«Nous avons visité les toilettes de l’Eglise des Assemblées de Dieu Temple Shalom de Tampouy.
1- Toilettes en service: 1 point
2- Porte qui se ferme: 1 point
3- Présence d’eau: 1 point
4- Pas de savon: 0 point
4- Toilettes propres: 1 point
Total: 4/5».
Comme cette «maison de Dieu», beaucoup d’endroits fréquentés par le public ont reçu la visite inopinée d’hommes et femmes qui, selon des critères bien définis ont jugé positivement ou négativement, mais toujours objectivement, les toilettes construites pour permettre à leurs hôtes de «se soulager», comme on le dit trivialement. Que celui qui n’a jamais été pris par cette envie qui prévient rarement et devient insupportable quand elle n’est pas satisfaite, lève la main, pourrait-on dire en paraphrasant les Ecritures saintes. Conscient de ce péril fécal, Laurent Sédégo, ministre en charge de l’hydraulique à l’époque tirait déjà la sonnette d’alarme en faisant le constat catastrophique selon lequel «sur 100 Burkinabè un seul faisait ses besoins dans des conditions décentes». C’est le signe que désormais, les assaillants de la nature, en attendant d’être poursuivis devant les juridictions idoines et risquer les peines privatives de liberté ou pécuniaires comme au Bénin voisin ou ailleurs, répondront déjà de leur forfait ou de leur négligence devant l’opinion publique. «Formidable la police des toilettes»! Ainsi s’est extasié un internaute face cette initiative de veille sans complaisance des «Peut-être il faut aussi prendre en compte le critère de suffisance en nombre de toilettes, la disponibilité dans les lieux publics (maquis, Siao (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, NDLR), stades, cérémonies…) et la propreté notée sur 2», a suggéré l’homme pour apporter sa contribution à la noble œuvre de la vigie de Fasotoilettes.
«Nous venons de visiter les toilettes de l’Ecole privée Dayawende à Ouagadougou.
1- Toilettes en service: 1 point
2- Pas de porte: 0 point
3- Pas d’eau: 0 point
4- Pas de savon: 0 point
5- Toilettes assez propres: 1 point
Total: 2/5».
Les notes, dans certains cas sont en dessous de ce qu’on peut appeler la moyenne et nombre d’institutions qui devraient en principe servir de phare en la matière ont été épinglées avec des toilettes dont la propreté laissent à désirer, quand ce n’est pas l’inexistence de porte, l’absence d’eau, ou le manque de savon qui sont déplorés. «Très belle initiative», commente alors cet internaute qui relève que cela permet de se «rendre compte que la politique d’hygiène et assainissement mises en place au Faso n’est qu’une farce». Cependant, le tableau est loin d’être totalement sombre. Florilège:
«Nous avons visité les toilettes du maquis resto DOUNIA à Ouagadougou.
Toilettes moyennement propres.
Il y a la porte pour sécuriser les usagers et préserver leur intimité.
L’ eau et le savon sont disponibles pour se laver les mains après le besoin.
Note: 5/5»
«Nous avons visité les toilettes du siège de UBA à Ouagadougou.
Toilettes très propres.
Il y a la porte pour sécuriser les usagers et préserver leur intimité.
L’eau et savon sont disponibles pour se laver les mains après le besoin.
Note: 5/5».
Les toilettes du maquis resto Dounia et du siège de la banque UBA à Ouagadougou ne sont pas des cas isolés, car bien d’autres structures étatiques ou privées ont eu le privilège de faire le plein de points grâce à la bonne présentation de leurs «petit coin». Comme quoi, construire des toilettes et veiller à leur entretien ne relève pas d’un exploit, mais simplement du bon sens vu l’utilité de ces endroits fréquentés la plupart du temps toute affaire cessante.
En tout cas, Fasotoilettes, soudée à sa devise, «la dignité des Burkinabè par les Burkinabè» veille au grain. Cet ambitieux chantier, en rappel, est initié par IRC Burkina et ses partenaires du ministère en charge de l’Assainissement et des ONGs Water Aid et Eau vive Internationale, pour amener les Burkinabè de la ville et des milieux ruraux à se doter et offrir des toilettes à leurs proches. Dès son lancement officiel le 23 janvier 2017 par Sika Kaboré, épouse du président du Faso et marraine de la campagne, Fasotoilettes a fait sien le challenge de contribuer à l’éradication de la défécation à l’air libre. Le combat pour un environnement sain débarrassé des maladies d’origine fécale et pour le respect de la dignité humaine est certes loin d’être gagné pour l’instant, mais les perspectives sont encourageantes. Les habitudes sont bousculées et les mauvaises pratiques traquées dans leurs derniers retranchements par les soldats de Fasotoilettes.
Par Wakat Séra