Réagissant à l’attaque de Koutougou qui a fait 24 morts dans les rangs des Forces armées nationales burkinabè, Yacouba Isaac Zida, ancien premier ministre sous la Transition, qui parle lui de 30 tués côté armée du Burkina, exprime sa douleur et sa colère, au regard des nombreux morts du fait de la situation sécuritaire. Il s’interroge alors sur la « capacité politique et militaire du Burkina à faire face au péril terroriste ».
Cher amis, chers compatriotes,
Le Lundi 19 Août dernier l’armée nationale a été amputée par la tuerie de 30 de ses soldats par un assaut meurtrier sur le détachement militaire de Koutougou dans la province du Soum. Avec cette énième attaque perpétrée sur notre territoire qui me déchire le cœur, je présente mes sincères condoléances aux familles des disparus et à l’ensemble de l’armée et de la nation. Les mots ne suffisent pas à exprimer ma douleur, ma colère …
Loin de moi l’idée de profiter de cette occasion, pour faire ce qu’on pourrait appeler communément de la «politique politicienne», le moment et l’heure seraient évidemment très mal choisis. Toutefois c’est le lieu ici de m’indigner face à la situation critique que traverse notre pays. Cette attaque à Koutougou et toutes les nombreuses autres exactions qui ont eu lieu depuis plusieurs années doivent nous amener à nous interroger sérieusement sur la capacité politique et militaire du Burkina à faire face au péril terroriste.
Oui, la sécurité de notre territoire est la question centrale qui doit nous préoccuper. Peu importe qui gouverne aujourd’hui ou gouvernera demain le Burkina, il est impératif que cela se passe dans un pays sécurisé et un climat de paix. En effet, la sécurité est la pierre angulaire de toute société qui aspire à une stabilité sociale et économique. La situation du Burkina malheureusement est plus que préoccupante car comme le déclarait Mme Metsi Makhetha Makhetha la coordinatrice résidente des Nations Unies au pays des hommes intègres ce 24 juin dernier: «Le Burkina Faso souffre d’une crise humanitaire sans précédent à cause de l’insécurité…
De par ses impacts, cette situation risque de retarder la marche du pays vers ses objectifs de développement et de paix durable. Elle fragilise la cohésion sociale et elle a occasionné le déplacement de milliers de familles, provoquant une situation d’urgence humanitaire que le pays n’avait jamais connue. Le nombre de personnes déplacées a triplé, passant de 50 000 en début de l’année 2019 a plus de 170 000 actuellement.» Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme Alimentaire Mondial de renchérir à propos de cette crise humanitaire: «En raison de l’insécurité croissante, le Burkina Faso a pour l’instant énormément de déplacés, cinq fois plus qu’en 2018. Cela fait 240 000 personnes qui ont fui leur foyer. Et cette insécurité a également entraîné toutes ces fermetures d’écoles et de centres de santé».
La conclusion qui découle de ces déclarations, est sans équivoque, que notre nation cours inéluctablement à sa perte si rien n’est fait immédiatement. Il nous appartient à tous d’exiger que nos gouvernants actuels mettent en priorité la question de la sécurité afin que tous les citoyens du Burkina sans distinction vivent en paix chez eux. Il n’est plus seulement l’affaire de l’opposition politique mais la responsabilité de toute la nation de dénoncer le laxisme et l’incompétence de ceux qui ont fait le serment de servir le Burkina, de protéger les Burkinabè par tous les moyens.
Avec une armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes ce gouvernement n’arrive pas à venir à bout de simples aventuriers égarés!? Comment le peuple burkinabè peut-il comprendre cela? Nous ne voulons pas d’un pays qui demain sera un territoire ravagé par des forces obscurantistes et nous appelons donc chaque citoyen à son niveau à œuvrer pour non seulement assurer la cohésion sociale et également rappeler aux gouvernants actuels qu’il s’agit de leur responsabilité d’assurer cette sécurité en déployant tous les moyens humains et matériels qu’il faut pour que les forces de défense soient en mesure d’éradiquer la menace terroriste. Nous ne voulons pas continuer à compter les morts parmi les civils et les FDS.
Il faut que cela s’arrête quel que soit le prix à payer. En démocratie, le peuple n’est pas au service du pouvoir mais au contraire c’est le pouvoir qui est au service du peuple et c’est le lieu de le rappeler haut et fort.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso!
SEM YACOUVA ISAAC ZIDA