Huit jours après l’arrestation de l’ex-ministre burkinabè de la Sécurité sous la Transition, le colonel Auguste Denise Barry, un communiqué attribué au parquet militaire évoque comme raison de son interpellation, « des faits de présomption d’atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ce communiqué qui ne dit pas plus que ce qui était avancé par les médias, ne cesse d’enflammer la toile après, avoir été rendu public ce vendredi 5 janvier 2018.
En plus « des faits de présomption d’atteinte à la sûreté de l’Etat » évoqués, le communiqué signifie qu’ « une importante somme d’argent » a été saisie avec le colonel Barry, un des fidèles de l’ex-Premier ministre Yacouba Isaac Zida, en exil au Canada depuis janvier 2016.
« Wooooh! Ce sont toutes vos preuves comme ça ? », s’interroge Amidou Komi, un internaute qui souhaiterait savoir « qui a droit et qui n’a pas droit d’avoir des billets (de banque) chez lui ».
Pour Moussa Traoré, un autre internaute, « l’argent ne peut être pris comme preuve fiable pour justifier la cause de son inculpation ». Restant sur sa faim, M. Traoré conclut que cette affaire est l’œuvre des « politiques qui divertissent » la population « quand les revendications deviennent nombreuses ».
L’arrestation du colonel Barry n’est pas du goût de Dabone Yahava, comme il se fait appeler sur la toile. Pour lui, « tout ça c’est objectif 2020 », année de l’élection présidentielle au Burkina. Il affirme que c’est une manière de « balayer bien le chemin afin d’organiser un hold up électoral » en 2020.
« Une mascarade politique en jeu », poursuit dans la même sphère d’idée François Sama, pour qui « le ministre (Auguste Barry) est l’un des ministres que la plupart du peuple réclame ». C’est un « moyen pour le nuire ? », se demande-t-il.
Le Burkina la capitale du cinéma
Le Burkina Faso étant considéré comme la capitale du cinéma africain avec son Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), certaines personnes réagissant sur le communiqué attribué au parquet militaire, n’hésitent pas à assimiler cette affaire d’arrestation de l’ex-ministre de la Sécurité à un film.
« Enfin! le Fespaco reprend du service de sitôt », interjette Kiswendsida Médard Ouédraogo, se demandant « quel réalisateur a pu réaliser un film (affaire Auguste Barry) aussi incompréhensible ! Et quel est le scénariste qui a écrit ce scénario sans aucune concordance ». M. Ouédraogo attend néanmoins du « réalisateur et du scénariste », un film dont la fin « donne raison au brave comme dans les films chinois ».
Cet internaute qui parle de façon ironique, confie avoir pensé qu’ « avec la venue de la Télévision numérique terrestre (TNT) on ne nous servirait plus d’images qui neigent à la télé ».
« Tentative de déstabilisation avec un seul suspect!!!!, ça fait pitié », note un autre internaute qui se fait appelé Cheng Liang, se demandant, « à qui le tour ?».
Une affaire à « élucider »
Cette affaire est « trop floue », commente Philippe Zongo, qui se demande ce que le colonel Auguste Denise Barry « a posé concrètement comme acte de déstabilisation qui mérite qu’il soit incarcéré ». « Nous voulons que les choses soient élucidées en toute vérité et en toute transparence », a-t-il souhaité.
L’internaute Hamado Ouédraogo dit être « quand même perplexe comme beaucoup de Burkinabè », espérant qu’ « on ne confondra pas vitesse et précipitation », dans cette affaire.
Pour Boureima Diallo, « il ne faudrait pas que ce soit un complot d’Etat contre ce brillant militaire », appelant à faire « attention pour ne pas ôter l’armée de ses meilleurs éléments au temps de terrorisme ».
« Que tous les troubleurs de l’ordre publique soient mis au gnouf »
Si certaines personnes souhaitent avoir plus de raisons pour croire aux « faits de présomption d’atteinte à la sûreté de l’Etat » reprochés à l’ex-ministre de la Sécurité, Christophe Lankoandé quant à lui estime que, « ce qui est important est que tous les troubleurs de l’ordre publique soient mis au gnouf ». « Les gens attendent que l’irréparable se produise pour crier que les services de renseignements ne jouent pas leur rôle », déclare-t-il.
« Que ce qu’on lui reproche soit fondé ou pas, il prendra désormais conscience qu’on n’enferme pas ses semblables sans preuves établies, seulement pour son plaisir ou pour le plaisir des autres », a réagi Nostra Damus, qui cite une citation à caractère religieux : « Tu ne feras pas du tort à la veuve et à l’orphelin ou au faible, tu ne feras pas un faux témoignage contre l’innocent, …au risque de le payer cash sur terre ou dans l’au-delà ».
Par Daouda ZONGO