Deux militaires tués et au moins six autres blessés, contre un assaillant resté sur le carreau. C’est la triste comptabilité qui a soldé l’attaque djihadiste, non encore revendiquée, qui a frappé, dans la nuit de mercredi à jeudi 2 décembre, un détachement de l’armée béninoise, à 650 km, au nord-ouest de Cotonou, la capitale du Bénin. C’était non loin du parc de la Pendjari, réserve naturelle dont l’évocation ressuscite les souvenirs encore vivaces dans la mémoire des Béninois, de la mort de leur compatriote, Fiacre Gbédji, qui servait de guide à des «touristes» étrangers.
Après l’enlèvement, le 1er mai 2019 de deux Français, une Sud-Coréenne et un Américain, le corps du guide béninois avait été découvert le 4 mai, dans un état très abimé. Et c’est en territoire voisin du Burkina Faso, qu’ils essayaient de traverser, sans doute pour atteindre le Mali, que les terroristes ont été neutralisés par les soldats français qui, au prix du sacrifice de deux des leurs, ont pu libérer les quatre otages. C’est encore non loin de la frontière du Burkina Faso, dans la région béninoise de Porga, que les terroristes ont commis, ce 1er décembre, leur acte, lâche et immonde, qui a envoyé ad patres, les deux vaillants soldats béninois.
C’est encore du Burkina, où les assauts meurtriers, qu’ils portent le sceau sanglant des djihadistes ou la marque de vils «hommes armés non identifiés», déciment les troupes burkinabè et sèment larmes et désolation au sein des populations civiles, que seraient partis des hommes armés, identifiés comme des terroristes, pour mener contre le Togo, le premier assaut terroriste qui, dans la nuit du 9 au 10 novembre, a touché ce pays, dans sa partie nord, plus précisément la localité de Sanloaga, dans le Kpendjal. C’est donc une évidence que l’hydre terroriste ne veut plus se contenter du Sahel où, malgré les coups mortels qui lui sont portés sans répit par les armées locales et la Force française Barkhane, elle se reconstitue aussitôt après une ou plusieurs têtes tranchées. Désormais, elle voyage à travers les frontières poreuses du golfe de Guinée, sans doute en attendant d’essaimer plus loin, si affinités.
La Côte d’Ivoire, elle, avait connu réellement son baptême du feu avec la fusillade de la cité balnéaire de Grand-Bassam, le 13 mars 2016 qui a fait 16 morts. S’en sont suivies d’autres attaques, dont celles successives de Kafolo, avec pour la première, le lourd bilan d’une dizaine de soldats de l’armée ivoirienne tués. Si le Nigeria se démène toujours avec impuissance contre la nébuleuse Boko Haram, le Ghana lui se prépare à faire face au fléau du terrorisme dont des cellules sont présentes dans le sud du Burkina qui fait frontière avec l’ancienne Gold Coast. C’est avec cette recette préventive, qu’en plus de sa police qui se dit prête à affronter le danger, une quarantaine de soldats des unités d’élite du Ghana ont été aguerris au combat urbain, dans une formation assurée par les Eléments français stationnés au Sénégal (EFS).
Après donc la Côte d’Ivoire et le Bénin qui sont désormais dans l’œil du cyclone terroriste, à l’instar des pays sahéliens et du Nigeria, à qui le tour prochainement? La question redevient d’actualité, après que le chef du renseignement intérieur français, Bernard Emié, a tiré la sonnette d’alarme, depuis ce 1er février sur l’expansion du terrorisme dans le Golfe de Guinée. Si l’adage bien connu le dit sans ambages, qu’«il vaut mieux prévenir que guérir», quelle dispositif efficace a-t-il, alors, été mis en place pour répondre au danger? Mieux, maintenant que le ver, pour ne pas dire le terroriste, est dans le fruit, que faire immédiatement, sur le plan militaire et du développement, pour l’en extirper, alors que l’extrémisme violent continue de prospérer, tout comme les crises socio-politiques et la montée du sentiment anti-occidental, toutes choses qui servent de terreau au terrorisme?
Par Wakat Séra