Election présidentielle du 7 septembre. A 78 ans, l’Algérien, Abdelmadjid Tebboune, vient de s’offrir un second mandat, avec un score à la soviétique de près de 95%, plus précisément, 94, 63%. Le taux de participation, selon les estimations de la veille de la proclamation des résultats se situait à moins de 50%, soit 48,03% pour 5,32 millions de suffrages exprimés. Mais, comme si les chiffres de la victoire gênaient aux entournures, le nombre d’électeurs exact semble difficile à rendre public. Il sera certainement connu, lorsqu’il aura été bien arrangé, pour que Abdelmadjid Tebboune, confirme son entrée triomphale dans le cercle des présidents africains les mieux élus, mieux signifiant, ceux qui ont fait exploser les urnes, le plus souvent en jouant d’irrégularités. Le président réélu et ses partisans, à défaut de faire profil bas, doivent avoir de la retenue, et ne pas savourer un succès obtenu en mettant sous éteignoir toute contestation.
Le scrutin était gagné d’avance, le pouvoir s’étant montré champion dans l’oppression des opposants et la restriction de la liberté de la presse. Certes, Abdelmadjid Tebboune a fait des promesses alléchantes à la jeunesse en matière de création d’emploi, aux étudiants sur l’augmentation des bourses et aux travailleurs avec la hausse annoncée des allocations. Mais son secret réside dans la chasse orchestrée et réussie, depuis 2019, contre les contestataires, qui avaient réussi à chasser du pouvoir, avec l’appui de l’armée, son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, et sa maîtrise du mouvement Hirak qui s’est essoufflé, notamment avec l’interdiction des rassemblements durant le Covid-19, dans son combat pour la démocratie.
Le scrutin présidentiel était donc verrouillé, avant même de se dérouler, car comme le disent les Ivoiriens, «y’a rien en face, devant c’est maïs», pour dire que la machine répressive avait fait son effet contre les opposants dignes de ce nom qui pouvaient tenir la dragée haute au président sortant, voire lui faire mordre la poussière. A cette stratégie de vainqueur sans gloire, la presse était sous contrôle, les autorités ayant mis en place une batterie de mesures dont, selon Human Rights Watch, une nouvelle législation qui n’a eu que d’autre but d’affaiblir les médias non acquis. Pendant ce temps «Tonton Tebboune» soignait son image populaire, ou populiste, c’est selon, sur les réseaux sociaux. Il multipliait également les actions de séduction de toute sorte, surtout durant la campagne.
Les libertés confisquées et l’opposition asphyxiée, Abdelmadjid Tebboune avait donc un boulevard ouvert devant lui, pour retrouver le confort du fauteuil présidentiel qu’il continuera d’apprécier, sur un autre quinquennat, et plus si affinités.
Par Wakat Séra