Des populations de la région du Sahel ont organisé le samedi 12 juin 2021, une marche pour exprimer leur mécontentement face aux attaques terroristes auxquelles fait face leur région. Les manifestants, en majorité des jeunes, partis du rond-point Arba Diallo, se sont rendus au Gouvernorat du Sahel pour transmettre leur plateforme revendicative au gouverneur de la région. Plusieurs organisations ont pris part à cette manifestation de protestation dont le mouvement U Gulmu-Fi venu de la région de l’Est, l’ODJ, l’Association voix des peuples du Sahel.
Après l’attaque de Solhan dans la nuit du 4 au 5 juin 2021 dans la province du Yagha, qui a provoqué la mort de 132 personnes selon les chiffres officiels, les habitants de la région du Sahel se sont fortement mobilisés pour protester contre «l’indifférence des autorités face à la souffrance qu’endure la population» du fait des attaques terroristes.
Ils ont dénoncé des mesures «restrictives» prises par le Gouvernement qui n’ont pourtant pas permis d’endiguer l’hydre terroriste. «Des mesures restrictives ont été mises en place mais rien n’a bougé, les terroristes continuent d’attaquer même en plein jour», a déploré le porte-parole du Conseil régional de la jeunesse du Sahel, Abdoulaye Hoeffi Dicko qui a pris en exemple le couvre-feu. Les contestataires ont demandé la levée de ces mesures «qui ne servent qu’à ruiner les populations».
Pour Abdoulaye Hoeffi Dicko, l’objectif c’est d’exprimer le ras-le bol des populations pour dire qu’elles ont longtemps subi, «parce que la région est la plus en proie aux attaques depuis 2015». Les marcheurs ont déploré l’absence de l’Etat dans plusieurs communes de la région et ont demandé à ce qu’il soit plus à leurs côtés. «Nous avons besoin de l’Etat à nos côtés. Il y a des communes qui n’ont pas vu un administrateur de l’Etat depuis plusieurs années», a regretté le président du Conseil régional de la jeunesse du Sahel, Ali Bokoum qui a déploré la situation des enfants qui ne jouissent plus de leur droit à l’éducation du fait de l’insécurité.
Pour lui, cette situation constitue un énorme risque pour les populations. «Lorsqu’un enfant n’est pas éduqué, alphabétisé, c’est un risque que l’Etat prend, aujourd’hui, nous avons plusieurs milliers d’enfants qui ne vont plus à l’école, dans 10 ou 15 ans ces enfants seront ici un problème », a-t-il prévenu.
Rassemblés au rond-point Arba Diallo, les manifestants se sont déplacés sur le Gouvernorat de la région du Sahel où ils ont transmis leur plateforme revendicative. Ils brandissaient des banderoles sur lesquelles étaient écrites des phrases telles que «Solhan, la honte du gouvernement burkinabè » ou encore « la vie est un droit ». D’autres phrases réclamaient la démission du ministre en charge de la Défense : « On ne confie pas la défense nationale à un amateur. Shérif Sy dégage ».
Les contestataires ont aussi demandé aux autorités d’œuvrer à réinstaurer la sécurité et la paix dans la région afin de leur permettre de jouir de leurs droits à l’éducation, à la santé, à la sécurité, à l’emploi. Ils ont confié que la lutte continuait et qu’ils allaient attendre une réponse dans les meilleurs délais et pour s’aviser. «Si cette réponse tarde, nous allons entreprendre d’autres démarches», a mis en garde le président du Conseil régional de la jeunesse du Sahel, Ali Bokoum.
Siaka CISSE (Stagiaire)