«Cela n’a pas été simple de prendre la plume une dernière fois pour vous exprimer ce soir tous mes remerciements. Tous mes remerciements pour ces quatre années passées auprès de vous à Ouaga, au quotidien pour certains, moins régulièrement pour d’autres. Quatre années au service de la France et du Burkina Faso…» C’est sans doute l’une des premières fois que l’homme au chignon, aussi strict dans les couloirs de l’ambassade de France que détendu dans les salles de rédaction des organes de presse, qu’il a parcourues aux côtés de l’ambassadeur, ou seul, a eu des difficultés pour s’adresser à ses collègues et ses amis burkinabè, des amis dont la diversité n’est que le reflet de l’ouverture d’esprit qui est sienne.
Mais, l’occupant solitaire, entré dans le «Jardin d’Eden» de la villa n°13, cette nuit de vendredi de la fin du mois d’août 2018, a su puiser une bonne dose d’inspiration dans le regard affectueux de sa tendre compagne Clémence, et les yeux pétillant d’innocence, de leur adorable bout d’chou Isaïa qui préparait du thé pour son papa alors que maman était encore en France. De plus, le sourire de l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade, qui, son éternelle modestie chevillée au corps, s’est fondu dans l’assistance de cette sympathique soirée d’au revoir, était assez communicatif pour faire pousser l’adrénaline chez son deuxième conseiller. Oui, ce moment spécial, où l’émotion le disputait à la douleur inhérente à toute séparation, c’était les adieux de Nicolas Courtin au Burkina. Un pays qu’il a aimé, certainement pas autant qu’il adore Clémence et Isaïas, et dont il emporte une partie dans ses valises à destination de Nairobi au Kenya, où, après quelques années d’infidélité diplomatique, il retrouvera sa maison mère, l’Agence française de développement (AFD), au poste de chargé de mission à la direction régionale.
Enseignant en Master mais surtout agent de développement à l’AFD, Nicolas qui a également passé quelques années à travailler pour l’ambassade de France en Chine, Shanghai et Pékin, et comme coopérant au Service de coopération technique internationale de police, la SCTIP ancêtre du SSI, etc., révèle avoir été mis au pied du mur diplomatique par l’ancien ambassadeur de France au Burkina Xavier Lapeyre de Cabanes, l’ancien numéro deux de l’ambassade Nicolas Groper, l’ambassadeur Luc Hallade, et le premier conseiller Dominique Delpuech. De ce fait, il n’a pas manqué de dire toute sa reconnaissance à ce beau monde qui a fait de son séjour au Burkina Faso des moments agréables, et «sans qui la vie de tous les jours serait vite devenue infernale». Ils ont tous eu un mot spécial de la part de celui que les journalistes appellent gentiment «Nico» ou «Courtois» dans la vie ou sur la plate-forme WhatsApp «Medias Presse BF FR» qu’il a créée et sur laquelle les échanges, infos et réflexions sont d’une fécondité remarquable.
Nicolas Courtin n’a oublié personne, du personnel de maison, qu’ils s’appellent Monsieur Diallo, Gilbert, Maryam, Julienne, Idrissa et Hamado, à ses collaborateurs dont Delcy l’assistante, Martine l’assistante de l’ambassadeur. Et Banne, l’attachée de presse de l’ambassade, «ma collègue, précise Nicolas Courtin, qui a su par son professionnalisme, assurer et assumer la dimension communication sur laquelle j’avoue ne pas avoir beaucoup d’appétence et de patience», précise Nicolas.
Le Burkina Faso, le deuxième conseiller l’avait dans la tête avant d’y mettre les pieds. Comme un clin d’œil dont il a seul le secret, le destin avait fait de son sujet de partiel, alors qu’il enseignait le Master CIAMO, Coopération internationale Afrique Moyen Orient, «2014, année du Burkina»! Un Burkina de 2014 en pleine insurrection populaire. Effervescence politique dont celui qui se retrouvera, en 2018, au pays du révolutionnaire Thomas Sankara, ne perdra la moindre miette, branché qu’il était sur la Radio Oméga, seule radio burkinabè, à diffuser en ligne à l’époque. «J’avais donc déjà un pied dans le pays des Hommes intègres», reconnaît Nicolas Courtin qui espère avoir été un bon «deuxième conseiller politique» pour l’ambassadeur Luc Hallade, lui qui, dès sa première réunion de services a demandé à ses conseillers de lui dire les choses, car s’il se «plantait», c’était de leur faute.
«Je vous quitte, nous vous quittons, et c’est dur de le dire». Toujours courtois, Courtin venait ainsi, en son nom et ceux de Clémence et Isaïas, de demander la route, comme on le dit au Burkina. Ses amis burkinabè lui en ont donné la moitié pour qu’il puisse revenir «chez» lui au Faso, quand il veut.
Par Wakat Séra