Alors qu’il commémorait le 61è anniversaire de son accession à la souveraineté internationale le Burkina Faso a été, une fois de plus, endeuillé par les fameux hommes armés non identifiés (Hani). Ce sont plusieurs localités de la province de l’Oudalan, dans la zone frontalière avec le Niger voisin, qui ont été la cible de ces individus sans foi ni loi qui terrorisent les paisibles populations civiles et constituent un véritable cauchemar pour les Forces de défense et de sécurité (FDS). Accourus pour porter secours aux habitants de Dambam, Gudba et Tokabangou, les éléments de l’unité des FDS du détachement militaire de Markoye, sont tombés dans un traquenard savamment monté. Comptabilité macabre de l’attaque de ce mercredi 4 août, 11 civils tués et 15 soldats et quatre Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), morts dans des combats âpres, selon une source. Une dizaine d’assaillants ont été neutralisés dans les échanges de tirs nourris. Le triste et lourd bilan est complété par le bétail emporté par les groupes armés qui ont également mis le feu à plusieurs concessions.
Si l’heure est au deuil, elle n’en n’est pas moins propice aux interrogations. Ces hommes armés sont-ils des cellules latentes de terroristes, comme on le constate de plus en plus, dans des villages où ils vivent, jour et nuit avec les populations? Sont-ils venus d’ailleurs pour mener ces frappes furtives, lâches et meurtrières dont ils sont coutumiers, avec toujours une avance sur des FDS, presque toujours surprises? Les civils étaient-ils la cible principale ou ont-ils juste servi d’appât pour attirer les soldats et les VDP, ces supplétifs recrutés et formés en toute hâte pour renforcer la lutte contre le terrorisme mais sont devenus de véritables chaires à canon? L’armée burkinabè a-t-elle un service de renseignement digne de ce nom dans cette lutte contre le terrorisme où elle est contrainte de toujours se défendre, souvent au prix fort de pertes en vies humaines, alors qu’il est reconnu que la meilleure défense c’est l’attaque?
En attendant que des réponses adéquates soient apportées à ce questionnement, pour éviter l’hécatombe sans fin, et aux civils et aux soldats, se pose la plus cruciale des interrogations: à défaut de pouvoir les vaincre, faut-il négocier officiellement avec les terroristes pour avoir la paix? En tout cas, des villages et certaines communautés n’en sont plus à ce doute, ayant engagé, depuis belle lurette, des pourparlers avec les hommes armés non identifiés. Preuve que ceux-ci sont donc connus!
Comme le meilleur est toujours pour la fin, et malgré la grisaille des attaques terroristes qui sont de plus en plus l’œuvre de vulgaires bandits, le Burkina Faso avait aussi une source de grande joie venue de Tokyo. En effet, le triple sauteur burkinabè, Hugues Fabrice Zango, qui portait sur ses frêles épaules l’espoir de toute une nation, a offert à son pays, sa première médaille olympique, depuis 66 ans. Le jeune athlète de 28 ans, a réalisé, le 5 août 2021, un saut de 17,47 m et est donc monté sur la troisième marche du podium de cette discipline, dont il détient le record du monde masculin en salle, avec un exploit de 18,07 m. Cette fois-ci, avec son exploit à Tokyo 2020, le Burkinabè a fait plus que participer, selon la formule célèbre du père des JO modernes, le Français Pierre de Coubertin. Il a terminé troisième derrière le Chinois Zhu, qui a réalisé un saut de 17,57 m et le Portugais Pichardo Pédro qui a décroché l’or avec 17, 98 m.
Pour Hugues Fabrice Zango qui a fait veiller tous les Burkinabè, ce jeudi 5 août, jour de fête de l’indépendance, l’essentiel n’était pas de participer, mais de gagner. Certes, il ne ramène pas à Ouagadougou l’or qu’il était allé chercher dans la capitale nipponne, mais il revient de l’aventure exaltante, avec du bronze. Un bronze aussi lourd que l’or, symbolique à plus d’un titre, car obtenu le jour de l’indépendance de son pays le Burkina, et qui a mis du baume au cœur de ses compatriotes inconsolables, encore sous le choc de l’attaque armée meurtrière du 4 août dans la province de l’Ouadalan. Le Burkina qui pleure, le Burkina qui rit! Et ainsi va la vie…
Par Wakat Séra