Accueil A la une Angola et Kenya: finies les élections, place aux contestations!

Angola et Kenya: finies les élections, place aux contestations!

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Joao Lourenço devrait garder les clés de la présidence angolaise si les résultats provisoires se confirment (Ph. jeuneafrique.com)

En Angola, l’espoir du changement devra continuer à être entretenu par l’opposition. Car les urnes, avant de livrer leur verdict définitif, ont parlé en faveur du Mouvement populaire de libération de l’Angola. Le MPLA, le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, confirme sa suprématie, certes sans panache, mais gagne quand même les élections législatives de ce mercredi, avec 51% des suffrages exprimés, selon les résultats provisoires. Ainsi, le président angolais sortant, Joao Lorenço est certain de garder les clés de la maison qu’il a failli perdre au profit d’Adalberto Costa Junior, le dernier héritier du seigneur de guerre Jonas Malheiro Savimbi, le fondateur de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA).

Le parti historique de l’opposition, malgré la percée fulgurante qu’elle a réalisée, avec 44% des voix, jouera encore, pour le prochain quinquennat en tout cas, les seconds rôles. Il aura tout de même fait naître la lueur de l’alternance, allant jusqu’à fait perdre la capitale, Luanda, à un MPLA qui se retrouve à moins 10% de son score de 2017. Et ça ce n’est pas rien! L’UNITA, convaincue de sa force électorale et se basant sur ses propres comptages se voyait même déjà aux commandes du navire battant pavillon Angola. Les six autres formations en compétition se contentent de résultats anecdotiques, certains ne pouvant même pas s’offrir un siège de député à l’assemblée nationale.

Le MPLA sort donc victorieux de ces élections législatives qui serviront par la suite à désigner le président de la république, mais avec une petite marge, mettant plutôt en vedette l’UNITA qui, pour la première fois tutoie d’aussi prêt un parti au pouvoir en perte de vitesse auprès de populations angolaises désabusées. Le rêve d’épanouissement de la jeunesse s’est même comme définitivement brisé au pied de la montagne du chômage et de la cherté de la vie! Un obstacle qui défie le développement de l’Angola, qui, malgré son pétrole, son diamant et d’autres richesses minières comme le nickel, le cuivre, le manganèse, le fer, et le plomb, demeure l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Et si les résultats le confirment dans son fauteuil qui, comme le roseau de La Fontaine, a vacillé mais n’est pas tombé, Joao Lourenço devra au plus vite s’attaquer en profondeur à la lutte contre la corruption et le détournement des biens publics qui étaient le sport le mieux pratiqué au sommet de l’Etat. L’autre grand chantier sera de soustraire le pays au «pétrole dépendance» pour lui ouvrir les portes de l’agriculture et du développement d’un potentiel minier jusque-là peu ou prou exploité.

En attendant, de déployer ses nouvelles ambitions pour l’Angola, le président sortant, et bientôt entrant, et son parti devront prendre leur mal en patience, car depuis le début du processus électoral, l’UNITA criait au loup dans la bergerie, sous la forme de fraudes et autres irrégularités, dont la présence de deux millions de personnes décédées sur les listes électorales. Donc, les instances en charge des élections et du respect de la Loi fondamentale angolaise auront encore leur mot à dire face aux plaintes de l’opposition, avant de valider ce vote.

Tout se passera comme au Kenya où, l’opposant historique, Raila Odinga, 77 ans, dénonce des irrégularités qui lui auraient porté préjudice dans la course au fauteuil présidentiel qu’il convoitait pour la cinquième fois. L’homme qui, malgré le soutien du président sortant Uhuru Kenyatta, est tombé face à un adversaire plus jeune, le vice-président William Ruto, 55 ans, a donc déposé un recours auprès de la Cour suprême. Celle-ci, dans son jugement devra, sans doute, compter avec un argument de poids qui penche en faveur de Raila Odinga. En effet, quatre des sept membres de la commission électorale kényane se sont désolidarisés des résultats rendus publics par l’institution dont ils ont démissionné avec fracas.

Les démissionnaires contestent, paradoxe des paradoxes, les chiffres de la commission, dont ils faisaient partie et qui est censée être indépendante et garante de la transparence des élections! En attendant de voir si Raila Odinga rééditera son exploit d’avoir fait annuler l’élection présidentielle de 2017, il faut déjà saluer la sagesse de l’opposant et de ses militants qui ont choisi l’option de la justice, au détriment de la rue et des violences post-électorales dont sont coutumier le Kenya.

Pourvu que cette confiance de Raila Odinga et de ses partisans en la justice dure et que la présidente de la Cour suprême, vers qui tous les regards sont tournés actuellement, jouisse de l’inspiration adéquate pour dire le droit et le bon. Cela évitera au Kenya de conjuguer, une fois de plus, élection avec guerre.

Par Wakat Séra