A la suite de premières démarches initiées par le chef de l’Etat béninois Patrice Talon et le séjour en terre nigérienne de deux anciens chefs de l’Etat béninois, Yayi Boni et Nicéphore Soglo, le patron de la transition nigérienne, le général Abderahamane Tiani, a envoyé une délégation bien étoffée, en République du Bénin, ce mercredi 24 juillet. Toutes ses initiatives entrent, évidemment, dans la volonté, ou la contrainte, c’est selon, de la recherche de solution à la crise née entre les deux pays voisins, le Niger et le Bénin, suite au coup d’Etat de juillet 2023 qui a entraîné, la chute du président du Niger, Mohamed Bazoum. Depuis lors, malgré la réouverture de la frontière béninoise, fermée à cause des sanctions de la CEDEAO contre le coup de force, le Niger a gardé la sienne bien verrouillée. D’où naîtra l’exacerbation de cette crise, les autorités béninoises, en représailles à cette fermeture de la frontière par leurs homologues du Niger, ayant décidé de couper le robinet du pipeline qui permettait au voisin nigérien d’exporter son pétrole par le port de Cotonou.
«Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit», énonce un dicton bien africain. C’est ainsi que, et comme à l’accoutumée, les premières victimes de cette querelle des chefs, ne sont autres que des populations qui, pourtant, ont toujours vécu en parfaite harmonie, ignorant même les frontières artificielles qui les divisaient. Cette rencontre de Cotonou, et les épisodes qui l’ont précédée, constituent, peut-être, les prémices d’une embellie dans les relations devenues exécrables entre deux pays voisins, et «frères» selon la formule diplomatique consacrée. L’espoir est permis, si chaque dirigeant prend en compte les intérêts de deux peuples qui commerçaient en bonne intelligence et jouissaient des beaux fruits du vivre-ensemble.
«Ce qui nous unit doit être plus fort que ce qui nous divise», dit l’adage plus que jamais à mettre en pratique pour aller vers le dénouement de cette crise qui ne rend service, ni aux dirigeants qui affament ainsi les populations, et encore moins aux citoyens des deux pays qui ressentent, durement et désespérément, les effets dévastateurs de cette fermeture de frontière qui renforcent la vie chère. Certes, le raidissement de positions, de part et d’autre de la frontière, continue d’être nourri par des va-t’en guerre aux intérêts égoïstes et très personnels, et par les accusations de déstabilisation émises par le Niger et qu’a toujours nié le Bénin. Mais sans doute que sous l’arbre à palabres africain, les protagonistes pourront se parler, et faire fructifier les vertus du dialogue, premiers pas nécessaires vers les sorties de crise.
Comme l’a chanté l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly, «ouvrez les frontières, ouvrez les frontières»!
Par Wakat Séra