoré la résurrection du Christ trois jours après sa mort par crucifixion sur la croix, voici la fête de l’Aïd el-Fitr qui a sanctionné ces longs jours de mortifications physiques et spirituelles. Les tables étaient bien garnies et dans leurs habits de fête, les convives se sont gavés sans retenue et sans peur du péché de l’excès. Ils ont, cependant, oublie que quelque part, juste derrière le mur de la clôture, non loin d’eux, des personnes déplacées, chassées de chez elles par les attaques terroristes au quotidien, sont devenues des exilées dans leur propre pays où elles manquent du tout au tout. Le jeûne et le carême, sont leur quotidien, à la seule différence que c’est sans rupture chez elles.
La rupture pour les PDI, c’est quand des «bons samaritains» accompagnés de toute la presse, surtout celle audio-visuelle, viennent leur offrir quelques paquets de macaroni, des boîtes de sardines et des sachets d’eau. Des dons à peine suffisants, pour des hommes, femmes et enfants qui ont dû tout abandonner dans leur exode forcé vers des terres plus clémentes non encore dans le viseur des groupes armés. Si elles veulent bien retourner chez elles, les Personnes déplacées internes, les PDI pour faire plus court et rester dans le vocabulaire tendance, elles ne le peuvent pas, car les terroristes se sont enkystés dans ces zones qui sont sous leur emprise et où ils sèment larmes et désolation, malgré les répliques des Forces de défense et de sécurité pour les déloger.
Cette année comme les années précédentes, et il y a de cela plus d’une décennie, l’Aïd el-Fitr passera, tout comme la Pâque, est passée, sans que la situation de ces PDI évolue véritablement. Pire, elles verront leurs rangs grossir avec de nouveaux arrivants. Ainsi se déroulent le carême et le jeûne interminables des PDI, que ce soit au Niger, au Burkina Faso, au Mali. Une situation qui diffère peu de celles de familles palestiniennes de la bande Gaza qui fêteront sous les pluies diluviennes d’obus venus d’Israël, des Ukrainiens assaillis par les Russes, des populations civiles soudanaises prises en otage par les échanges meurtriers de roquettes entre les armées des généraux Al Burhan et paramilitaires d’Hemedti, les habitants de Goma en République démocratique du Congo constamment sous les feux nourrir du M23, et tous ces peuples soumis à des pouvoirs dont les dirigeants pensent avoir droit de vie et de mort sur leurs sujets.
Ainsi va la fête de Pâques, ainsi va l’Aïd el6fitr, dans un monde d’horreurs et d’injustices pour le pauvre qui est contraint de faire le carême et le jeûne continus, espérant chaque année, une vie meilleure! Bonne fête de l’Aïd el-Fitr et qu’Allah reconnaisse toujours les siens!
Par Wakat Séra