Accueil Editorial Attaques terroristes au Burkina: une nuit de ramadan bien agitée!

Attaques terroristes au Burkina: une nuit de ramadan bien agitée!

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La façade de la villa qui abritait les présumés djihadistes (Ph. DR)

Au quartier Ragnongo à l’Est de Ouagadougou, la nuit du lundi 21 au mardi 22 mai, a été bien agitée pour les habitants dans cette période de jeûne de ramandan. Un assaut des unités spéciales de la gendarmerie contre une villa occupée par des individus non identifiés ou plutôt identifiés comme des djihadistes selon les services de renseignements. Des tirs échanges de tirs nourris. Bilan de l’opération: trois assaillants tués, un capturé. Les Forces de défense et de sécurité, dont la bravoure et le professionnalisme ont été salués par les populations, ne sortent pas non plus indemnes de ce combat sanglant. Elles perdront un élément, décédé parmi les six blessés dont un civil enregistrés dans leurs rangs. Toute la journée, les Burkinabè étaient collés à leurs postes radio ou téléviseurs, et beaucoup plus à leurs smartphones qui leur permettaient, par le biais des incontournables réseaux sociaux de suivre le déroulement de l’opération. Les rumeurs ont alors enflé sur le nombre de morts et de blessés. Un autre quartier, Tanghin, périphérique comme Ragnongo, théâtre des échanges de tirs, a même été cité comme attaqué aussi. Dans le même temps, des SMS et des coups de fil permettaient, surtout aux Burkinabè de l’extérieur, de prendre des nouvelles des leurs.

Ainsi, alors que nombre d’analystes évoquent de plus en plus la perte de son nord au profit des djihadistes, le Burkina Faso devra faire face à l’hydre terroriste qui visiblement ne se nourrit plus de mercenaires venus de l’extérieur. Le ver est donc bien dans le fruit, pour ne pas dire que la menace est désormais réelle que le voisin sympa prêt à vous rendre tous les services du monde, peut devenir du jour au lendemain votre bourreau. Après les attaques plus spectaculaires de Cappuccino, du Café Aziz Istanbul sur la célèbre avenue Kwamé Nkrumah désormais désertée les soirs,  et celle plus récente et presque simultanée de l’ambassade de France au Burkina et de l’Etat-major général des armées, le pays des Hommes intègres vit en permanence dans la hantise de frappes plus isolées. Le raid nocturne de la nuit passée vient de démontrer que le monstre est prêt à frapper à tout moment. Et ce ne sont pas les enlèvements ou les tueries ciblés de responsables de l’administration dans le nord, le dernier fait en date étant l’assassinat du préfet de Oursi, Patrice Kaboré. La situation est d’autant plus grave que les populations désemparées ne savent plus vraiment à qui se fier, malgré les assurances du gouvernement. En effet, si une complicité d’un haut gradé de l’armée burkinabè a été dénoncée dans les attaques du 2 mars dernier, qui du reste sont liées, selon le gouvernement, à l’opération de Ragnongo, il faut dire que maintenant les terroristes se camouflent dans des tenues militaires des Forces de défense et de sécurité burkinabè. Même bientôt de l’armée française peut-être, car dans le matériel retrouvé chez les assaillants de Ragnongo, figurent, en plus d’armes de guerre, des tenues militaires des armées du Burkina et de la France!

C’est clair, un pallier inquiétant de plus vient d’être franchi dans l’histoire des attaques terroristes au Burkina. Et une fois de plus, les FDS ont payé pour s’être frottées aux forces du mal. Certes, en s’engageant à assurer la protection du territoire, et surtout à défendre la vie et les biens de leurs concitoyens, les vaillants soldats burkinabè ont également consenti à sacrifier les leurs en tout temps et en tout lieu. Mais, ils ne doivent pas non plus être des agneaux de sacrifice, docilement conduit sur l’autel. Force est malheureusement de constater que sur le front de cette guerre déjà asymétrique, les militaires burkinabè sont presque toujours à plusieurs crans inférieurs en équipement devant l’ennemi dont la puissance de feu est toujours reconnue supérieure. Il est temps, au propre comme au figuré, de changer le fusil d’épaule afin de garantir la quiétude aux populations d’un Burkina qui, pendant longtemps a été épargné des attaques terroristes. En attendant, félicitations à nos Forces de défense et de sécurité, pour qui «la patrie ou la mort», le slogan du capitaine révolutionnaire Thomas Sankara, semble encore avoir du sens.

Par Wakat Séra