Une attaque a été menée contre le poste de police de Kérémou, ce dimanche 9 février à l’aube, faisant un mort et un blessé dans les rangs des Forces de sécurité en service à ce poste. Dans l’attente d’un communiqué officiel, les rumeurs vont bon train sur la nature de cet assaut mené par des individus armés, une dizaine d’hommes, à en croire nos sources qui seraient venus à motos, moyens qu’ils auraient garés non loin du poste pour évoluer à pieds vers le poste. Ils auraient alors tiré dans tous les sens. Le récit d’un policier note que son collègue qui aurait réussi à prendre la fuite malgré ses blessures par balle, a témoigné que dans leur furie qui les a amenés mettre le feu à la cabane qui servait d’abris aux forces de l’ordre, les assaillants poussaient des «Allah akhbar». Le modus operandi a donc facilement conduit les populations à qualifier ces attaques de terroristes. Par contre, d’autres optent pour la piste de trafiquants ou braconniers qui ont jeté leur dévolu diabolique sur ce poste qui sert de tampon, toujours selon nos sources, à l’accès au parc dit «W» que le Bénin partage notamment avec le Burkina Faso. Le poste de police avancé et le contingent de l’armée qui aurait été déployé dans cette région dans le but de la nettoyer des trafiquants qui y opèrent et de sécuriser les lieux très prisés par les touristes, surtout les Occidentaux, auraient provoqué le courroux des malfrats. Les armes utilisées lors de cette attaque, ne seraient pas celles de guerre dont font régulièrement usage les terroristes qui écument le sahel voisin du Bénin.
En tout cas, cet assaut, que les autorités qualifient encore d’incident, peut bel et bien être une attaque terroriste. Surtout que le même Nord du Bénin, précisément le parc de la Pendjari, a été, le théâtre de l’enlèvement, le 1er mai 2019 d’étrangers, soit deux touristes français, dont le guide de nationalité béninoise a été tué, une Sud-Coréenne et une Américaine. Si ces otages ont recouvré par la suite la liberté, au cours d’une opération en sol burkinabè et qui a coûté la vie à deux soldats français, il faut s’inquiéter fort logiquement, d’une contagion de la région de l’Afrique de l’ouest par ces attaques terroristes. La Côte d’Ivoire, après l’attentat de Bassam, le dimanche 13 mars 2016 dont le bilan lourd de 22 morts, soit 16 civils, 3 militaires et 3 terroristes, a également été l’objet d’une autre attaque perpétré contre un poste des Forces armées de Côte d’Ivoire, dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 janvier 2019. Faut-il craindre un embrasement de l’Afrique de l’ouest, les attaques, terroristes ou non, devenant récurrentes? Rien n’est moins sûr! Les terroristes n’en n’ont cure des frontières poreuses des pays africains qui sont de véritables passoires où, la corruption aidant, tout circule, sans exception. Toute chose qui favorise non seulement les trafics frauduleux de tous genres, même des armes les allers-retours de ces fameux «individus armés non identifiés» qui sèment la terreur et la désolation sur leur passage. Du reste, en se focalisant sur la région du Sahel africain, les acteurs de la lutte contre le terrorisme ont quelque peu oublié les pays voisins, dont les armées nationales sont loin de pouvoir faire face aux assauts meurtriers des terroristes. Qui plus est, ces pays de l’Afrique de l’ouest, fragilisés par la mal gouvernance, les querelles sans fin entre politiciens et les conflits ethniques sont devenus des proies faciles pour les terroristes et autres bandits du même acabit.
Il urge dont de repenser la lutte anti-terroriste, en vue de l’intégrer dans une stratégie plus globale, incluant les pays qui ne sont pas dans la bande sahélo-saharienne, mais n’en constituent pas moins des cibles potentielles du djihadisme. Pourquoi ne pas renforcer par exemple la force conjointe de l’Afrique de l’ouest, l’ECOMOG?
Par Wakat Séra