Accueil A la une Assassinats de journalistes: le Cameroun prend du galon!

Assassinats de journalistes: le Cameroun prend du galon!

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Le journaliste Anye Nde Nsoh tué à Bamenda au Cameroun

Mort atroce de Martinez Zogo en janvier dernier. Le corps du patron d’Amplitude FM a été retrouvé sauvagement mutilé après l’enlèvement du journaliste qui était loin d’être tendre avec des pontes du régime de l’inusable Paul Biya. Les Camerounais, et la famille biologique et professionnelle de Arsène Salomon Mbani Zogo, c’est le vrai nom du poils à gratter des voleurs à col blanc qui mettent en danger le bien public camerounais, n’ont même pas encore fait son deuil que quelques jours après, disparaissait, dans des conditions encore brumeuses, toujours à Yaoundé, l’homme de radio Jean Jacques Ola Bébé.

Comme une malédiction, ou plutôt un acharnement sans limite contre la profession, notre confrère de l’hebdomadaire The Advocate, Anye Nde Nsoh, a été tué par balles, ce dimanche, attaqué par plusieurs hommes armés. Le rythme des ces assassinats de journalistes, soit trois en cinq mois, est non seulement effréné, mais simplement inquiétant. Et c’est en toute logique, et surtout la peur au ventre dans l’exercice dangereux de leur métier, que les journalistes camerounais, individuellement ou réunis en organisation, comme ceux rassemblés sous la bannière du Camasej, le syndicat des journalistes anglophones, dénoncent un crime crapuleux et exige que toute la lumière soit faite et la justice rendue.

Si la justice n’est pas encre faite, tout comme elle se hâte très lentement pour élucider et punir les meurtres de nos confrères, ceux qui revendiquent la tuerie de Anye Nde Nsoh à Bamenda, évoquent une erreur sur la personne. La cible visée à l’origine, selon les assassins du journaliste, les Forces de défense de l’Ambazonie, l’un de ces mouvements séparatistes du nord-ouest anglophone du Cameroun, n’était pas le journaliste de The Advocate.

Toute chose qui renforce les risques  que courent les journalistes qui, en plus de servir de souffre-douleur aux politiciens et leurs «dévoués indécrottables», sont, maintenant exposés, en permanence, dans une guerre civile camerounaise qu’ils combattent, prônant la pays entre anglophones et francophones. D’où la nécessité de mettre fin à cette guerre fratricide qui, en plus de mettre la cohésion nationale du Cameroun à mal, décime ses populations et fait de nombreuses victimes innocentes.

Le Cameroun qui vient de réaliser un hat trick magistral, non pas sur le terrain de football où les Lions Indomptables sont de plus en plus…domptés, mais dans l’assassinat des journalistes qui, pourtant, ne demandent qu’à informer leurs concitoyens, ne détient pas l’apanage de la prédation de la liberté de la presse. Bien des pays sous les tropiques ont vu leurs efforts anéantis en matière de la défense et la protection des journalistes qui sont, au grand dam de la plupart des dirigeants, des empêcheurs de mal gouverner en rond. Plus près de nous en Afrique de l’ouest, les organes de presse locaux qui refusent d’être l’écho de ceux qui nous gouvernent font l’objet de toutes sortes de persécutions tandis que les médias internationaux, accusés, à tort ou à raison, de faire le jeu de «l’ennemi», sont simplement chassés du territoire national, sans autre forme de procès.

Et les journalistes, comme Feu Norbert Zongo, mort calciné un certain 13 novembre au Burkina Faso alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur du frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré, ou Ghislaine Dupont et Claude Verlon de RFI, tués dans le sable chaud de Kidal alors qu’ils étaient à la recherche de l’info pour leurs semblables, ils sont nombreux, aujourd’hui, les confrères et consoeurs qui sont menacés de mort ou de prison, sacrifiés sur l’autel de la liberté d’expression.

«Journalistes incarcérés…Journalistes assassinés…Les voix des sans voix tuées. Tout ça doit changer…», comme l’a chanté le célèbre reggae-maker ivoirien, Alpha Blondy!

Par Wakat Séra