Abdelaziz Bouteflika sur la fin. Ce n’est plus une hypothèse mais presqu’une certitude. Après une partie du Front de libération nationale (FLN) qui a pris l’option ferme de soutenir le vaste mouvement populaire contre le maintien du président algérien au pouvoir, tout comme les syndicats, les députés et bien d’autres soutiens du régime, c’est autour du chef d’état-major de l’armée, un proche des proches de Bouteflika d’appeler pratiquement à la mise à la retraite de celui-ci. Ce pilier essentiel du système, demande que l’article 102 de la Constitution soit appliquée, afin de constater l’état d’empêchement d’exercer le pouvoir de l’actuel chef de l’Etat. Si cette disposition est mise en branle, cela devrait aboutir au départ de Bouteflika, qui, depuis son Accident vasculaire cérébral (AVC) de 2013, est non seulement cloué dans un fauteuil roulant, mais ne détient plus visiblement, les rênes du pouvoir. Plus fréquent dans les lits d’hôpitaux, en Algérie ou en Suisse, qu’aux commandes du pays, Bouteflika, était, il y a bien longtemps, hors du jeu politique algérien. Le pays était entre les mains du petit frère du président et des généraux qui étaient prêt à tout, comme se servir d’une momie, pour sauvegarder leurs privilèges.
Mais autre temps, autres mœurs! Boueflika, le peuple algérien n’en veut plus. Pire, il décrie tout le système. Face à la déferlante populaire qui leur a ôté tout espoir du 5è mandat et exige même qu’ils dégagent hic et nunc, ceux qui manipulaient la marionnette de Abdelaziz Bouteflika n’ont maintenant d’autres choix que de s’en débarrasser. Les rats quittent donc le navire, abandonnant sans autre forme de procès celui qui en est encore, juste de nom, le capitaine. 82 ans et 20 ans au pouvoir, Bouteflika n’est plus dans les grâces de ces Algériens de toutes les classes socio-professionnelles qui, par milliers, descendaient dans la rue pour le chasser. Comment les partisans du «dégagisme» vont-ils prendre cette dernière ruse du système qui, visiblement, entend se donner encore un peu de répit pour espérer renverser la vapeur? Car, c’est bien un énième piège que mettent en place, ceux qui hier encore, malgré cette inaptitude de Bouteflika qu’ils dénoncent aujourd’hui, affirmaient que l’homme était le seul président à même de diriger l’Algérie. Leur stratégie parait bien claire: reprendre les choses en main par des élections qu’ils organiseront et pourraient bien gagner grâce à une machine électorale dont ils auront la maîtrise totale, avec plusieurs décennies aux affaires. Car, si l’état d’empêchement est constaté, le président du Conseil de la nation, le sénat algérien devrait diriger le pays pendant 45 jours, et des élections organisées au bout de 90 jours, si le constat est établi que Boutefika est toujours dans l’incapacité de revenir aux affaires. Le schéma est bien élaboré mais sa mise en place dépendra une fois de plus, de la réponse de la rue. Or, depuis des semaines, les vendredis se suivent et se ressemblent par la grande vague de manifestants qui ne fait qu’enfler. Et c’est certain, ce vendredi 29 mars ne fera pas exception à la règle.
L’Algérie est à la croisée des chemins! Tout en souhaitant au peuple algérien d’étancher sa soif d’alternance systémique, il importe également de relever que tout chaos dans ce pays aura des ondes de choc dangereuses, si mal amorties, entre autres, pour les pays du Sahel confronté actuellement à l’hydre djihadiste.
Par Wakat Séra