Des affrontements ont opposé ce vendredi, 14 juin 2019, des militaires et manifestants dans le centre du Bénin, précisément à Savè et à Tchaourou, ville d’origine de l’ancien président Boni Yayi qui avait appelé au boycott des élections législatives organisées le 28 avril dernier.
Le Bénin est troublé par une crise politique depuis les élections législatives du 28 avril, auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à présenter de candidats pour des raisons administratives. L’ancien président avait de ce fait appelé la population à se soulever en signe de protestation et appelé le chef de l’Etat, Patrice Talon, a annulé le processus électoral. Les 1er et 2 mai, des centaines de personnes s’étaient rassemblées autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou, craignant qu’il ne soit arrêté.
Selon l’Agence France Presse (AFP), cela fera maintenant quatre jours que de violentes échauffourées ont lieu entre l’armée et les manifestants dans le centre du Bénin où la situation restait « toujours très tendue » ce vendredi à Savè et à Tchaourou.
Les manifestants ont bloqué la route principale pour exiger la levée des barrages autour du domicile de Boni Yayi et la libération de leurs frères.
« Les forces armées sont présentes partout dans la commune et sur la route principale entre Tchaourou et Parakou pour essayer de dégager les barricades » mises en place par des manifestants pro-Yayi, a confié vendredi un élu de la commune sous couvert d’anonymat au journal français. « L’armée tire à balles réelles. Les violences sont extrêmes », s’est alarmé l’informateur de l’AFP. L’agence citant un médecin qu’elle a joint téléphoniquement, souligne que plusieurs éléments de l’armée ont été blessés et admis dans un hôpital à Parakou. Mais pour l’instant, note l’AFP, aucun bilan officiel n’était disponible sur les échauffourées.
La répression des manifestations par l’armée a déjà fait au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et de nombreux blessés à travers le pays. Des associations de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays qui a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.
Par Bernard BOUGOUM