Un gendarme tué dans la nuit du 3 au 4 octobre. 7 autres tués ce matin du même 4 octobre. Ce sont deux autres grains qui sont venus s’ajouter au long chapelet macabre que porte le Burkina Faso depuis les terroristes ont pris le pays pour cible. Après avoir sévi et fait du nord du Pays des hommes intègres leur sanctuaire, ces hommes sans foi ni loi ont tourné leur viseur vers l’Est qu’ils ont pratiquement mis sous coupe réglée. Et la comptabilité noire continue, endeuillant sans distinction une population au gré de frappes parfois ciblées mais le plus souvent dans le tas. Une chose est certaine, ce sont les Forces de défense et de sécurité, les FDS censées protéger leurs concitoyens civils qui paient le tribut le plus lourd à cette soif de sans inextinguible des terroristes et autres bandits de grands chemins. C’est ainsi qu’après les postes de police et autres, ils s’en sont pris au saint des saints de l’armée, l’état-major général en plein centre-ville de Ouagadougou. Une capitale du Burkina Faso qui a été souvent attaquée, notamment Kwamé N’Krumah, son avenue la plus célèbre et la plus animée, qui, par la force de ces assauts terroristes est devenue pratiquement fantôme, abandonnée par les habitués que sont les noctambules, touristes et locaux confondus. Désormais le Burkina est donc bien dans l’œil du cyclone, pour ne pas dire dans l’objectif des «fous de Dieu».
A l’instar de la Mauritanie, du Tchad, du Niger, du Mali, le Burkina est touché par le fléau. Sauf que, plus que leurs voisins, le Burkina et le Mali sont devenus comme des territoires conquis où les terroristes se promènent dans certaines parties du pays presque sans crainte. L’union faisant la force et les «barbus» commettant leurs forfaits pour aller se réfugier hors des frontières voisines, les cinq pays du Sahel, sus cités ont alors pris la sage option, avec la bénédiction de la France, de créer le G5 Sahel, une force qui a pour vocation de lutter contre le terrorisme, le grand banditisme et les trafics de tous genres dans cette bande sahélo-sahélienne où il ne faisait plus bon vivre que pour les malfaiteurs. Mais le nerf de la guerre faisant défaut, le bébé a de la peine à se tenir sur ses deux pieds. Pire, depuis sa naissance, la tutrice que ses géniteurs lui ont trouvée, en l’occurrence l’ONU, ne peut s’en occuper parce que les Etats-Unis s’opposent fermement à ce que cet enfant entre dans la famille et jouisse des mêmes avantages que ses sœurs Minusma (Mission des Nations Unies pour le Mali), Monusco ( Mission des Nations Unies pour le Congo) ou Monusca (Mission des Nations Unies pour la Centrafrique pour la Centrafrique), pour ne citer que ces structures. Dans cette situation on ne peut plus précaire pour elle, et pouvant compter difficilement sur les armées de pays membres démunis où tout est priorité, la force du G5 Sahel se démène comme un diablotin dans un bénitier, laissant le champ libre aux terroristes qui font feu de tout bois, notamment au Mali et au Burkina Faso.
Fort heureusement, la Force française Barkhane, malgré ses limites et les griefs de complaisance envers les terroristes que certains reprochent à la France, est présente et empêche, tant que faire se peut, le terrorisme de déployer ses ailes à sa guise. Comme à l’occasion de cette attaque des terroristes qui a fait au moins 7 morts sur l’axe Gayéri-Fatouri dans l’est du Burkina, c’est la Force Barkhane, sollicitée par les autorités burkinabè qui, à travers une réaction prompte, a donné la réplique à ces terroristes qui, en plus de semer la mort à tout vent, ont créé une psychose générale au sein des populations civiles. Du reste, à en croire un communiqué de l’état-major des armées françaises et des sources sécuritaires locales, Barkhane, comme en avril dernier, a toujours appuyé les armées nationales du Sahel dans cette lutte contre l’hydre terroriste. En tout cas, le G5 Sahel lui s’en remet à la sensibilisation, en plus de l’espoir de réunir l’argent et la logistique nécessaire pour son fonctionnement. En témoigne cette réunion, cette semaine, à Noukchott en Mauritanie des chefs traditionnels et leaders religieux autour d’une interprétation et d’une compréhension plus objectives de l’islam qui est une religion de paix et de tolérance. En attendant la force Barkhane fait le ménage sur le terrain, et c’est loin d’être rien, le temps que le G5 Sahel se donne la force de vivre.
Par Wakat Séra