La nuit de ce jeudi 30 janvier a été des plus difficiles pour les habitants de Bonkounda, village situé dans la province du Sourou, à 90 km de Tougan, à la frontière du Burkina Faso avec le Mali. L’enfer a ouvert ses portes pour les gens de Bonkounda qui s’étaient, sans doute, souhaité une paisible nuit, lorsqu’aux environs de 18h des hommes armés non identifiés sont rentrés dans le village. La suite de l’horreur est racontée par notre source, inconsolable: «Ils ont trouvé que les gens ne dormaient pas. Moi, mon papa avait voyagé le matin et maman était sortie de la maison, et quand ils ont commencé à tirer elle a trouvé refuge chez une grande mère. Ils ont brûlé les greniers de mil et sont rentrés dans les maisons. Ils ont tout brûlé sur leur passage et tiré sur tout ce qui bouge. C’est ainsi que deux de mes nièces ont été tuées et qu’un neveu a reçu une balle dans le pied». Le bilan provisoire fait état d’une dizaine de morts dont cinq brûlés vifs. Il faut noter que, toujours selon notre source, l’imam du coin fait partie des victimes. Dans un sauve-qui-peut indescriptible, a relaté notre interlocutrice, «ceux qui ont eu la vie sauve sont restés cachés dans leur coin, mais depuis lors, le village s’est progressivement vidé de ses habitants. Ma famille ramasse ce qui lui reste pour partir». A l’instar d’autres localités qui ont subi la même furie des individus sans foi ni loi, Bonkounda a donc été abandonné par les siens, qui ne se soucient que d’une chose: s’éloigner le plus loin possible l’enfer.
Par Wakat Séra