Pendant que les Gabonais, plébiscitaient le projet de nouvelle constitution, par le référendum de ce samedi 16 novembre, le «OUI» l’ayant emporté par au moins 92% des suffrages, les Sénégalais, eux, ont offert au parti des Patriotes africains du Sénégal, pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), la majorité confortable dont il a besoin à l’Assemblée nationale pour gouverner en roue libre.
Ce sont plus de 53% des Gabonais qui ont accordé leur confiance, selon le taux de participation au référendum pour le «OUI» ou le «NON», au projet de la constitution, qui pourtant, ne fait pas l’unanimité. Les partisans du «NON» trouvent le texte taillé sur mesure pour le tombeur de l’ancien président Ali Bongo Ondimba (ABO), le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Comme pour apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs, celui qui a pris le pouvoir à la faveur du coup d’Etat du 30 août 2023, gouvernera le pays, s’il est élu président, en août 2025, dans un régime présidentiel qui lui donne tous les pouvoirs, sans Premier ministre, cependant, avec un vice-président. Après un mandat de 7 ans, il pourra même rempiler, si affinités, pour un second septennat.
Certes, le Gabon aura mis fin à la transition politique, mais le pouvoir sera toujours, dans les mains du général qui n’aura pas chassé ABO, pour remettre le fauteuil de sitôt. Surtout que nombre de mesures, populaires, certaines populistes, lui ont permis de conquérir le cœur de populations lassées du long règne de Bongo père, dont le témoin a été repris par Bongo fils qui était parti, lui aussi, pour une présidence de l’éternité. Tout est donc accompli pour le général Brice Clotaire Oligui, qui peut attendre dans la sérénité, de se succéder à lui-même, à la fin de la transition politique gabonaise, car ça serait un miracle si le contraire se produisait. Pourvu, qu’il n’écoute pas les sirènes du troisième mandat et de la transmission dynastique du pouvoir, interdits par la nouvelle constitution, et soit surtout pour l’intérêt national et non celui familial et clanique des Bongo et dont lui-même est, plus ou moins, un produit.
Quant aux Sénégalais, ils ont été appelés aux urnes ce dimanche 17 novembre, pour des législatives anticipées, dans le but de donner une nouvelle configuration à l’Assemblée nationale, car, le pouvoir en place était en quête d’une majorité parlementaire pour gouverner sans blocage. Les plus de 7 millions d’électeurs sont restés dans les codes de la présidentielle de mars 2024. Bassirou Diomaye Faye (BDF) qui a dissous un parlement qui était composé, en grande partie, de députés de l’ancien pouvoir, a donc joué…et gagné. C’est a une véritable promenade de santé que le Pastef s’est livrée face à son opposition, remportant au moins, 129 des 165 sièges en compétition. Ce qui était présenté comme des élections serrées, a abouti à un simple raz de marée, du Pastef qui était en quête d’une majorité confortable à l’Hémicycle, pour mener à bon port des réformes profondes découlant de la «rupture» prônée par BDF, lors de la campagne pour la présidentielle. Mieux, c’est un véritable boulevard qui s’ouvre au pouvoir de BDF et de son Premier ministre Ousmane Sonko, pour la concrétisation de son vaste plan de développement, «Sénégal 2050».
Malgré les violences physiques et les joutes oratoires d’une rare véhémence qui en ont émaillé la campagne électorale, les législatives anticipées de ce 17 novembre se sont déroulées dans le calme, en dehors d’un léger retard à l’allumage. Il y a donc eu plus de peur que de mal, et ces votes qui étaient annoncés comme la deuxième partie de la présidentielle de mars 2024, se révélés comme une simple formalité pour le pouvoir en place, malgré le retour dans l’arène, de l’ancien président Macky Sall qui a battu campagne depuis le Maroc où il est installé. Du reste, bien des ténors de l’opposition, au soir de ce dimanche, ont été battus dans leurs bureaux de vote. Ce sont dont plus de 7 millions d’électeurs qui viennent de donner, pour de bon, les clés de la maison à Bassirou Diomaye Faye, qui doit pouvoir avoir les mains libres pour s’assumer et assumer sa victoire à la présidentielle, soutenu par une assemblée nationale acquise à sa cause.
Il faut dire, en la matière, qu’il n’y a rien eu de nouveau sous le soleil de Dakar, si ces chiffres venaient à être confirmées par les institutions en charge des élections, car depuis 2000, les Sénégalais ont toujours donné à l’Assemblée nationale, juste après la présidentielle, les couleurs politiques du nouveau pouvoir.
Le Sénégal vient, une fois de plus, après avoir joué à se faire peur, de conforter son statut de modèle démocratique en Afrique de l’ouest! Comme un clin d’œil du destin, à l’instar des Etats-Unis où les bookmakers avaient prédit des élections serrées qui se sont transformées en ravage de la vague rouge des Républicains, au Sénégal, le Pastef, seul contre tous, n’a pas fait dans la dentelle, porté par le peuple sénégalais.
Par Wakat Séra