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Attaque de la poudrière de Yimdi : le sergent Sanou dit avoir risqué sa vie et celle de ses camarades pour sauver le Burkina

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Militaire burkinabè (photo d'illustration)

L’attaque de la poudrière de Yimdi à la sortie Ouest de Ouagadougou dans la nuit du 21 au 22 janvier 2016, a été exécutée avec « professionnalisme », selon le présumé chef des présumés assaillants, le sergent-chef Aly Sanou devant le tribunal à l’occasion de son interrogatoire, samedi 1er avril 2017, dans le cadre de leur procès qui a débuté le mardi 28 mars 2017.

« Mes hommes ont fait l’attaque avec professionnalisme. Ils ont suivi mes ordres. Personne d’entre nous n’a tiré ce jour », a dit le sergent-chef Sanou, un militaire de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle.

Selon lui le coup de feu entendu le jour de l’attaque de la poudrière, a été l’oeuvre d’un des éléments de garde sous les ordres du chef de poste. Et c’est après ce coup de feu que des éléments de garde criaient et courraient un peu partout.

« C’est de la Côte d’Ivoire que j’ai eu des informations que Zida (l’ex-Premier ministre de la transition) voulait faire un coup d’État (aux nouvelles autorités) et qu’il allait éliminer les généraux Gilbert Diendiéré et Djibrill Bassolé et le président de l’Assemblée nationale (Salifou Diallo) », a confié le sergent-chef Aly Sanou qui soutient qu’il a « risqué » sa vie et celle de ses camarades en vue de « sauver » le Burkina.

Le sergent-chef Sanou qui affirme avoir « quitté le pays le 29 septembre 2015, après avoir reçu des menaces » sur sa vie, dit avoir convaincu ses camarades qui étaient en Côte d’Ivoire de rentrer au pays, en touchant les points sensibles de tout un chacun.

Selon lui, personne d’entre ses camarades ne savait ce qu’il voulait faire. « J’étais le seul à savoir ce que j’avais en tête », a-t-il confié.

Arrivé à Ouagadougou, « j’ai cherché à constituer un groupe » pour l’attaque, a poursuivi le sergent-chef Aly Sanou.

Il affirme avoir pu réunir un groupe de militaires de l’ex-RSP composé de deux équipes à qui il avait attribué la même mission qui consistait à « neutraliser les sentinelles sans coup de feu, sans agression ».

« Je suis arrivé au camp (dépôt d’armes de Yimdi) après que l’équipe du sergent Ollo Poda a déjà neutralisé les sentinelles », a affirmé le sergent-chef Sanou.

Il note qu’il a su que le but qu’il poursuivait ne pouvait pas aboutir car il n’a pas vu dans le magasin ce qu’il cherchait (des armes RPG7). C’est ainsi qu’il a demandé à ce que le groupe replie.

« Les gardes ligotés, nous ne pouvions pas laisser leurs armes car des armes laissées comme ça peuvent créer des préjudices. J’ai donc donné l’ordre de les ramasser et que je sais comment les restituer après », a-t-il expliqué.

Le sergent-chef Aly Sanou qui a comme avocat Me Bruno Ouattara est poursuivi de « complot militaire, désertion à l’étranger en temps de paix, détention illégale d’armes et de munitions, violences et voies de faits sans ITT (Incapacité totale de travailler), vol aggravé ».

Selon Me Ouattara, son client assume et « est serein », confiant qu’ils « risquent » fort bien d’aller devant le Conseil Constitutionnel.

Dès l’entame de son interrogatoire, le sergent-chef Aly Sanou, à la barre, a tenu à s’incliner devant la mémoire des victimes du coup d’État du 16 septembre 2015 et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.

Il a demandé pardon à ses camarades qu’il a entraînés dans cette affaire d’attaque de la poudrière de Yimdi.

Après l’attaque de Yimdi, le sergent Aly Sanou a cherché à repartir en Côte d’Ivoire en passant par Léo (Est du Burkina), mais dans sa progression il a été arrêté par des éléments de Koglwéogo.

« J’ignorais l’existence de Koglwéogo. A Léo je cherchais quelqu’un et on m’a dirigé chez un boutiquier. Arrivé, j’ai demandé après la personne, le boutiquier m’a dit qu’il ne la connait pas et ça a coïncidé avec l’arrivée des éléments de Koglweogo qui m’ont demandé si je cherchais quelqu’un. J’ai dit oui et j’ai donné le nom de la personne et mon nom en leur montrant mon passeport et ils m’ont dit de m’asseoir sur le banc. Et comme j’étais très fatigué je ne faisais plus attention. C’est après que j’ai vu un gendarme devant moi qui tenait une kalachnikov », a-t-il narré.

Comme le sergent-chef Aly Sanou, 21 de ses camarades accusés des mêmes faits ont aussi été à la barre pour leur interrogatoire qui a débuté le mardi 28 mars 2017, au tribunal militaire burkinabè.

Les audiences se poursuivront lundi 3 avril 2017 avec l’audition des témoins et par la suite avec les plaidoiries.

Daouda ZONGO