Alassane Ouattara succombera-t-il au charme irrésistible du troisième mandat? «Violente question»! C’est ainsi que l’on répond aux interrogations complexes où qui dépassent l’entendement sur les berges de la Lagune Ebrié. En tout cas, le tout nouveau patron du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le tout neuf parti politique qui réunit principalement le Rassemblement des républicains (RDR), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et quelques cadres d’autres partis politiques, laisse désormais planer le doute. Il donne même rendez-vous en 2020 pour donner sa réponse à toute question à sa candidature pour la présidentielle ivoirienne de 2020. Mais les partisans et courtisans du RHDP, n’ont pas la patience de leur leader dont ils réclament un nouveau mandat. Le RHDP pour eux, c’est l’avenir de la Côte d’Ivoire, ont-ils clamé pour la plupart, lors de la tenue, le samedi 26 janvier, du congrès du parti au pouvoir, un raout qui a drainé des milliers de personnes dans un stade Félix Houphouët Boigny, plein comme un œuf. En affirmant que cette démonstration de force marque le «départ de la confiance entre le président de la République, Alassane Ouattara et son peuple», l’un des hommes de main du chef , Adama Bictogo, illustre assez bien ce souhait des «RHDPistes».
Pourtant, dans un passé récent, avant que l’amour entre le RDR, l’ex parti au pouvoir et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ne se transforme en lune de fiel, Alassane Ouattara avait annoncé son départ à la fin du deuxième quinquennat que lui autorisait la constitution de son pays. Mieux il a même affirmé que lui et son «frère», Henri Konan Bédié, le président inamovible du PDCI et lui, laisseraient la place aux jeunes. Mais, ça c’était avant! Visiblement, de l’eau, et beaucoup d’eau a coulé sous les trois ponts d’Abidjan. Le désamour entre les deux vieux crocodiles du marigot politique ivoirien est passé par là. En effet, Bédié reproche à celui que son parti a soutenu pour prendre le pouvoir des mains de Laurent Gbagbo en 2010, et pour sa réélection en 2015, de ne plus vouloir renvoyer l’ascenseur au PDCI. L’auteur de l’appel de Daoukro claque donc la porte à la coalition de circonstance, et manifeste son désaccord total avec la mise en place du RHDP avant l’élection présidentielle. En plus de ce clash, Ouattara doit gérer ce qui est devenu le «cas Guillaume Soro», lui aussi en désamour avec celui dont il a contribué à l’accession au fauteuil présidentiel en montant au front, à la tête d’une rébellion qui a conduit à des négociations ayant abouti à l’élection de 2010. A toutes ses bisbilles entre ex-alliés devenus, adversaires, et peut-être ennemis jurés, se greffe désormais l’équation Laurent Gbagbo et Blé Goudé qui viennent d’être acquittés par la Cour pénale internationale (CPI) où ils séjournent depuis presque 8 ans pour le premier et 5 pour le second. La libération des deux, véritables poils à gratter pour le régime Ouattara, changera nécessairement l’échiquier politique ivoirien.
Ceci explique-t-il cela? En tout cas, Alassane Ouattara qui n’a jamais réussi à engager les chantiers de la réconciliation nationale qui est resté vœu pieux dans une Côte d’Ivoire où seuls les pro-Gbagbo, et maintenant les proches de Henri Konan Bédié et de Guillaume Soro, sont harcelés, est de plus en plus persuadé que lui seul peut encore porter le RHDP vers la victoire en 2020. A moins de nous faire mentir, lui et ses congénères qui doivent laisser la place pour un nouveau départ de la politique ivoirienne, Alassane Ouattara conforte les supputations sur sa faiblesse pour un troisième mandat.
Par Wakat Séra