Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ex-parti au pouvoir, a organisé sa rentrée politique 2018-2019, ce 18 novembre 2018, à la Maison du Peuple de Ouagadougou sous le thème : « Face aux défis actuels et futurs, bâtissons un CDP uni, solidaire et conquérant ». Plus de 3 000 militants du parti de l’ex-président Blaise Compaoré ont assisté à l’ouverture de cette cérémonie au cours de laquelle le président du CDP, Eddie Komboïgo, a condamné la « hausse injustifiée » des 75F sur le litre des hydrocarbures qui « vise à masquer la mal-gouvernance de la majorité ».
Il est 10H00 (Gmt) quand le président du CDP, troisième force politique du Burkina, Eddie Komboïgo, a fait son entrée dans la cuvette de la maison du peuple, sous les cris, hurlements et ovations nourries des militants en liesse venus des 45 provinces du pays et de l’extérieur, notamment, la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis d’Amérique (USA).
Après un bain de foule du premier responsable du parti qui a mis la cuvette en extase, ce fut le secrétaire provincial du CDP du Kadiogo, Noel Souwerma, qui a pris la parole pour saluer la forte mobilisation de ses camarades à qui il a souhaité plein succès aux travaux qu’ils mèneront autour du thème qu’il juge « évocateur ». Il a été succédé au pupitre par le président du comité d’organisation de cette rentrée politique, Boubacar Sanou, secrétaire à l’organisation du CDP, qui a déclaré que leur thème « offrira l’opportunité » à leurs militants de réfléchir et asseoir « les bases d’une organisation appropriée et d’une responsabilisation accrue de tous ».
Cette intervention a été suivie par une prestation musicale de l’artiste traditionnel Bamogo de Nobéré qui, par ses expressions laudatrices, a vidé les poches de certains cadres du CDP à qui il a rendu un vibrant hommage. Cet artiste a particulièrement fait une mention spéciale au fondateur du CDP, l’ex-président Blaise Compaoré, à qui il a rendu hommage pour sa gestion du pays ayant permis que pendant 27 ans, le Burkina ait vécu dans la quiétude. Se disant d’accord avec l’adage qui dit que « Le vrai bonheur on ne l’apprécie que lorsque qu’on l’a perdu », Bamogo de Nobéré a estimé que pour tout homme qui voudrait un enfant qui a les qualités de M. Compaoré, un leader qui s’est distingué au plan national et international, il n’a qu’à donner le nom Blaise Compaoré à sa progéniture.
Passer ce temps d’ambiance, commencèrent les choses sérieuses, puisque ce fut le tour du président du CDP, Eddie Wend-Vennem Constance Hyacinthe Komboïgo, plus connu sous le nom Eddie Komboïgo, qui est monté au pupitre sous les acclamations de ses militants. Dès l’entame de son discours, Eddie Komboïgo, a demandé à tous ses camarades de se tenir débout pour faire un standing ovation au fondateur de leur parti, Blaise Compaoré qui a été désigné au septième congrès du parti, organisé en début mai dernier, « fondateur et président d’honneur du CDP ».
A la suite de cet acte, le président du CDP a dressé un bilan sombre du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir. Du domaine politique, économique, social, judiciaire et sécuritaire, en passant par la diplomatie, l’ex-parti majoritaire renversé fin octobre 2014, a fustigé une gestion « chaotique » du président Roch Marc Christian Kaboré et de son chef de gouvernement Paul Kaba Thiéba à qui il a demandé la démission du gouvernement qui «échoué ». Pour le CDP, le Plan national de développement économique et social (PNDES), plan quinquennal du gouvernement, est « un fiasco, un pétard mouillé ».
Parlant de la situation sécuritaire qui est le principal souci majeur des Burkinabè et des autorités actuelles, Eddie Komboïgo a indiqué que le « Burkina Faso traverse une situation sécuritaire des plus dramatiques de son histoire. Le terrorisme frappe sans répit aux quatre coins du pays, semant la mort et la désolation au sein des Forces de sécurité et des laborieuses populations ». C’est pourquoi il a appelé ses militants « à se solidariser des victimes » en laissant parler leur cœur et « à collaborer avec les FDS » pour vaincre ce fléau.
Quant au climat des affaires du pays, le président du CDP a estimé que « la conjoncture économique est de plus en plus déplorable. Dans tous les secteurs de l’économie, les clignotants sont au rouge ». Et c’est dans ce contexte de « crise économique, marqué par la chute du pouvoir d’achat des travailleurs, que le gouvernement a procédé à l’augmentation du prix de l’eau et du carburant à la pompe », a-t-il poursuivi, ajoutant que cette hausse « sans mesure d’accompagnement pour les consommateurs entraînera une surenchère sur le coût de la vie ».
Cette rentrée politique a enregistré la présence de plusieurs caciques du parti dont Boureima Badini, challenger de Eddie Komboïgo lors du congrès, le premier président du CDP, Bongnéssan Arsène Yé, Mélégué Traoré, Topan Sané, Mahamadi Kouanda, Juliette Bonkoungou, et des partis alliés de l’opposition en l’occurrence l’Union pour le progrès et le changement (UPC) représentée par son deuxième vice-président, Adama Sosso.
Sur des banderoles tenues par des militants du CDP, l’on pouvait lire, entre autres, « Blaise Compaoré, CDP réclame ton retour » ; « Les structures du CDP à l’étranger œuvrent à la recherche du pouvoir en 2020 » ; « Les élèves et les étudiants plus que jamais mobilisés pour soutenir le CDP en 2020 » et « La réconciliation nationale, le combat du CDP pour un Burkina meilleur ».
Par Bernard BOUGOUM