Alors que les écrans du 26è Fespaco reprenaient leur blancheur des soirs sans cinéphiles vécus par des salles de cinéma en voie de disparition, l’édition cinquantenaire du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou se prolongeait en Algérie, s’enrichit d’une nouvelle œuvre sur fond de candidature de candidature de Abdelaziz Bouteflika. Cette tragédie politique qui se joue avec des scénaristes rompus à la tâche des élections sans l’élu, en attendant d’être mise en boîte le 18 avril prochain avec le scrutin présidentiel, a connu un nouvel épisode et pas des moindres ce dimanche 3 mars.
En effet, malgré les nombreuses protestations qui se sont métastasées comme un cancer, en Algérie et ailleurs comme en France, la candidature du président algérien, a été déposée auprès du Conseil constitutionnel par son directeur de campagne. Bien évidemment, cet acte très important dans la procédure pour la compétition au palais présidentiel a été accompli en l’absence du principal acteur, en Suisse pour des soins. Largement, pour ne pas dire complètement diminué physiquement des suites de l’accident vasculaire cérébral (AVC) qu’il a eu en 2013 et qui l’a cloué depuis lors dans un fauteuil roulant, probablement pour le restant de ses jours, Abdelaziz Bouteflika brille par son absence de la vie politique du pays.
Visiblement, certains n’ont aucun intérêt à ce que l’homme, 82 ans, qui a accédé au pouvoir en 1999 et ne l’a plus jamais quitté, modifiant la constitution en 2008, lâche le fauteuil présidentiel.
Pourtant, ceux qui dirigent réellement l’Algérie sont visiblement d’une impopularité sans commune mesure auprès d’une population jeune en majorité. Contestée fortement par des manifestations sans commune mesure, les tenants de la présidence de Bouteflika sans Bouteflika ne présentent aucune volonté de changer de posture. Ce clan de généraux et un conglomérat de personnes qui tiennent les rênes d’un pays économiquement exsangue pour avoir mis tous les œufs de son développement dans le panier de l’industrie pétrolière mise à mal par la baisse du coût de l’or noir, ont, du reste, opté pour la répression militaire pure et dure, face à cette mobilisation qui ne faiblit pas contre le maintien de la candidature de leur «otage».
L’indéboulonnable président algérien a certes sorti l’Algérie du chaos de la guerre civile en 1999 et a suscité un grand espoir de paix et de stabilité, mais aujourd’hui, cette carte de sauveur n’a plus aucune valeur car le pays est désormais miné par la corruption et le chômage. Et c’est pour essayer de contrer ce mécontentement généralisé des Algériens à l’intérieur comme en Occident que dans une lettre, une de plus, lue à la télévision nationale que le président fantôme annonce à ses compatriotes qu’après son élection, il n’ira pas au bout de son cinquième mandat et organisera une conférence internationale et une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne prendra part et qui désignera son successeur. C’est dire combien la mascarade est bien pensée par des experts en magouille politique qui pense ainsi pouvoir berner une fois de plus le peuple.
Question: pourquoi ne pas organiser ces fameuses conférence et élection présidentielle démocratique, pendant que le peuple les réclament? Une chose est certaine, c’est que les populations en ont visiblement marre de se laisser diriger par les lettres et photos dans des shows savamment concoctés par les faucons du «système» décrié. Il urge que l’Algérie retrouve sa quiétude, surtout pour le bonheur ses populations qui ont besoin de paix pour se développer, mais aussi de ses voisins, pour son rôle important dans la lutte contre le terrorisme. Il faut sauver Abdelaziz Bouteflika et l’Algérie, des intérêts égoïstes et très personnels d’une oligarchie. Mais surtout pas dans la violence aveugle!
Par Wakat Séra