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Assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon: 10 ans, et le brouillard ne désépaissit pas!

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A quand la lumière totale sur la disparition de Ghislaine Dupont et Claude Verlon? (Ph. rfi.fr)

Ils venaient de finir un de ces entretiens dont raffolent les consommateurs toujours plus assoiffés d’infos, quand ils ont été kidnappés et refroidis presque dans la foulée, par des hommes sans foi ni loi, des combattants du groupe djihadiste al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce 2 novembre 2013, est devenu, du coup, noir pour «la radio mondiale», dont des journalistes tenaient pourtant dans la boîte, l’interview d’un leader du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qu’ils venaient de rencontrer à son domicile de Kidal. 10 ans déjà!

10 ans déjà! Et l’épais brouillard qui enveloppe les identités des auteurs et commanditaires de l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, puisque c’est de ces deux journalistes émérites qu’il s’agit, ne se dissipe que parcimonieusement. Ce flou qui semble arranger certains, raison d’Etat oblige, est encore bien entretenu, comme pour empêcher la lumière d’éclater sur les mobiles de ce double crime ignoble et ouvrir les portes d’un procès en bonne et due forme. Car les bourreaux de service et le ou les donneurs d’ordre, doivent être punis à la hauteur de leur ignominie.

Ironie du sort, le triste anniversaire de cet assassinat est commémoré deux jours après le départ de Kidal, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali. Kidal, la région rougie par le sang de nos confrères! Pourtant, la Minusma constituait peut-être, l’un des derniers espoirs de respect des droits de l’homme dans ce Mali qui l’a décrétée non grata. Surtout que, de par la volonté des maîtres de Bamako depuis les coups d’Etat d’août 2020 et de mai 2021, plus aucune relation diplomatique, donc strictement plus de coopération judiciaire, ne lie encore la France et le Mali. Toute chose qui a porté un coup supplémentaire au dossier en souffrance. Pourtant, des pistes de complicité conduisent encore vers le Mali, et même l’Algérie qui, elle non plus, n’a plus de coopération judiciaire avec Paris.

Les choses se sont donc sérieusement compliquées pour la justice française qui avance, mais pas, visiblement, à pas de géant! La faute à des conversations téléphoniques sorties d’appareils qui ont mis du temps à parler à cause, de la réticence d’opérateur Malitel à fournir les fameuses fadettes qui devraient faire avancer l’enquête. Sans oublier ces zones d’ombre que sont des révélations hors-micro d’autorités françaises, dont le président à l’époque, François Hollande, qui ne figurent pas au dossier, la présence d’un mystérieux hélicoptère français qui aurait pris en chasse les kidnappeurs des journalistes mais qui a disparu des radars des enquêteurs, l’envoi ad patres de certains terroristes qui auraient pu être utiles pour les investigations, des documents «secret défense» déclassifiés mais largement amputés de leur quintessence, donc devenus inexploitables, etc.

Justice sera-t-elle faite un jour? Portant, il le faut afin qu’un deuil digne de leur sacrifice pour le droit à l’information de leurs semblables, soit fait pour Ghislaine et Claude. Ils sont des confrères qui ont laissé un vide difficile à combler dans leurs familles biologiques et professionnelles, mais aussi dans le coeur des auditeurs, et surtout auprès de tous ces hommes et femmes épris de justice qui militent pour la vérité sur ces exécutions où la barbarie le dispute à la sottise humaine. Quelques éclaircies et puis c’est tout! Cependant, même si seulement un assassin présumés et un commanditaire du double crime seraient encore de ce monde, il n’en demeure pas moins que l’espoir de voir un jour cette affaire aboutir existera toujours.

Mais pour l’instant, ce qui est bien vivant, c’est la mémoire des deux journalistes qui est honorée par diverses actions, dont des bourses en leurs noms, au profit de jeunes journalistes d’investigation. En tout cas, comme ailleurs et ici au Burkina où Norbert Zongo a payé de sa vie, le 13 décembre 1998, son audace à écrire sur des dérives du pouvoir, ce sont les journalistes qui paient le plus lourd tribut dans des guerres et les frasques des roitelets au pouvoir et de leurs zélateurs!

Par Wakat Séra