Accueil A la une Après le forum de Paris, bientôt des vaccins «made in Africa»?

Après le forum de Paris, bientôt des vaccins «made in Africa»?

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L'Afrique importe 99% de ses vaccins (Ph. d'illustration Oxfam)

Les maladies sont au sud, les médicaments au nord. C’est le constat amer qui a toujours prévalu, faisant du continent noir, l’un des endroits où il est interdit de tomber malade, les centres de santé manquant du tout au tout, jusqu’au simple comprimé de paracétamol. Dans cette logique, une couverture vaccinale au profit de l’ensemble des populations, surtout celles rurales, est un rêve jusqu’ici impossible à réaliser. Seule l’intervention de bons samaritains offrent l’opportunité aux pays africains de mettre aux populations, le précieux liquide qui sauve de bien des maladies, et de la mort.

Ce fût, encore, le cas, lors de la dernière pandémie du Covid 19 qui a mis la planète entière en mode hibernation. Certains que l’Afrique, sans les moyens adéquats, aurait du mal à s’en sortir, les experts onusiens lui avait même prédit l’hécatombe. Miracle, ce fut le continent le moins touché en termes de morts. C’est dans le même registre que l’Afrique, où le paludisme fait des ravages depuis des lustres, n’est toujours pas arrivée à vaincre cette maladie dont la cible favorite est la classe des nouveau-nés et des femmes enceintes.

Le cauchemar sera-t-il conjugué au passé, si l’Afrique produit ses propres vaccins? Oui, et peut-être que le plus du milliard de dollars annoncés ce jeudi à la tribune du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, donnera un coup de fouet à la production du vaccin en Afrique. Ce ne sont pas les spécialistes qui font défaut au continent, mais les moyens financiers pour mener à bon port les recherches. Sans oublier le nécessaire appui pour faire face au puissant lobby des firmes pharmaceutiques occidentales.

Ainsi, en plus du pactole annoncé et qui, il faut l’espérer sera mobilisé dans le temps, il urge que de soutenir les chercheurs et politiques africains qui n’arrivent pas à faire face au diktat occidental dans ce domaine, comme, d’ailleurs, dans d’autres. Car les vaccins même s’ils sortent des laboratoires du continent noir, ils ont besoin de l’homologation exigée par les organismes de santé. L’option idéale pour l’Afrique dans ce cas serait que la communauté internationale, notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS), revoie à la baisse le nombre de structures qui doivent donner le feu-vert pour l’homologation et la commercialisation des vaccins africains.

Si les résolutions de ce forum ne rejoignent pas les placards de l’oubli, comme l’ont été plusieurs engagements accouchés par des rencontres au sommet du même genre que celle de Paris, il est à parier que, le continent noir pourrait desserrer autour de lui, l’étau des pandémies et épidémies qui plombent son développement en le privant de ses bras valides et de son avenir.

S’il ne faut pas crier trop tôt victoire, l’espoir est tout de même permis pour les vaccins «Made in Africa». Cependant, l’Afrique ne doit pas, non plus, toujours compter sur l’argent venu d’ailleurs pour ses besoins, alors qu’elle est pratiquement contrainte de brader ses matières premières qui lui sont rendus en produits finis, à des coûts prohibitifs. Comme l’a dit l’historien et homme politique burkinabè, Feu Joseph Ki-Zerbo, «on ne développe pas, on se développe».

Par Wakat Séra