José Eduardo dos Santos a fait ses adieux aux militants du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), parti dont il abandonne le gouvernail après l’avoir tenu de main ferme pendant 39 ans. Ce symbole de renouveau en Angola, vient s’ajouter au départ, il y a un an, de ce dinosaure de la vie politique angolaise, de la présidence de ce pays qu’il a dirigé 37 années durant. Plus qu’une simple passation de charges, c’est à un véritable passage d’époque qu’on assiste dans un Angola qui se confondait avec le nom des dos Santos, famille qui a régné sans partage sur les affaires, au propre comme au figuré, du pays, pendant plus de trois décennies. Si le navire angolais a un nouveau capitaine depuis un an, le parti au pouvoir a également un nouveau chef depuis le samedi 8 septembre 2018. Et le nouveau patron du MPLA n’est autre que Joao Lourenço, celui-là même qui avait pris les rênes de l’Angola, il y a de cela un an. L’Angola n’est donc plus la propriété des dos Santos et sa vie politique ne sera plus une exclusivité de cette faille, encore moins de José Eduardo dos Santos, qui, après avoir été forcé à la retraite devrait chercher à se protéger et mettre les siens à l’abri des poursuites judiciaires.
Preuve que l’Angola est entré dans une nouvelle ère de gouvernance, Joao Lourenço que nombre d’observateurs avaient vite engoncé dans la camisole de successeur docile de José Eduardo dos Santos, a fait montre très tôt de son indépendance en posant plusieurs actes significatifs. L’une de ces actions qui ont confirmé l’émancipation du nouveau président fut incontestablement le limogeage de l’inamovible présidente de la compagnie nationale pétrolière Sonangol, Isabel dos Santos, classée par le magazine Forbes comme la femme la plus riche d’Afrique. Comme pour montrer qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin dans le démantèlement du puissant empire politico-financier des dos Santos, Joao Lourenço dégomme le fils de son prédécesseur, José Filomeno de la tête du Fonds d’investissement souverain de l’Angola. Mis en place en 2011, cette institution aux ressources financières colossales, servait à placer les revenus de l’or noir, l’une des principales richesses de l’Angola. Dans la lancée, nombre de proches et fidèles de l’ancien président ont été écartés sans ménagement de la gestion des grandes entreprises du pays. Ces initiatives de l’actuel chef de l’Etat angolais qui n’ont pas manqué de provoquer le courroux de l’ex homme fort, ont pourtant été accueillies avec enthousiasme par un peuple qui, malgré les richesses naturelles de l’Angola, notamment les hydrocarbures et les pierres précieuses, vivait dans une précarité dont les seules causes avaient pour noms, la corruption et la mainmise de la famille dos Santos sur ces richesses.
S’il faut souhaiter, pour le bonheur du peuple angolais, que le ménage entrepris par Joao Lourenço contre la corruption porte des fruits à l’aune de la détermination des nouvelles autorités, il ne faut pas moins espérer que ce ne soit pas que de simples coups d’éclat pour s’assurer l’onction populaire. Car, un grand écart dans la dynamique de cette lutte contre la corruption ne peut que faire retomber l’Angola dans les anciennes tares qui ont constitué des boulets énormes aux pieds de l’économie de ce pays qui attend encore le train du développement.
Par Wakat Séra