Dans la nuit du 27 au 28 août, la brigade de gendarmerie ce Pama, dans l’est du Burkina Faso a été attaquée. L’infrastructure a subi le supplice des flammes et tout le matériel s’y trouvant a cramé. Ouf, en dehors d’un agent qui a été enfumé comme un rat dans son trou mais fort heureusement n’en ait pas mort, il n’y aurait pas eu de perte en vie humaine. Mais comme s’il ne fallait pas se réjouir trop vite, l’histoire deviendra macabre par la suite. Allant en renfort à leurs collègues pris pour cibles à Pama, un convoi de gendarmes et militaires venant de Fada N’Gourma, le chef-lieu de la région de l’est, a sauté sur un engin artisanal explosif niché au creux d’un nid de poule du bitume crevassé. Bilan, au moins sept morts, de source officielle ont été enregistrés dans cette embuscade. Les valeureuses forces de défenses et de sécurité qui répondaient au noble devoir de défense de la patrie viennent encore de payer un lourd tribut à une lâche offensive de terroristes devenus très actifs dans cette région de l’est ces derniers temps. Ces soldats n’ignoraient peut-être pas qu’ils empruntaient la route de la mort en se lançant à l’assaut des ennemis de la vie. Le danger fait partie de leur quotidien et ils ne pouvaient pas s’y soustraire à moins de trahir l’engagement et le serment qu’ils ont solennellement pris pour défendre la nation burkinabè.
Ils sont donc morts pour la patrie et une fois de plus seront décorés pompeusement à titre posthume et «des individus armés non identifiés» seront encore «traqués» pour «venger» ces morts. Les autorités aux lunettes noires iront encore jeter des pelletées de sable sur leurs corps à jamais inanimés. La sonnerie aux morts retentira à nouveau en l’espace de quelques semaines pour accompagner les regrettés dans le long voyage sans retour. Et chacun, ministres, haut commandement ou simple badaud, retournera à ses occupations après que des pelletées de sable aient définitivement enfoui les sept cadavres dans les tréfonds de l’oubli. Seuls les veuves et orphelins, pleureront encore et encore ses hommes à qui ils ne pourront plus témoigner leur affection sur cette terre. Pire, les promesses qui devraient faire d’eux des femmes et enfants qui ne souffriront pas de l’absence d’époux, pères et fils qui étaient le soutien de parfois tout un village ne seront jamais tenues, car prises juste par des personnes en mal de publicité. Ces FDS complètent la liste qui commence à devenir trop longue des sacrifiés sur l’autel de la lutte contre le terrorisme. Qui porte la responsabilité de ces voix dégradées et très dangereuses sur lesquelles les usagers se font régulièrement braquer, ou au pire des cas sont victimes d’accident le plus souvent mortels? Qui doit endosser le peu de cas qui est fait du dénuement presque total dans lequel travaillent et vivent au quotidien ces braves militaires, gendarmes, douaniers, policiers, agents des Eaux et Forêts? Qui est responsable de la misère et du chômage endémiques dans lesquels vivent les jeunes et qui font d’eux un vivier dans lequel puisent à satiété les jihadistes pour former leurs cellules dormantes?
Ce serait fastidieux d’égrener le chapelet des failles dans lesquelles s’engouffrent les terroristes qui, visiblement ne viennent plus d’ailleurs, mais sont le voisin, le frère, et même l’instituteur d’habitude si gentils. Il est temps, de trouver des formules endogènes pour sortir le peuple de la pauvreté et le soutirer ainsi aux appâts des terroristes qui ne demandent qu’à semer la psychose et la terreur dans un Burkina Faso où l’on s’éloigne de l’essentiel au profit d’actions d’éclat et populistes. Il est temps de mettre fin à la liste noire qui endeuille les valeureux soldats burkinabè et leurs familles et met l’économie nationale en danger.
Par Wakat Séra