Dans le cadre du lancement des activités commémoratives de la 32e Journée de l’Etudiant Burkinabè, journée de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et d’hommage au camarade Dabo Boukary, l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB), section de Bobo-Dioulasso, a animé le dimanche 15 mai 2022, une conférence de presse au cours de laquelle elle a demandé au Gouvernement de se pencher sur les difficultés que vivent les étudiants dans la deuxième ville du Burkina Faso.
Selon les conférenciers, la journée est placée cette année sous le thème : « Lutte estudiantine contre l’impunité des crimes de sang et les répressions policières barbares des 13 et 14 Janvier 2022 à l’Université Nazi Boni ». Les revendications des étudiants actualisées à nos jours s’articulent autour des points suivants : « arrêt du processus d’exclusion massive des étudiants de l’U.N.B ; diligence dans le processus de délibération par l’effectivité des jurys de corrections et le paiement des actes académiques et l’arrêt de tout processus de contingentement des allocations sociales (FONER, bourse) ».
Et cela par « l’octroi du FONER à tous les étudiants sans condition d’âge ni de moyenne ; l’augmentation des taux de l’aide et de la bourse en lien avec le coût de la vie ; le recrutement d’enseignants en nombre suffisant puis construction et équipement adéquat des amphithéâtres, salles de cours, d’informatique, de travaux dirigés (TD) et de travaux pratiques (TP) (éclairage, sonorisation, vidéo projecteur, réactif de laboratoire) en lien avec les effectifs d’étudiants ; la meilleure organisation du transport des étudiants ; le respect des libertés d’organisation, d’expression et de manifestions ; la démission pure et simple de Macaire S OUEDRAOGO de la présidence de l’U.N.B ; la vérité et la justice sur les répressions dont ont été victime les étudiants ; la levée pure et simple des sanctions arbitraires qui pèsent sur nos quatre camarades et le remboursement des parents des blessés qui ont injectés des sommes dans les soins.
Par Bernard BOUGOUM
Encadré
Déclaration liminaire
Mesdames et messieurs les journalistes,
L’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) section de Bobo Dioulasso par ma voix vous remercie d’avoir répondu à l’invitation de la présente conférence de presse. C’est aussi l’occasion pour nous de vous remercier pour vos multiples efforts tout au long de la lutte des étudiants en vue de donner la juste information au public sur les réalités à l’U.N.B. Cette conférence s’inscrit dans le cadre du lancement des activités commémoratives de la 32e Journée de l’Etudiant Burkinabè, journée de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et d’hommage au camarade Dabo Boukary. La journée est placée cette année sous le thème : Lutte estudiantine contre l’impunité des crimes de sang et les repressions policières barbares des 13 et 14 Janvier 2022 à l’Université Nazi BONI. En plus de la présente conférence de presse, il est prévu dans l’après-midi un match de football qui opposera une équipe des étudiants à celle des élèves. Dans la soirée il est prévu un vidéo-débat sur les témoignages de l’assassinat de DABO Boukary et aussi sur les répressions de Janvier 2022 à l’U.N.B. La journée du 19 Mai 2022 sera marquée par une conférence publique, des prestations artistiques, des expositions d’archives et d’une séance de témoignages des étudiants blessés les 13 et 14 Janvier 2022 par la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS). Les messages des Comités Exécutifs de l’UGEB et de l’ANEB / Bobo seront livrée avant le début de la conférence publique.
Mesdames et messieurs les journalistes,
La commémoration de la 32e journée de l’Etudiant burkinabè intervient dans un contexte international marqué par l’expression ouverte des rivalités inter-impérialistes. Comme en témoigne la guerre en Ukraine. L’Afrique et sa sous-région Ouest sont toujours confrontées à la guerre d’occupation avec en toile de fond le développement du terrorisme crée et entretenu par les puissances impérialistes notamment celle Française. Ce levier de l’impérialisme qu’est le terrorisme sert de prétexte pour le déploiement des forces étrangères sous les sols Africains avec une volonté latente d’avoir une mainmise totale sur les ressources naturelles. Au niveau national, du fait du terrorisme, les superficies exploitables pour les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques sont réduites. Cette situation expose davantage les populations à une insécurité alimentaire ponctuée d’une prévalence élevée de la malnutrition chez les enfants et les femmes. Les proportions des familles endeuillés, du nombre de déplacés internes et des établissement scolaires fermés deviennent de jour en jour inquiétante. De nouveaux front et moyen de terreur ne cessent d’être exploités par les groupes armées terroristes. Certaines localités du pays ne sont plus accessibles et plusieurs chefs-lieux de provinces ne sont plus sous contrôle de l’état néocoloniale. Les problèmes qui ont conduit à la prise du pouvoir par le MPSR selon lui même demeurent et s’empirent.
Mesdames et messieurs les journalistes,
En Mai 1990, les étudiants de l’Université de Ouagadougou se battaient pour de meilleures conditions de vie et d’études. Lors d’une marche organisée le 18 Mai en direction du rectorat de l’Université, les étudiants ont été victimes d’une répression parties des locaux de l’université jusqu’aux quartiers. C’est dans un tel contexte de répression barbare que le camarade DABO Boukary sera enlevé aux 1200 logements puis conduit au tristement célèbre conseil de l’entente où il trouvera la mort de suite de tortures.
Que pouvons-nous dire du dossier DABO ?
L’ouverture du dossier a eu lieu en 1999. A la faveur de la journée de pardon, la famille de DABO a été invitée à y prendre part, mais celle-ci est restée digne en exigeant que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de son unique fils. En 2013, un ancien militaire de l’ex-Régiment de Sécurité Présidentiel dans l’optique de soulager sa conscience, a raconter sa part de vérité sur la disparition de DABO Boukary auprès d’un juge d’instruction. Dans son témoignage sur les évènements de mai 1990, il précise que Feu Salif DIALLO aurait non seulement identifié les étudiants à arrêter, mais aussi indiquer les logis des responsables de l’ANEB activement recherchés à l’époque. Le dossier a été réouvert sous la transition en 2015. Le 21 février 2017, les autorités judiciaires procédaient à l’indication d’une tombe supposée être celle de DABO Boukary, à quelques encablures de la ville de Pô. Le bimensuel l’Evènement dans sa parution du 10 Mai 2020, informe dans l’un de ses articles de la tenue de l’audience de mise en accusation du dossier DABO Boukary prévue le 21 mai 2020. Cette audience, selon le Faso.net, renvoyée d’abord au 28 Mai 2020 s’est finalement tenue le Jeudi 11 Juin 2020 puis mis en délibéré le 16 Juillet 2020. La délibération du 16 Juillet avait renvoyé de dossier en instruction. Selon le journal l’Evènement toujours dans sa parution du 10 Mai 2020, trois personnes sont inculpées dans ce dossier. Ce sont Mamadou BAMBA, Gilbert DIENDERE qui purgent actuellement des peines de prison pour le coup d’Etat du 15 Octobre 1987, puis la tentative de putsch en septembre 2015 et Magloire Victor YOUGBARE, sergent au moment des faits à l’ex centre d’entrainement commando de Pô, présentement en Italie.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Faut-il encore le rappeler, notre camarade DABO Boukary a perdu la vie au moment où lui et les siens se battaient pour le respect des libertés démocratiques et pour l’amélioration des conditions de vie et d’étude. Ce contexte était marqué par l’adoption des programmes d’ajustement structurel (PAS) par le pouvoir du Front Populaire qui devait se matérialiser par le désengagement de l’Etat du secteur de l’éducation en général et de l’enseignement supérieur en particulier. Ainsi, l’Etat devrait réduire les effectifs d’étudiants à l’Université à travers des méthodes d’évaluations ultra-sélectives, réduire voir geler le recrutement d’enseignants et la construction d’infrastructures, etc. Ces différentes mesures sont aujourd’hui en applications et ce de façon progressive. Les problèmes contre lesquelles les étudiants se battaient en 1990 demeurent toujours et ce avec une gravité de plus en plus importante. Ainsi, dans les universités publiques, les conditions de vie et d’études des étudiants se sont gravement détériorées. A l’UNB le contexte socio-académique se caractérise par les traits majeurs suivants :
-le manque criard d’enseignants et d’infrastructures avec en toile de fond la programmation des promotions d’étudiants sur plusieurs sites et dans des salles qui n’arrivent pas à contenir leurs effectifs,
-l’approfondissement du chevauchement et du retard des années académiques dont les autorités tentent de masquer avec le décrochage qui a déjà montré ses limites avec son lot de corolaires,
-la mauvaise exécution des programmes académiques,
-le bâclage de la formation,
-les délibérations tardives avec l’exemple de la promotion d’Histoire 2018 qui a bouclé ses évaluations depuis le 10 Décembre 2021 mais est toujours en attente de ses résultats définitif,
-la programmation irrégulière des activités académiques,
-les taux d’échec record,
-la privatisation des offres de formation,
-le démantèlement des œuvres sociales,
-la prise de sanctions arbitraires qui semblent être un instrument dissuasif aux mains des autorités pour contrer les luttes des étudiants,
-le refus manifeste d’appliquer la décision de justice qui ordonne la suspension des effets du procès-verbal du fameux conseil discipline qui avait arbitrairement suspendu nos camarades,
-la dette d’environ 700 millions liés aux frais de vacation, de délibération, de soutenance, de corrections de copies supplémentaires et de surveillance des évaluations qui freine aujourd’hui l’évolution des activités académiques.
Ce niveau d’endettement qui est d’ailleurs le premier dans l’histoire de l’U.N.B est l’expression ouverte de la mauvaise gestion au plan administratif, financier, infrastructurel, académique dont nous n’avons cessé de dénoncer depuis la nuit des temps. Il est par ailleurs actuellement à l’origine du ralentissement des activités académiques dans les différents établissements. L’autorité plutôt que de se pencher sur la résolution des problèmes opte toujours pour la répression des étudiants qui revendiquent un minimum de conditions et ce en violation grave des franchises universitaires. C’est ainsi que les étudiants après s’être vue refusé la tenue de d’une Assemblée Générale pour échanger sur les problèmes qui les assaillent ont été farouchement réprimer les 13 et 14 Janvier 2022.
Cette répression a occasionné plus d’une vingtaine de blessés dont 5 cas graves. Elle présente plusieurs traits similaires aux évènements de Mai 1990. En effet, les étudiants ont été réprimés jusqu’aux domiciles des riverains, dans les artères du quartier qui jouxtent le campus de l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (INSSA) et en cité universitaire. Des enseignants comme Patrice TOE le Vice-Président chargé des Enseignements et des Innovations Pédagogiques (VP-EIP), le Directeur de cabinet du Président de l’U.N.B BAMBA Issaka et certains étudiants à la solde de l’administration servaient d’indique à la police pour mettre aux arrêts les membres de la Direction de la lutte et autres étudiants.
Les menaces et les intimidations à l’endroit de certains étudiants n’ont pas également manqué dans le but de briser l’élan de la lutte. Nulle été le manque de volonté, les moyens qui ont servi aux bavures policières et autres manœuvres aurait permis de résoudre une partie des préoccupations posées. Ces agissements viennent mettre à nue le mépris dont les autorités universitaires actuelles font preuve sur la lutte estudiantine contre l’impunité des crimes de sang. La levée d’une milice armée de machettes, gourdins, fouets…en vue d’empêcher la marche-meeting des étudiants le 03 Mars 2022 par les autorités universitaires en témoignent largement. Cela nous interpelle davantage sur la nécessité d’approfondir la lutte contre l’impunité des crimes de sang et pour l’amélioration des conditions de vie et d’études.
Mesdames et messieurs les journalistes,
Lors des moments difficiles où le pronostic vital des étudiants blessés étaient engagés, nombreuses personnes aussi bien morale et physique ont contribué financièrement à l’occasion du SOS lancé par la coalition le 15 Janvier 2022 afin qu’ils puissent bénéficier des soins d’urgences. C’est le moment pour nous de les adresser nos chaleureux remerciements. La somme de 850 015 francs CFA a été collectée au total. A nous jour, la somme de 714 525 F CFA a été dépensée. La somme restante contribue toujours à la prise en charge des blessés notamment pour les rendez-vous de contrôle au CHUSS. Par ailleurs, en réponse à cette répression barbare, une plainte a été déposée au Tribunal de Grande Instance de Bobo-Dioulasso le 04 Mars 2022 contre OUEDRAOGO S Macaire et X pour coups et blessures.
Les revendications des étudiants actualisées à nos jours s’articulent autour des points suivants :
-Arrêt du processus d’exclusion massive des étudiants de l’U.N.B,
-Diligence dans le processus de délibération par l’effectivité des jurys de corrections et le paiement des actes académiques,
-Arrêt de tout processus de contingentement des allocations sociales (FONER, bourse) par:
-L’octroi du FONER à tous les étudiants sans condition d’âge ni de moyenne,
-L’augmentation des taux de l’aide et de la bourse en lien avec le coût de la vie,
-Recrutement d’enseignants en nombre suffisant puis construction et équipement adéquat des amphithéâtres, salles de cours, d’informatique, de travaux dirigés (TD) et de travaux pratiques (TP) (éclairage, sonorisation, vidéo projecteur, réactif de laboratoire) en lien avec les effectifs d’étudiants,
-Meilleure organisation du transport des étudiants,
-Respect des libertés d’organisation, d’expression et de manifestions,
-la démission pure et simple de Macaire S OUEDRAOGO de la présidence de l’U.N.B,
-la vérité et la justice sur les répressions dont ont été victime les étudiants,
-la levée pure et simple des sanctions arbitraires qui pèsent sur nos quatre camarades,
-le remboursement des parents des blessés qui ont injectés des sommes dans les soins.
Nous demeurons convaincus qu’avec la mobilisation des étudiants, la contribution des démocrates et progressistes de notre pays, le dossier DABO Boukary et celui des étudiants injustement réprimés à l’U.N.B connaîtront un dénuement et les coupables, où qu’ils se trouvent seront jugés et châtiés à la hauteur de leur forfait. Du reste nous souhaitons que l’évolution de ces dossiers soit importante en vue de soulager les victimes et leur famille.
Nous vous remercions de votre attention !
Le Comité Exécutif