« Nous ne sommes pas contents. Le pays est attaqué, le marché ne marche plus, et c’est des augmentations, des changements de plaques d’immatriculation et de permis de conduire ». C’est en ces termes que s’est lamenté, dans un français approximatif, Ousmane Ouédraogo, Koudougoulais (habitant de Koudougou, ville située dans le Centre-Ouest du Burkina) vêtu de sa tenue de mécanicien de couleur bleue noircie par l’huile de vidange des engins, face à l’augmentation du prix du carburant.
Assis dans son garage les yeux hagards, M. Ouédraogo, se questionne sur le pourquoi de cette augmentation subite du prix du carburant par les autorités du pays. « S’ils diminuaient, c’est ça qui allait être normal, sinon ça ne nous arrange pas, ou bien ? Le pays est attaqué, le marché ne marche plus, ce n’est plus comme avant », a-t-il soutenu avec un ton élevé, marquant sa désapprobation face à cette nouvelle situation qui a été « imposée » à la population. Pour lui, « cette augmentation est de trop ».
Tout comme le mécanicien Ousmane Ouédraogo, le vendeur de pièces détachées, Antoine Zongo dit être étonné de l’augmentation «brusque» du prix du carburant, le lundi 21 octobre 2019, soit une hausse de 13 FCFA pour le litre du Super qui était à 657 F CFA passe à 670 FCFA, et 9 FCFA pour le Gasoil qui est désormais à 580 FCFA le litre.
«Ce qui ne me plait pas, c’est parce qu’ils n’ont pas préparé les gens pour cette augmentation. Ils devaient communiquer bien avant», a renchéri M. Zongo, visiblement mécontent de cette nouvelle dépense qui vient alourdir «la mauvaise condition de vie des populations». «Dans toute chose c’est l’entente. Mais si vous-vous levez un matin dire aux gens que le prix du carburant a augmenté, sans avoir communiqué avec eux ce n’est pas bien», a-t-il poursuivi, espérant que quelque chose sera fait pour soulager les Burkinabè.
«Il n’y a pas de travail, les gens sont dans la misère. S’ils peuvent faire pardon »
Pour lui «c’est sûr qu’avec cette augmentation, les transporteurs aussi vont augmenter le prix du transport». «Mais on n’a pas le choix. On va faire comment ?», a-t-il conclu ses propos, l’air désespéré.
La majorité de ceux que nous avons interrogés dans les rues de Koudougou, les réactions sont pratiquement les mêmes, dénonçant cette augmentation. Parmi les personnes qui ont réagi, il y a Michel Tiendrébéogo, vigile de son état.
Lui a eu des altercations avec un pompiste, dues au fait qu’il n’était pas informé de l’augmentation du prix du carburant. «Je suis allé à la station-service hier car je voulais mettre de l’essence de 500 FCFA dans ma moto. Mais quand le pompiste a mis, j’ai vu que sur leur machine c’est affiché 480. J’ai voulu parler, on m’a dit que le prix de l’essence a augmenté. J’ai dit que ce n’est pas possible, ils (Ndlr : Parlant des autorités) n’ont qu’à faire pardon», s’est-il offusqué ce lundi 21 octobre dans la matinée.
«Il n’y a pas de travail, les gens sont dans la misère. S’ils peuvent faire pardon et diminuer le prix de l’essence, même si on revient à l’ancien prix, il n’y a pas de problème. Ils n’ont qu’à faire pardon car ça ne va pas», s’est lamenté M. Tiendrebéogo tout comme le mécanicien Ousmane Ouédraogo.
Si la pilule ne passe pas chez d’autres « Koudougoulais », Moussa Kiemdé, commerçant, dont le visage laissant entrevoir une sérénité a, quant à lui, essayé de justifier l’attitude des autorités par rapport à cette augmentation. Selon M. Kiemdé, cela se justifierait par le fait que l’Etat a besoin d’argent pour résoudre un problème du pays.
« Si c’est pour résoudre un problème qui touche le pays, je trouve ça normal»
«Peut-être qu’ils ont augmenté ça pour résoudre un problème, vu que le pays a un certain nombre de soucis, notamment, au niveau de la santé et la sécurité. Si c’est pour résoudre un problème qui touche le pays, je trouve ça normal». Mais il estime qu’une fois le problème résolu, il va falloir diminuer le prix du carburant.
En rappel, après concertation, les prix des hydrocarbures avaient subi une baisse de 75 F CFA en 2015, sous le régime de la Transition. A la suite de cette baisse, une autre a été accordée en mai 2016 sur le prix du litre du Super 91 qui est passé de 652 à 602 FCFA et celui du gasoil de de 576 à 526 FCFA.
Mais après, ces prix ont été revus à la hausse, soit un surplus de 75 FCFA avant que la population constate dans les stations-services, deux mois après, une baisse du prix du litre d’essence de 20 FCFA, celui du gasoil de 30 FCFA et celui du pétrole à 83 FCFA.
Par Daouda ZONGO