Le Babenda est un plat burkinabè consommé et surtout apprécié sur le territoire national, notamment dans la capitale Ouagadougou. Il est intégré dans les habitudes alimentaires des populations et on le retrouve au menu des restaurants, et aux abords de différentes artères de la ville. Une équipe de Wakat Sera a fait le tour de quelques points de vente de ce plat pour s’imprégner de l’affluence qu’il y a autour de ce mets.
Il est 12 heures! C’est le moment où bon nombre de personnes ont l’estomac au talon et cherchent à manger. Dans le quartier Wemtenga, arrondissement 5 de Ouagadougou, à quelque cent mètres du boulevard Charles De Gaulle, plusieurs Ouagavillois n’ont pas dérogé à la règle. Les clients, toute catégorie confondue, se ruent vers «le restaurant par terre» de madame Bernadette Ilboudo. Elle vend essentiellement du Babenda et d’autres mets locaux. Le Babenda est contenu dans un grand sachet plastique, le tout mis dans un grand plat posé sur une petite table.
Des clients se font servir sur place pendant que d’autres préfèrent emporter leurs plats. Juste à côté de la table sur laquelle sont exposés les plats de nourriture, se trouve un banc où les clients s’installent pour déguster leurs plats. Parmi les clients, il y a ceux qui préfèrent emporter leur nourriture servie dans leurs propres récipients et certains dans des sachets biodégradables.
«Madame, je veux Babenda 200F plus du tô 50F CFA», commande Josiane Zongo, une cliente. Au même moment une autre femme venait d’acheter un plat de 100F CFA de Babenda pour son petit garçon. Ce dernier le mangeait avec appétit, une joie immense se lisait sur son visage. Une autre dame venue seule, s’est elle aussi procurée un plat de Babenda de 200F CFA accompagné du tô pour 50F CFA. Elle a confié avoir choisi d’emporter son plat «pour le partager avec ses collègues de travail». Les clients venaient s’approvisionner à tour de rôle, à des quantités variées, chacun en fonction de sa bourse.
A environ 400 mètres de chez madame Ilboudo, une autre dame d’une trentaine d’années du nom de madame Drabo s’est installée sous un hangar en tôle. Des chaises en plastique avec de petites tables sont placées pour servir les clients. Dans son menu figurent le Babenda, le Tô avec des sauces variées, du gombo, de l’oseille, du « boulvaka », notamment.
Mlle Kouanda, venue à moto, est une habituée du Babenda. Elle en demande pour 150F CFA avec du piment pour emporter. «Je suis attachée à ce plat pour bien sûr son goût, sa particularité par rapport aux autres plats, sa texture (composition)», confie Mlle Kouanda. Elle qui n’a pas voulu qu’on la prenne en photo, a affirmé avoir éprouvé de la nostalgie pour ce plat quand elle a été momentanément hors du pays.
Chez madame Drabo, c’est le Badenda qui est prisé par les clients. Ils viennent nombreux en chercher au point qu’une sorte de file indienne est formée et chacun attend son tour pour être servi. Issiaka Segueda, lui, a préféré se servir sur place. Il a demandé un plat de 150F CFA et s’est installé sur le banc pour calmer sa faim. Il affirme être lui aussi un consommateur de ce plat si «naturel dont la digestion est facile». «Je peux manger le Babenda 4 à 5 fois dans la semaine. C’est un plat naturel, facile à digérer et qui soulage ceux qui sont un peu constipés», s’est expliqué M. Segueda.
Madame Drabo ne se plaint pas du marché de son restaurant. Elle nous confie que son gain quotidien à chaque fois qu’elle sort pour vendre, c’est au moins 35 000F CFA. Il lui arrive de repartir avec une somme de 40 000F CFA le jour où le marché est vraiment fluide. «Nous sortons ici tous les jours à partir de 11h sauf dimanche. Le jour où les clients viennent massivement, nous pouvons tout vendre avant 13h», a affirmé Me Drabo le sourire au bout des lèvres.
Encadré/Zoom sur le plat de Babenda
Le Babenda tire ses origines de l’ethnie Mossi (ethnie majoritaire du Centre du Burkina). Au départ, consommé en grande partie aux périodes de soudure, de famine et donc considéré comme le plat par excellence des couches sociales défavorisées, le Babenda est aujourd’hui le plat prisé par presque toutes les couches de la population burkinabè sans exception.
Ce plat est réputé pour tisser des relations entre familles, car de coutume, si une famille prépare ce plat, elle le partage avec les voisins. Le Babenda est un plat principalement composé de feuilles d’oseilles et d’autres feuilles locales. Il se cuisine à base d’arachides pilées, du riz, du poisson séché accompagnés d’autres ingrédients.
L’une des particularités de ce plat réside au fait qu’on peut le manger sous diverses formes. Il peut se manger simplement, ou associé à de l’huile ou du beurre de karité, du bouillon de cuisine, de la viande selon ce qui convient au consommateur. On peut également le déguster avec un autre plat local comme le Tô. CE met est également un bon laxatif selon des consommateurs.
Siaka CISSE (Stagiaire)