L’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos aura marqué, jusqu’à la tombe, l’histoire de son pays! Retour sur des faits qui ont permis au disparu de continuer à hanter le quotidien de ses concitoyens, bien que n’étant plus, physiquement, parmi eux. La dépouille mortelle de l’ancien président de l’Angola, décédé le 8 juillet à Barcelone en Espagne, a été rapatriée vers la terre de ses ancêtres le samedi 20 août, en pleine fièvre électorale, soit quatre jours avant les élections générales auxquelles prenait part le successeur de celui qui était affectueusement appelée «Zè Du». Logiquement, l’ombre de l’ancien président a plané sur ces votes pour lesquels ses proches, notamment certains de ses enfants, ont le plus simplement du monde, demandé aux électeurs de ne pas accorder leurs voix à celui qui a décapité la famille et l’empire financier des dos Santos.
Comme pour marquer les esprits des Angolais c’est le jour où José Eduardo dos Santos aurait soufflé ses 80 bougies de naissance, qu’il a été inhumé, reposant désormais aux côtés de son prédécesseur, premier président de la République populaire d’Angola et président du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), Agostinho Neto. Signe, s’il en existe encore, de l’empreinte immuable du célèbre défunt sur le déroulement des élections, c’est la première fois que le MPLA bat, dans les urnes, son éternelle rivale politique, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) par un score aussi étriqué. De plus, c’est alors que se déroulaient, ce dimanche, les funérailles de l’homme aux 42 ans de pouvoir, dont 26 de guerre civile, que le sort des résultats des dernières élections se décidait, la Commission électorale s’étant réunie pour finaliser les chiffres, du reste, toujours contestés par le champion de l’UNITA, Adalberto Costa Junior.
La page Eduardo dos Santos pourrait bien se tourner en même temps que celle du MPLA, pour qui ces dernières élections sonnent comme le chant du cygne, avec la percée remarquable de l’UNITA qui devrait, si les résultats des votes sont confirmés en l’état, se servir de ses 90 députés à l’Assemblée nationale pour rendre les débats davantage houleux et démocratiques? En tout cas, les élus de l’UNITA seront tout, sauf noyés, comme jadis, par les 140 députés dont pourrait se targuer le parti au pouvoir, si l’institution en charge des élections valide le verdict provisoire. C’est une nouvelle ère qui naîtra donc sur les cendres de la domination sans partage de la vie politique angolaise par le MPLA et ses dirigeants auxquels les populations, notamment la jeunesse, reprochent l’inflation qui menace l’Angola, mais surtout le chômage et la cherté de la vie qui sont, aujourd’hui le quotidien d’un pays qui, paradoxalement est doté d’immenses richesses naturelles. Le pétrole, le diamant, le nickel, le manganèse, le plomb, le cuivre et le fer, et la liste pourrait s’allonger, sont des gisements et des minerais dont l’exploitation judicieuse et équitable devrait offrir aux Angolais, ce mieux-être, qu’ils ont espéré, jusqu’ici, en vain! La corruption et la mal gouvernance sont passées par-là!
Un homme de paix qui a mis un terme à la guerre civile et permis la réconciliation nationale. Ces vibrants hommages, prononcés par le gouvernement qui a mis en musique les obsèques nationales de l’ancien président sont, pourtant, loin de réconcilier les actuels maîtres de Luanda avec certains membres de la famille dos Santos. «Une horrible comédie», a jeté, implacable, Tshizè, une des filles dos Santos dont la soeur, Isabel Kukanova, elle, a dû trouver en l’exil, un moyen pour échapper à la machine lancée contre elle et ses frères, par la justice angolaise que les enfants dos Santos, qualifient, sans autre forme de procès d’instrumentalisée contre leurs personnes!
En attendant de trouver un «homme de paix» pour régler ses problèmes de «famille» le MPLA doit déjà trouver une parade à la contestation de sa victoire par le camp d’en face. Et s’il réussit à passer cette étape, avec toutes les plumes que son parti a perdues dans la bataille électorale, le président Joao Lourenço devra remobiliser ses troupes pour affronter le combat de survie qui s’impose à son peuple.
Par Wakat Séra