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Bénin-Niger: same fight!

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Les présidents Mohamed Bazoum (à gauche) et Patrice Talon (Ph. d'archives)

En Afrique, quand deux voisins se retrouvent, cela n’a rien d’extraordinaire, compte tenu des liens sacrés qui ont toujours rythmé les relations entre peuples que des frontières artificielles tracées par la fameuse Conférence de Berlin ont séparés, mais qui ont gardé des relations de fraternité et d’amitié séculaires. Ce fut certainement le cas lors de la visite officielle de 48 heures que vient de rendre, ce lundi et mardi, le Nigérien Mohamed Bazoum, selon la formule consacrée, à «son frère et ami» du Bénin Patrice Talon.

Certes, comme le quotidien de la langue et des dents qui sont contraintes à cohabiter, mais se heurtent parfois, la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille entre le Bénin et le Niger. En plus des récriminations fréquentes des transporteurs nigériens contre des traitements peu orthodoxes qu’ils subissent au port de Cotonou ou sur les routes les ramenant à la maison, le différend frontalier aurait pu dresser les deux pays, l’un contre l’autre. Mais ce sont des questions qui sont réglées «en famille». A défaut, l’affaire est portée devant les juridictions compétentes, en dehors de toute action belliciste. Ainsi en ont d’ailleurs décidé, Mohamed Bazoum et son hôte de deux jours, Patrice Talon. «Les deux chefs d’Etat ont (…) convenu de la signature de l’accord consacrant la mise en œuvre de l’Arrêt du 12 juillet 2005 de la Cour internationale de justice (CIJ), relatif à l’affaire du différend frontalier», révèle, à son point 6, le communiqué conjoint accouché par la visite de Mohamed Bazoum au Bénin.

Si la coopération et les échanges commerciaux ont constitué des articulations importantes des échanges au sommet, c’est indéniable qu’entre deux bouchées d’«amiwo», la pâte rouge, spécialité culinaire locale et deux gorgées de «Possotomé», l’eau minérale thermale naturelle de la région éponyme du Bénin, les deux dirigeants ont parlé lutte anti-terroriste. Pouvait-il en être autrement quand la nébuleuse qui a fait du Sahel, sa zone de prédilection, en sort de plus en plus pour s’attaquer aux pays du golfe de Guinée, dont le Bénin? Et qui, mieux que Mohamed Bazoum, fin connaisseur des enjeux géo-stratégiques de l’Afrique, mais surtout incontestable chef de guerre contre le terrorisme et le grand banditisme, pour évoquer le sujet avec son homologue, dans le but d’unir leurs ressources pour aller à l’assaut de l’hydre dont les têtes aussitôt coupées repoussent?

Le Bénin peut se rassurer en se mettant à la bonne école nigérienne! Alors que sur le plan sécuritaire, les deux dirigeants évoquaient «la menace terroriste au Sahel et en Afrique de l’ouest ainsi que son extension vers les pays côtiers», Patrice Talon n’a pas manqué de saluer «le leadership du président Mohamed Bazoum et la résilience du peuple nigérien face à la menace terroriste». C’est donc en toute logique que les deux hommes, se félicitant «de la signature de l’Accord de coopération militaire entre le Bénin et le Niger», ont convenu de renforcer ladite coopération «en matière de sécurité et de défense, à travers notamment des opérations militaires conjointes». Après être passé par le Burkina, le 16 février où il a discuté coopération avec son homologue, le capitaine Ibrahim Traoré, le président Patrice Talon confirme, en recevant Mohamed Bazoum, que les relations en bonne intelligence avec les voisins sont primordiales, surtout quand on partage un ennemi commun et féroce comme le terrorisme qui endeuille sans pitié, populations civile et militaire.

Tout en essayant de redynamiser le G5 Sahel, devenu orphelin du Mali, les militaires au pouvoir à Bamako ayant retiré ce pays de la force conjointe qu’elle constituait avec le Niger, le Tchad, le Burkina Faso, et la Mauritanie, le président Bazoum qui sert aujourd’hui d’étoile du berger dans la lutte contre le terrorisme, devrait, avec ses homologues, songer de plus en plus à agrandir le cercle afin de rassembler plus large dans la sous-région. Pourquoi pas un G 12 Afrique qui réunirait, en plus des pays du G5 Sahel, autour du même défi sécuritaire, le Nigeria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Ghana, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau, et plus si affinités? C’est un secret de polichinelle, la seule vérité du terrain impose l’union contre le mal! Vaincre ensemble ou périr seul, c’est le seul slogan qui vaille contre le mal terroriste.

Par Wakat Séra