Un jeudi noir au Niger. Ainsi pourrait s’intituler le dernier épisode de la série noire qu’écrivent les terroristes dans le sahel africain. Dans le rôle de scénariste et réalisatrice de l’attaque du jour, l’incontournable et funeste Boko Haram. Sans état d’âme, les disciples du diable qui disent pourtant œuvrer pour la gloire de Allah ont frappé, tuant et blessant des innocents qui ne demandaient qu’à gagner honnêtement leur pitance du jour. Malheureusement pour elles, les victimes dont le seul tort set de travailler pour des intérêts occidentaux, sont devenues ainsi des cibles collatérales d’individus sans foi ni loi. Cette équipe de forage minier du groupe français Foraco, est en fait tombée dans la nasse de lâches et vils bandits davantage à la recherche de trésor de guerre que de défense d’un quelconque précepte religieux. Le bilan lourd de huit tués et cinq blessés dont deux graves ne fait qu’allonge la comptabilité macabre d’un groupe qui agit presque dans l’impunité totale, traversant les frontières de son sanctuaire nigérian où l’armée et ses autorités ont visiblement atteint leurs limites. Et c’est presqu’en toute quiétude que, emportant même des véhicules ils sont retournés à leur base, laissant derrière eux larmes et désolation dans les familles de pauvres techniciens. Pourtant, ceux-ci réalisaient deux forages en eau profonde qui doivent servir aux populations de Toumour, notamment aux réfugiés du camp installé dans cette localité. Boko Haram compte donc empêcher toute vie dans cette zone où les populations nigérianes assaillies se réfugient.
Faut-il désespérer de la lutte contre le terrorisme et plus particulièrement celle contre un Boko Haram dont les exploits sont favorisés par une armée nigériane au nez et à la barbe de laquelle les assaillants opèrent? Certains n’hésitent même plus à évoquer une complicité entre ces terroristes et les militaires sensés les combattre. En tout cas, la pieuvre insatiable enlace inexorablement les pays voisins de son Nigéria natal où les dirigeants qui se succèdent, malgré leurs promesses de campagne d’en finir ne font, in fine, que le constant de leur cuisant échec. Et ce n’est pas l’actuel chef de l’Etat, Muhammadu Buhari, candidat à sa propre succession, qui dira le contrat, lui qui n’a jamais pu ramener à leurs familles, toutes les filles kidnappées en 2014 par les terroristes de Boko Haram. Malgré les diverses actions du mouvement «Bring back our girls», et la libération de quelques unes d’entre elles, plus de 80, de nombreuses lycéennes enlevées lors du rapt de masse de Chibok sont encore aux mains de leurs ravisseurs qui en usent et en abusent selon leur gré. Pire, d’autres enlèvement ont suivi et suivent celui de Chibok, sans que rien ne puissent empêcher les hommes de Boko Haram dans leur triste entreprise. A l’instar du Niger qui subit constamment les raids meurtriers de Boko Haram, d’autres voisins du Nigéria comme le Cameroun en font régulièrement les frais et la métatarse du cancer envahit cette région du Sahel qui est presque sous coupe réglée des djihadistes.
Visiblement, les offensives des armées nationales et les frappes de la force française Barkhane, encore moins les timides ripostes de la Mission des nations unies pour le Mali (Minusma), sont loin de détruire l’hydre dont les têtes repoussent, aussitôt coupées. Le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Mali et le Tchad, sous la houlette de la France ont cru trouver la parade par la constitution de la force du G5 Sahel, mais ont vite déchanté. Le bébé est comme mort-né. Pour le plus grand bien de terroristes toujours aussi assoiffés de sang.
Par Wakat Séra