Le parquet militaire burkinabè lors des audiences entrant dans le cadre du procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, n’a pas manqué d’indiquer à plusieurs reprises que «l’attentat (à la sûreté de l’Etat) est un acte d’indiscipline» dans l’armée au regard des textes en vigueur au Burkina.
«L’attentat au regard de nos textes est un acte d’indiscipline», a laissé entendre le procureur militaire, notant que «les militaires doivent obéissance aux ordres conformément à la loi», faisant allusion aux actes posés par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le 16 septembre 2015 et jours suivants.
Dans la narration des faits du chef de corps adjoint de l’ex-RSP, le commandant Aziz Korogo, il est ressorti qu’il n’avait pas «le commandement total» de ses hommes. Pour le parquet «l’armée est par essence un service commandé» et par conséquent «le commandement (au sein des forces de défense) est sacré».
Selon le commandant Korogo, ce qui est arrivé le 16 septembre 2015 ne devait pas arriver, si les ordres étaient exécutés comme il se devait.
Plusieurs cas d’indiscipline ont été relevés, au cours des audiences, mettant en cause des sous-officiers et soldats de l’ex-garde de sécurité présidentielle burkinabè dissout le 25 septembre 2015, à la suite du putsch manqué.
Les éléments mis en cause dans ces actes d’indiscipline sont, entre autres, le sergent-chef Roger Koussoubé, le sergent-chef Mohamed Zerbo, le soldat Da Sami et le soldat Amado Zongo, selon le chef de corps adjoint de l’ex-RSP. Toujours selon le commandant Aziz Korogo, certains l’auraient même menacé avec une arme, alors qu’il œuvrait pour le désarmement et l’enlèvement des armes au camp Naaba Koom II.
L’enlèvement et la séquestration du président de la transition Michel Kafando, du Premier ministre Isaac Zida et des deux autres ministres ont été l’oeuvre de sous-officiers, dont l’adjudant-chef major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion, selon les éléments du dossier du putsch manqué. A entendre le chef de corps adjoint de l’ex-RSP, ces actions ont été faites à son insu. Il a soutenu qu’il n’a pas donné d’ordre allant dans le sens de l’arrestation des autorités.
Avant les événements du 16 septembre 2015, il y avait des éléments qui n’obéissaient pas à des ordres qui leur étaient donnés. C’est le cas, à en croire Aziz Korogo, du sergent-chef Roger Koussoubé qui aurait refusé de rendre «un véhicule du corps» malgré les injonctions du commandant. De même, le responsable direct de l’ex-RSP a notifié que le sergent-chef Mohamed Zerbo et d’autres personnes tenaient des réunions sans l’accord du corps.
Par Daouda ZONGO