C’est par ces deux petits mots que Valéry René Marie Georges Giscard d’Estaing a marqué sa sortie du palais de l’Elysée, dont il a été le locataire, suite à la disparition de Georges Pompidou, du 27 mai 1974 au 21 mai 1981. Troisième président de la France, VGE qui a développé le projet du TGV, n’a pas traversé ce monde des humains, à la vitesse du bijou des rails. En effet, mort à 94 ans, ce 2 décembre, l’ancien ministre des Finances, d’abord sous Charles de Gaulle et durant le mandat de Pompidou, en plus d’être le président français ayant eu la plus grande longévité, est également un des immortels de l’Académie française, où l’auteur de plusieurs essais et romans, a fait son entrée en 2003. Plusieurs fois hospitalisé pour divers maux dont il a toujours triomphé, il a, finalement, perdu la bataille de la vie, face au Covid-19, le petit virus qui aura eu raison de grands hommes politiques, de légendes de sport et de géants de musique.
Celui qui est considéré comme un des grands hommes ayant marqué l’histoire politique de la France, est également celui que mon grand-père, qui n’a jamais mis les pieds dans une «école du Blanc» pour pouvoir déchiffrer le nom sur papier, appelait Valéry «jusqu’à destin», selon ce que ses oreilles ont pu saisir dans des discussions ou des reportages sur le partisan de «l’Algérie française», le libérateur, par le biais de l’opération Léopard en mai 1978, de quelque 3 000 Européens détenus par des rebelles, à Kolwezi au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), et le tombeur de l’Empereur Bokassa 1er en 1979.
L’Afrique, VGE y était attaché, non pas seulement par les liens historiques et séculaires qui rattachaient le continent noir à l’ancien colonisateur, mais aussi par sa passion pour la chasse. Il y a participé à nombre de safaris qui lui ont permis d’accrocher bien des têtes d’éléphants à son tableau de chasse. L’Afrique, c’est aussi cet endroit où VGE, ministre des finances, aimait bien s’organiser de bons moments de farniente exotique, notamment en Centrafrique, où il finit par être à implique dans la fameuse «affaire des diamants». Des pierres précieuses que Bokassa 1er, dans sa générosité impériale, offrait à ses hôtes de marque.
Toutefois, Valéry Giscard d’Estaing, qui n’a pas apprécié le couronnement fastueux du Centrafricain, et n’y a, du reste, pas assisté, n’a pas hésité un seul instant à précipiter la chute de celui-ci. A l’époque, le président français avait annoncé que Bokassa devait quitter le pouvoir, si sa responsabilité était engagée dans les répressions violentes des populations civiles, dont de nombreuses victimes étaient des élèves. La promesse étant une dette, et l’occasion étant belle pour le gouvernement français et son président de se débarrasser d’un illuminé dont ses propres pairs africains ne s’accommodaient guère de la présence et des frasques, Bokassa fut balayé en septembre 1979 et remplacé par David Dacko, président avant et après l’empereur.
Même si le montant d’un million de francs révélé par Le Canard enchaîné pour évaluer les diamants de Bokassa a été revu à la baisse, l’affaire était trop retentissante et a fini par perdre VGE, dans sa tentative de rempiler pour un nouveau septennat en 1981, face à François Mitterand. Valéry Giscard d’Estaing, fut ainsi contraint à une sortie par la petite porte de l’Elysée. Cependant, la scène politique, l’inusable politicien ne la quittera qu’en 2004, après avoir, entre autres, été, député réélu à l’Assemblée nationale française, fondateur et président de l’Union pour la démocratie française (UDF), député européen, dirigeant de l’opposition au pouvoir socialiste de Mitterand, et président de la Convention sur l’avenir de l’Europe.
«Au revoir», VGE, ton esprit habitera toujours la brousse africaine où tu faisais tonner ton fusil de chasse! En Afrique, les morts ne sont pas morts…
Par Wakat Séra