Accueil A la une Algérie: Tebboune aussitôt réélu, Tebboune aussitôt contesté!

Algérie: Tebboune aussitôt réélu, Tebboune aussitôt contesté!

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La victoire du président algérien Abdelmadjid Tebboune contesté par ses challengers

Election présidentielle du 7 septembre. A 78 ans, l’Algérien, Abdelmadjid Tebboune, vient de s’offrir un second mandat, avec un score à la soviétique de près de 95%, plus précisément, 94, 63%. Le taux de participation, selon les estimations de la veille de la proclamation des résultats se situait à moins de 50%, soit 48,03% pour 5,32 millions de suffrages exprimés.  Mais, comme si les chiffres de la victoire gênaient aux entournures, le nombre d’électeurs exact semble difficile à rendre public. Il sera certainement connu, lorsqu’il aura été bien arrangé, pour que Abdelmadjid Tebboune, confirme son entrée triomphale dans le cercle des présidents africains les mieux élus, mieux signifiant, ceux qui ont fait exploser les urnes, le plus souvent en jouant d’irrégularités. Le président réélu et ses partisans, à défaut de faire profil bas, doivent avoir de la retenue, et ne pas savourer un succès obtenu en mettant sous éteignoir toute contestation.

Problème! Les deux hommes qui ont pu passer par le tamis très fin des candidatures rejettent les chiffres provisoires rendus publics par l’autorité en charge des élections. Abdelmadjid Tebboune ayant tout ramassé, Abdelaali Hassani, 57 ans, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP, principal parti islamiste) 3,17% des voix, et Youcef Aouchiche, 41 ans, leader Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d’opposition) 2,16%, se sont vus attribuer, des scores plus qu’anecdotiques. Mais l’écart abyssal entre eux et le président «sortant-entrant», ils ne les empêche pas de dénoncer, entre autres, les «fraudes», les «imprécisions» et les «ambiguïtés» qui éclaboussent cette élection.

Le scrutin était gagné d’avance, le pouvoir s’étant montré champion dans l’oppression des opposants et la restriction de la liberté de la presse.  Certes, Abdelmadjid Tebboune a fait des promesses alléchantes à la jeunesse en matière de création d’emploi, aux étudiants sur l’augmentation des bourses et aux travailleurs avec la hausse annoncée des allocations.  Mais son secret réside, plutôt, dans la chasse orchestrée et réussie, depuis 2019, contre les contestataires, qui avaient réussi à chasser du pouvoir, avec l’appui de l’armée, son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, et sa maîtrise du mouvement Hirak qui s’est essoufflé, notamment avec l’interdiction des rassemblements durant le Covid-19, dans son combat pour la démocratie.

Le scrutin présidentiel était donc verrouillé, avant même sa tenue. La machine répressive avait fait son effet contre les opposants dignes de ce nom, ceux qui pouvaient tenir la dragée haute au président sortant, voire lui faire mordre la poussière. La presse, muselée, n’a pas échappé à cette stratégie de vainqueur sans gloire, les autorités ayant mis en place une batterie de mesures dont, selon Human Rights Watch, une nouvelle législation qui n’a eu d’autre but que d’affaiblir et de garder sous contrôle, les médias non acquis. Pendant ce temps «Tonton Tebboune» soignait son image populaire, ou populiste, c’est selon, à travers une utilisation à outrance des réseaux sociaux. Il multipliait également les actions de séduction de toute sorte, surtout durant la campagne.

Les libertés confisquées et l’opposition asphyxiée, Abdelmadjid Tebboune avait donc un boulevard ouvert devant lui, pour retrouver le confort du fauteuil présidentiel qu’il continuera d’apprécier, sur un autre quinquennat, et plus si affinités. Option contre laquelle se dressent, sur fond de dénonciations appuyées, les challengers d’Abdelmadjid Tebboune, déterminés à ne pas laisser passer ce verdict des urnes, qui, n’est, certes, que provisoire. Sauf que ces résultats seront, sauf tsunami, confirmés, car, en Afrique, une règle non écrite mais toujours respectée, à une ou deux exceptions près, énonce qu’«on n’organise pas une élection pour la perdre»! Donc, Tebboune, les Algériens l’auront encore pour cinq ans!

Par Wakat Séra