Le peuple burkinabè vient de boucler son troisième et dernier jour de deuil national ce mercredi 16 août 2017, mais n’en continue pas moins de pleurer ses morts. Ils sont au total 18, soit 10 Burkinabè et 8 personnes de nationalités étrangères, de source officielle, à avoir été abattus froidement par leurs semblables humains. Les blessés quant à eux, de leurs lits encore ensanglantés ne comprennent toujours pas comment ils ont pu échapper à la furie assassine de ces deux assaillants surgis comme de nulle part, juchés sur des motos et prenant le Café Aziz Istanbul pour un champ de tirs. Et comme leurs frères dans le mal qui avaient ouvert le bal des carnages sur l’avenue Kwame Nkrumah, le 15 janvier 2016 en faisant une trentaine de morts au restaurant café Capuccino, les damnés de l’enfer, au nombre de deux, à en croire les chiffres officiels ont replongé le Burkina Faso dans la peur, le doute et surtout des questionnements sans fin. Quand frapperont-ils encore dans leur haine aveugle? Quelle sera leur prochaine cible? Qui mettra fin à l’hécatombe? Et la question cruciale et qui tétanise chacun et tous: sera-t-on au mauvais endroit au mauvais moment pour honorer ce rendez-vous avec la mort, imposé par des brebis égarées de la société et qui malheureusement se prennent pour des justiciers qui s’ouvrent les portes du paradis en tuant?
Au fait, pourquoi les récents attentats ne sont toujours pas revendiqués? Pourquoi d’habitude si prompts à brandir leurs trophées de guerre macabres, les différents mouvements de terroristes qui écument le Sahel, semant la désolation et le deuil, sont-ils devenus subitement aphones depuis ce maudit 13 août? Fait curieux, cet acte ignoble, avec les attaques de Douentza et de Niono, au Mali, respectivement jeudi et dimanche, est intervenu comme pour mettre la pression au Conseil de sécurité des Nations Unies qui se réunissait le mardi 15 août. Le lendemain de l’attaque de Café Aziz Istanbul! A moins que ce soit un véritable pied de nez à la plus grande organisation du monde et sa Minusma, dont les soldats tombent régulièrement sous les balles de djihadistes que la mission battant pavillon onusien n’arrive pas à vraiment inquiéter. Ou alors, l’ignominie de Café Aziz Istanbul ferait simplement l’objet d’un marchandage indécent entre ses groupes islamistes qui parfois se disputent ces actes d’une lâcheté indigne d’un être humain normalement constitué. Vivement que ces forces qui se marchent sur les rangers, sans réellement arriver à porter le coup fatal aux…forces du mal, réorientent leurs actions sur le terrain. A défaut d’œuvrer en synergie, elles pourraient même avoir la décence de disparaître du théâtre des opérations, au profit d’une seule structure qui conjuguerait harmonieusement action militaire et initiatives à base sociale et de lutte contre la pauvreté. Peut-être que la force du G5 Sahel ferait l’affaire!
Une chose est certaine, les gouvernants ont le devoir de procurer, avec la célérité qui sied, la sérénité à des populations paniquées et déboussolées qui en a marre des deuils décrétés comme pour se donner bonne conscience après le passage des barbares des temps modernes qui disent tuer au nom de Dieu. Sans l’exprimer, les Burkinabè qui courageusement se relèvent toujours de ces attaques terroristes, ont bien envie de relever les défis de la lutte contre la pauvreté et du développement en toute quiétude. Il est temps que cessent les ritournelles du genre: ce sont des individus armés, non encore identifiées qui ont ouvert le feu sur nos vaillantes forces de défense et de sécurité ou sur des braves populations. Les autorités vont alors se rendre dans les familles éplorées ou au chevet des blessés pour leur apporter la compassion du gouvernement, ériger des stèles, sortir le jeu des décorations à titre posthume dans des cérémonies solennelles d’hommage aux victimes, et tutti quanti…
Il est temps pour ceux qui gouvernent le Burkina Faso, de poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses et surtout élaborer les bonnes stratégies. Car, visiblement, comme d’autres pays, nous sommes désormais condamnés à vivre avec la menace terroriste.
Par Wakat Séra