Accueil A la une Attaques au Burkina: d’où viennent donc ces hommes armés jamais identifiés?

Attaques au Burkina: d’où viennent donc ces hommes armés jamais identifiés?

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Une lutte sans fin doit être maintenue contre le terrorisme dans le Sahel (Photo d'illustration)

Une trentaine de morts, dont le chef du village et plusieurs membres de sa famille et deux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des boutiques saccagées, le centre de santé vandalisé et pillé, le dépôt pharmaceutique mis à sac, le bétail emporté, des cases et greniers brûlés, des agents de santé sommés de quitter les lieux, et des habitants en fuite, contraints d’abandonner leurs terres et autres biens pour aller grossir le flot incessant des exilés dans leur propre pays. C’est le visage chaotique que présente, depuis ce 3 mai, après le passage d’au moins 300 hommes armés non identifiés, Kodyel, un hameau de culture, implanté dans le département de Foutouri, à environ 145 km de Fada Ngourma, dans l’est du Burkina. Loin d’être un fait nouveau, cette énième attaque, non revendiquée, mais attribuée aux terroristes, compte tenu du modus operandi, vient rappeler la régularité avec laquelle ces «hommes armés non identifiés» (HANI) écument le Sahel, du Burkina Faso au Tchad, en passant par le Niger et le Mali, endeuillant les Forces de défense et de sécurité (FDS), et désormais, davantage, les populations civiles.

Plus inquiétant est sans doute le grand nombre de ces HANI dans leurs expéditions meurtrières, auquel il faut ajouter l’aisance avec laquelle ils opèrent dans des villages où les habitants sont comme livrés à eux-mêmes. L’Etat, n’existe pratiquement plus dans ces contrées où les civils ne savent plus à quel saint protecteur se vouer. Les VDPs, depuis leur entrée sur le théâtre des affrontements avec les terroristes, se battent certes aux côtés, ou en l’absence des FDS, mais, visiblement, peuvent peu. Les seules véritables armes dont ils disposent, c’est le courage et le patriotisme. Malheureusement, il en faut bien plus dans cette guerre asymétrique que leur imposent des forces du mal, constamment assoiffées de sang et animées de la volonté inégalée, de ne laisser derrière elles, que ruines et désolation. En tout cas, ces volontaires civils formés, en un laps de temps, au maniement des armes, vivent un véritable cauchemar, même s’ils réussissent à mettre hors d’état de nuire, quelques assaillants. Leur présence dans certains villages semble attirer plus de terroristes qu’elle en éloigne. Depuis leur installation en janvier de l’année dernière, ce sont, pas moins de 200 VDPs qui ont déjà été tués, par les fameux hommes armés non identifiés.

Mais qui sont réellement ces hommes armés qui ne sont jamais identifiés et qui tuent au nez à la barbe de FDS et de populations désemparées? Sont-ils autant non identifiables, dans des villages où chacun connaît l’autre? Le service de renseignement de l’armée nationale est-il défaillant au point de ne pouvoir localiser ces assaillants qui se déplacent en colonnes de moto, lourdement armés et occupent des villages pendant des heures? Les hommes armés non identifiés viennent-ils d’ailleurs ou sont-ils constitués en cellules latentes, jouissant de protection, passive ou forcée, des populations au sein desquelles ils vivent? Ou alors, bénéficient-ils d’une complicité à des niveaux insoupçonnés, ce qui leur donne toujours une longueur d’avance sur les vaillants FDS et VDPs? Autant d’interrogations auxquelles des réponses appropriées constitueront, sans doute, un pas de géant vers la victoire sur les «hommes armés non identifiés».

Pour l’heure, le casse-tête est géant et la peur généralisée dans ces villages et villes où les «hommes armés non identifiés» font la loi.

Par Wakat Séra