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Algérie: qui pour faire tomber la fièvre?

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Abdelaziz Bouteflika (Ph. beninwebtv.com)

Abdelaziz Bouteflika partira donc, avant la fin de son quatrième mandat! C’est le titre du dernier épisode du feuilleton politique algérien qui met en scène la rue et le pouvoir. Le communiqué de la présidence qui est tombé ce jour 1er avril, après celui qui a dissout, la veille, l’ancien gouvernement pour l’avènement d’un autre, est loin d’être un poisson d’avril, même s’il ne donne pas la date précise du départ du président désormais isolé. C’est plutôt une des mille et une stratégies mises en branle par le régime pour se sauver, à défaut de sauver son champion. Cette décision de la présidence répond surtout à la revendication première de la rue de se débarrasser d’un dirigeant, 82 ans, 20 ans au pouvoir, et cloué dans un fauteuil après avoir été frappé en 2013 par un AVC et qui n’avait plus la réalité du pouvoir depuis belle lurette. Mais, il servait de paravent et même de parapluie à tous ces généraux de l’armée et hommes d’affaire qui ont œuvré en vain pour lui offrir une présidence à vie afin de sauvegarder leurs nombreux intérêts personnels. Contrariant les objectifs du système dont le but manifeste et de ne point lâcher le pouvoir, la rue, est debout depuis maintenant sept semaines, rejetant tous les subterfuges d’un pouvoir en perte de vitesse auprès d’une jeunesse algérienne qui aspire au changement systémique.

Que va-t-il se passer maintenant, l’armée qui dit avoir épousé la cause du peuple, ayant tracé désormais «la ligne rouge» à ces mêmes manifestants en les contraignant à demeurer dans les balises constitutionnels? Déjà cette victoire d’étape de la rue est certes importante, mais la dernière décision de la présidence algérienne ne fixe pas une date précise de sortie de piste pour Abdelaziz Bouteflika dont le mandat arrive à terme le 28 avril, et construit un flou artistique autour des mesures qui seront prises pour «assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l’Etat pendant la période de transition». Or, la «continuité» c’est bien le mot que la rue, assoiffée d’alternance, ne veut pas entendre. En effet, le départ de Bouteflika entraînera la prise en main du pays par le président du Conseil de la nation, le sénat algérien, et l’organisation au bout de 90 jours, de scrutins, probablement par les mêmes caciques du système Bouteflika qui, en plus de maîtriser les rouages électoraux, auront eu le répit nécessaire pour se remettre en ordre de bataille. Et retour à la case départ. La nouvelle option risque donc d’être rejetée par la rue, le déficit de confiance entre les dirigeants et le peuple étant devenu abyssal. En tout cas, pour le moment, aucune figure pour l’«Algérie nouvelle» réclamée par la jeunesse ne sort du lot, même si la guerre de positionnement se mène déjà dans les coulisses et à travers la presse.

Or, pour faire tomber la fièvre qui monte un peu plus en degré, chaque vendredi, il importe qu’une nouvelle vague d’hommes et de femmes…nouveaux prennent les choses en main. Cette génération existe-t-elle déjà en Algérie? That is the question!

Par Wakat Séra