Avec 51,17% des suffrages exprimés, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) tient dans son escarcelle, 124 sur les 220 députés de l’Assemblée nationale. Un score bien en deçà des 71,84% de 2012 ou encore des 61% de 2017, et qui empêchera le pouvoir de disposer de la majorité des deux tiers qui lui permettait d’adopter une loi sans avoir besoin du soutien d’un autre parti. Malgré tout, cet accident électoral donne la latitude et l’honneur suprême au MPLA de garder la barre du navire battant pavillon rouge-noir, privilège qui était sien depuis l’indépendance de l’Angola.
Le champion du MPLA, Joao Lourenço, gardera donc, pour un deuxième mandat, les clés du palais présidentiel, sauf tsunami non prévu, pour l’instant, par la météo politique angolaise. Certes, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) qui vient de prouver à son rival devant l’Eternel qu’il peut le tutoyer, et mieux, le bousculer, dans les urnes, avec ses 43,95% des voix, n’a pas dit son dernier mot.
En effet, le parti du nationaliste et seigneur de guerre, Feu Jonas Savimbi, garde sa posture de contestataire des chiffres de la Commission nationale électorale (CNE) et dispose de trois jours pour porter ses recours devant la Cour constitutionnelle. L’UNITA peut même puiser de l’énergie et de l’espoir dans l’attitude des cinq membres de la CNE qui menacent de ne pas apposer leurs précieuses signatures au bas des documents portant les résultats finaux. Comme à l’accoutumée, cette règle immuable du jeu qui fait toujours conjuguer élections et contestations, sera donc respectée, mais changera difficilement les scores, au point de renverser les résultats au profit du leader de l’UNITA.
Adalberto Costar Junior, 60 ans, finira certainement par accepter de porter son bonnet de deuxième de la classe, quitte à préparer ses troupes pour le prochain assaut contre la citadelle MPLA qui, cette fois-ci, a certainement été ébranlée, même si elle n’est pas tombée. Si l’ancien-nouveau locataire de la présidence, n’arrive pas à juguler le fort taux de chômage et la vie chère qui frappent sans ménagement des populations angolaises qui nagent dans la hantise d’une inflation, l’UNITA pourra passer à l’offensive et transformer l’essai de cette année, lors de la prochaine bataille électorale.
La CNE, en annonçant la victoire de Joao Lourenço, sur la terre encore humide de la tombe de son prédécesseur, voudrait tourner définitivement la page du régime dos Santos, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. En effet, José Eduardo dos Santos dont l’après règne a été, pour lui et son clan, un véritable enfer, venait d’être inhumé ce dimanche, veille de la proclamation de la courte victoire, mais victoire quand même, de celui qui n’a laissé aucun répit, notamment à ses enfants.
Sauf que le plus dur commence pour Joao Lorenço qui, pour ce deuxième mandat, contrairement au premier, ne bénéficiera d’aucun état de grâce de la part de populations désabusées et acculées par la pauvreté. Pourtant, le riche sous-sol de l’Angola imbibé de pétrole et étincelant des mille feux du diamant, exploité à bon escient, devrait faire le bonheur des Angolais, de tous les Angolais et pas seulement ceux qui sont au pouvoir et cofondent toujours biens public et patrimoine familial. Le potentiel minier, alimenté par le cuivre, le nickel, le plomb, le manganèse et le fer, et la mise en place d’une bonne politique agricole, doivent pouvoir sortir l’Angola du peu flatteur classement des pays les plus pauvres du monde et lui faire intégrer celui des nations où il fait bon vivre pour tous.
Le défi s’annonce bien costaud pour Joao Lourenço qui n’aura guère de temps pour savourer cette nouvelle victoire du MPLA sur l’UNITA.
Par Wakat Séra