Accueil A la une Attaques terroristes: que devient la nouvelle arme du Burkina?

Attaques terroristes: que devient la nouvelle arme du Burkina?

0

Le 4 février dernier, les nouvelles autorités burkinabè, ont créé le Commandement des opérations du théâtre national (COTN), pour lutter efficacement contre les attaques armées. Le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni et son adjoint le lieutenant-colonel Roméo Ouoba, ont été nommés le même jour pour diriger cette structure en qui les Burkinabè placent beaucoup d’espoir. Mais, plus d’un mois après, les populations attendent avec une grande impatience les actions de ce nouveau Commandement alors que les terroristes multiplient les attaques, les enlèvements, les pillages, les saccages et autres actes. Que devient le COTN, la nouvelle arme qui devait soulager les Burkinabè après la chute du président Kaboré, accusé d’«incompétence»?

Le 24 janvier dernier, le Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) a renversé le pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), dirigé par Roch Kaboré, réélu le 22 novembre 2020 pour un second mandat de cinq ans. Le président du MPSR, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait principalement avancé les attaques armées, notamment terroristes, pour justifier l’action des militaires qui ont pris le pouvoir.

Dans sa première adresse à la nation le 27 janvier 2022, le lieutenant-colonel Damiba rassurait que «si les priorités sont nombreuses, il est clair que la priorité principale demeure la sécurité», s’engageant à travailler à «réduire significativement les zones sous influence terroriste et les impacts de l’extrémisme violent en redonnant aux Forces de défense et de Sécurité ainsi qu’aux Volontaires pour la Défense de la Patrie, la volonté de combattre et d’aller encore plus à l’offensive avec des moyens adéquats».

C’est en toute logique qu’une semaine après son discours accueilli positivement par l’opinion, notamment nationale, le nouveau locataire de Kosyam a eu l’idée de créer le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) en vue de donner un souffle nouveau à la stratégie et à l’opérationnalisation de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

Le COTN qui, dans sa disposition 3, stipule que la structure «aura pour mission de concevoir, organiser et soutenir les opérations de sécurisation des opérations» du territoire national, est-il vraiment opérationnel ? Si non, qu’est-ce qui bloque dans sa mise en oeuvre ? Qu’est qui fait qu’après un mois de son annonce, le COTN qui devra «exercer son autorité sur l’ensemble des forces de défense et de sécurité et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée) ainsi que leurs moyens engagés sur le théâtre » tarde à se concrétiser ?

L’opérationnalisation de cette structure est d’autant très attendue surtout que son article 5 précise qu’elle «est chargée de la planification et la conduite des opérations de la coordination de la défense civile ainsi que de la réquisition et de l’utilisation des services, des personnes et des biens nécessaires à la conduite des opérations». Mais, qu’est-ce qui bloque réellement pour une véritable mise en œuvre du COTN considéré à son annonce comme le phare des autorités pour apporter des réponses vigoureuses contre les attaques terroristes ? Moult questions que se posent les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer ou à quoi s’accrocher face aux attaques répétés.

A quand le COTN qui, en coordination, avec la représentation de l’Etat, a l’autorité pour prendre toute mesure correspondant aux besoins de la défense et de la sécurité y compris les restrictions de libertés de circulations et de l’interdiction de certains moyens de déplacements ? Vivement que le vœu des populations résilientes qui font face aux attaques incessantes des «fous de Dieu» soit entendu et réalisé le plutôt possible afin qu’il ne soit pas trop tard pour ce pays qui était avant ces six dernières années, un havre de paix et de cohésion sociale entre les populations qui vivaient ensemble en bonne intelligence.

Au lendemain d’une double attaque sanglante qui a fait 15 personnes tuées dont 13 gendarmes et deux civils sur l’axe Kaya-Dori, plus précisément entre l’axe Taparko-Tougouri, il est rendu public un décret du chef de l’Etat, Paul-Henri Damabi en date du 10 mars 2022, qui lance un ordre de mobilisation des anciens militaires au titre de la réserve pendant la période du 10 au 18 mars, pour «les besoins de la Nation». La note précise que la mobilisation concerne les militaires des catégories sous-officiers et militaires de rang qui ont été admis à la retraite au cours des années 2019, 2020 et 2021.

Vivement que d’autres actes allant dans le sens de la politique de lutte contre les attaques armées ne tardent plus à être pris car les populations font montre d’une souffrance indescriptible.  

Par Bernard BOUGOUM