Le colonel Lona Charles Ouattara, député, a présenté le mercredi 11 janvier 2018 à l’Institut français à Ouagadougou, un livre intitulé « Les dessous de la révolution voltaïque » qui aborde dans le fond tous les secteurs de gouvernance dont l’armée et son évolution. Selon l’officier et homme politique qui a proposé dans l’ouvrage une réforme de l’armée, le « Burkina n’a pas de brigade mais a des généraux de brigade ».
« Aujourd’hui le Burkina n’a pas de brigade mais on a des généraux de brigade », a dit Lona Charles Ouattara qui a estimé qu’« Avec 20 000 hommes, il y a nécessité que le pays crée des brigades qui soient contenues dans ces fameuses régions militaires ».
L’officier et homme politique a suggéré qu’avec « 20 000 hommes, on crée deux divisions de 10 000 hommes en raison de deux brigades par division qui seront composée chacune de 5 000 hommes et là nous aurons au moins quatre à cinq généraux qui justifieront leur salaires ». Il a proposé dans cette même veine que la brigade comporte « deux régiments d’infanterie à savoir un régiment de chasse et un autre de génie » dotés d’un centre de formation pour tous ces jeunes recrus rattachés à la brigade et des compagnies de commandement de transmissions (communication) ».
Le Burkina Faso a aujourd’hui des régions militaires qui sont des « divisions administratives et non des divisions opérationnelles », a affirmé le colonel Lona Charles Ouattara, selon qui, « quand vous cantonnez des groupements de forces dans une région militaire, vous ne considérez pas que la région est une grande unité militaire ».
« L’avantage des grandes unités, c’est de pouvoir les entraîner et d’avoir un chef au commandement, là ça devient plus facile en temps de paix et en temps de guerre. Si vous n’avez que des groupements de forces qui sont éparpillés sur le territoire et non confiées à une grande unité, donc à un seul chef, il y aura problème lorsqu’il s’agira d’engager des opérations (parce que) l’armée va perdre beaucoup de temps à se retrouver, à s’organiser et à se commander », a-t-il expliqué.
Pour lui, « il faut que le pays ait le courage d’avoir des statuts clairs pour chaque catégorie d’officier. Quand les gens sont formés il faut qu’ils suivent les statuts qui leurs sont propres », avouant qu’« on ne peut pas admettre qu’un officier du rang devienne facilement colonel. Ce n’est pas pensable non plus que l’officier des services devienne du jour au lendemain chef d’état-major général des armées. Ce n’est pas admissible ».
Abordant la question du secret défense, il s’inscrit en faux quand certains pensent que si on parle des régions militaires, on viole le secret défense. « C’est totalement faux », a-t-il laissé entendre avant d’indiquer que « le secret défense touche les opérations militaires. Prendre un journaliste le foutre en prison parce qu’il a dit où se trouve une caserne, ça n’a pas de sens puisse que tout le monde peut aller voir où se trouve cette caserne-là ».
L’ex-président de l’Assemblée nationale Mélégué Maurice Traoré qui a soutenu une thèse de doctorat en Sciences politiques portant sur « La variable militaire dans la politique étrangère du Burkina Faso », dit noter dans le livre de M. Ouattara, son cousin, qu’en matière militaire, le pays fait preuve d’« une absence de vision ».
M. Traoré a reconnu qu’« il faut avoir une pensée stratégique pour notre armée », saluant la loi de programmation militaire qui a été votée mi-décembre 2017 car elle a « l’avantage déjà de situer l’armée elle-même sur l’idée des moyens financiers et matériels dont elle disposera dans trois, quatre ou cinq ans ».
« Notre armée a des problèmes parce qu’elle a été déstructurée », a confié Dieudonné Maurice Bonanet, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, réaffirmant qu’« aujourd’hui, jusqu’à ce qu’on termine ce premier mandat (du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, majorité), aucun militaire ne sera au pouvoir ».
Pour lui, la politisation de l’armée « ne date pas de la révolution », souhaitant que tout un chacun contribue afin que « le pays tout entier tire les leçons et corrige l’ensemble des insuffisances dans ce secteur pour évoluer ».
Par Mathias BAZIE