Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, « détient de précieuses informations sur (les) terroristes » qu’il a reçus au début de son mandat à son Palais à Kosyam, selon l’opposant Me Gilbert Noël Ouédraogo. Le président de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) qui a co-animé avec Amadou Diemdioda Dicko, quatrième vice-Président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ce point de presse au siège du Chef de file de l’opposition (CFOP), demande au chef de l’Etat, « premier citoyen burkinabè, de collaborer pour que l’on mette la main sur des terroristes » qui endeuillent les militaires et civils.
L’Opposition politique a animé ce mardi 5 mars 2019, à Ouagadougou, une conférence de presse pour échanger avec les journalistes sur la gestion de la crise sécuritaire au Burkina Faso, la question des réfugiés internes, le mouvement d’humeur de la Police nationale et la politisation du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) et du 08-Mars.
Sur le premier point, les conférenciers ont rappelé les aveux du président du Faso lors de son interview accordée le 21 février dernier à la Deutsche Welle, une chaîne allemande, sur les leaders des terroristes. Christian Kaboré « détient de précieuses informations sur (les) terroristes » qu’il a reçus à son Palais à Kosyam. En effet, « puisque des terroristes ont séjourné quelque part au Burkina Faso, qu’ils ont ensuite été reçus avec honneur à Kosyam, et qu’ils sont repartis paisiblement comme ils étaient venus, l’Opposition estime que Roch Marc Christian Kaboré détient de précieuses informations sur ces terroristes (puisque) tous ceux qui formulent des demandes d’audience au Palais présidentiel fournissent des détails sur leurs identités (noms, prénoms, contacts téléphoniques, lieux de résidence, objet de la visite, etc.) et sont peut-être filmés par des caméras de surveillance ».
Se basant sur tout cela, les conférenciers disent que le « président Roch Kaboré qui a commis la grave erreur de s’asseoir avec des responsables terroristes et de les laisser repartir, peut se rattraper ». L’opposition souhaite qu’« il publie la liste nominative de ces leaders terroristes, avec leurs photos à l’appui (ou à défaut, des portraits robots) afin que n’importe quel Burkinabè ou ami du Burkina qui aurait des informations sur eux puisse saisir les Forces de défense et de sécurité ou l’Agence nationale de renseignements ».
L’opposition encourage le président du Faso « à ne pas protéger les terroristes qui endeuillent le Burkina Faso, mais plutôt à livrer leurs identités au peuple burkinabè dans les meilleurs délais pour qu’enfin, la Justice, dans le cadre d’une enquête sur les graves crimes commis au Burkina Faso par les terroristes, veuille bien entendre l’actuel Président du Faso comme témoin détenant des preuves importantes ».
Selon le regroupement politique de l’opposition, « dans certains pays, Roch Kaboré aurait été mis en accusation pour haute trahison, pour avoir accueilli ou rencontré les ennemis de la Nation en temps de guerre ».
Sur la dégradation de la situation sécuritaire qui a entrainé un vaste mouvement de populations des zones les plus touchées où, au moins, selon les Nations Unies, « 1, 2 million de personnes ont besoin d’assistance humanitaire », l’opposition estime que la « meilleure action consiste à restaurer l’Etat et sa force publique dans les zones attaquées, à renforcer la résilience des populations et à les ramener sur leurs terres », a déclaré Me Noël Ouédraogo. Et, pour accompagner le processus, l’Opposition propose au gouvernement de lancer une campagne nationale de solidarité à l’endroit des réfugiés internes. Quant aux conséquences dont l’interruption du cursus scolaire de « 150.000 élèves des zones attaquées », l’Opposition politique encourage le gouvernement à tout mettre en œuvre pour éviter une année blanche à ces élèves.
« C’est avec inquiétude que l’Opposition » dit avoir appris que les policiers observent depuis ce lundi 04 mars un arrêt de travail. La coalition politique estime que les revendications des policiers, qui se résument en de meilleures conditions de vie et de travail, sont « nobles et légitimes » et juge que « dans ce contexte sécuritaire grave, c’est déplorable que le gouvernement ait laissé la situation pourrir ».
Le Premier ministre Christophe Dabiré, qui a fait du dialogue social l’une de ses priorités, a indiqué M. Ouédraogo, « doit au plus vite échanger avec les représentants des policiers, et autoriser son gouvernement à donner les moyens et le matériel nécessaires à ces policiers, de même qu’à l’ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS), pour l’accomplissement de leur mission de protection des citoyens et de leurs biens ».
Lors du cinquantenaire du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), le » Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, majorité) nous a donné de voir une scène à la fois triste et ridicule », ont poursuivi les conférenciers du CFOP qui dénoncent que le parti au pouvoir « ait tenté de récupérer le FESPACO par divers moyens de propagande : port de T-shirt à l’effigie de Roch Kaboré, gadgets, slogans et autres ».
« C’est une honte pour notre pays, dans la mesure où ces actes ont été posés en présence de chefs d’Etat de pays amis, de vedettes du cinéma et de plusieurs centaines de festivaliers venus des quatre coins du monde », ont-ils martelé. L’Opposition dénonce également une tentative de récupération du 08-Mars par le MPP. « Cette année le pagne du 08-Mars est de couleur orange (couleur officielle du MPP), sans aucune référence aux couleurs nationales du Burkina Faso. La seule explication, c’est que le MPP veut faire de la propagande à travers la Journée internationale de la femme », ont affirmé les conférenciers Gilbert Noël Ouédraogo et Amadou Diemdioda Dicko.
Pour l’opposition, « tous ces faits démontrent clairement que le parti au pouvoir n’est pas serein au regard, notamment, de son bilan chaotique ».
Par Bernard BOUGOUM