Le 22 juillet 2019, Bobo-Dioulasso, deuxième ville et capitale économique du Burkina Faso a abrité l’atelier de diffusion de la Stratégie nationale d’industrialisation. Cette activité était couplée à la remise d’équipements aux bénéficiaires de l’Initiative du renforcement du capital productif des PME des régions du Nord, du Centre-Nord et des Hauts-Bassins. C’était sous le patronage du Premier ministre, qui avait, pour représentant naturel, compte tenu de la nature de l’événement, le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Harouna Kaboré, qui a présidé la journée studieuse, après le mot de bienvenue du maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Bourahima Sanou .
«Que cette journée mette à jamais le Burkina Faso sur le sentier de son industrialisation». Plus qu’un souhait, cette exhorte du ministre burkinabè en charge de l’Industrie, doit servir d’étoile polaire aux acteurs du tissu industriel burkinabè qui est loin de se présenter sous ses meilleures couleurs. Pourtant, l’axe 3 du Plan national de développement économique et social (PNDES), le référentiel de développement dont s’est doté le Burkina Faso en 2016, a pour ambition, comme l’a rappelé Harouna Kaboré, de «dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie» et fait ainsi, «la part belle au secteur industriel dont la contribution à la formation du PIB (produit intérieur brut, NDLR) devrait connaître une hausse au terme de la période sous revue». La situation est pire à Bobo Dioulasso où la plupart des unités industrielles pourraient bientôt mettre la clé sous le paillasson, contraintes par les bourrasques de la fraude, de la concurrence déloyale, de la mévente, mais aussi des coûts de production démentiels gonflés par des factures d’eau et d’électricité pour ne citer que ces charges. Si l’existant est ainsi menacé, qu’adviendra-t-il des nouvelles initiatives?
Le président de la délégation consulaire des Hauts-Bassins, de la Chambre de commerce et de l’industrie du Burkina Faso (CCI-BF), Lassiné Diawara, tout en louant la volonté du gouvernement burkinabè de rendre réalité «l’industrialisation de notre pays», a révélé, au nom du monde des affaires, de tracer quelques sillons pour accompagner le politique. Morceaux choisis: «(…) je reste convaincu que pour relever le défi de la transformation de notre économie, il serait indiqué d’examiner avec attention la question des industries existantes en vue de renforcer leur compétitivité, puis de promouvoir et faciliter la création de nouvelles unités innovantes dans des secteurs porteurs. De même, pour assurer l’attractivité du pays, la réduction des coûts des facteurs de production, la réalisation des infrastructures économiques, et l’aménagement des parcs d’activités (notamment les parcs industriels, les zones économiques spéciales, les zones d’activités diverses, etc.) restent une impérieuse nécessité». Paroles d’un homme d’affaire au nez creux qui, par ailleurs, a assuré son auditoire du jour, «de la disponibilité de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, à jouer sa partition et ce, conformément aux missions qui lui sont dévolues».
Dans cette symphonie qui devrait s’enclencher autour de la Stratégie nationale d’industrialisation (SNI 2019-2023) pour soutenir le Burkina Faso dans sa longue et difficile marche vers l’Eden du développement, le Groupement professionnel des industriels (GPI) ne manquera pas de poser sa voix. Saisissant l’opportunité de l’atelier de diffusion de la SNI 2019-2023, qu’a accueilli Bobo Dioulass, le «berceau» de l’industrie national, le président du GPI, Mamady Sanoh, vice-président de la CCI-BF sous une autre casquette, a dit toute sa confiance dans ce nouvel outil pour lequel le GPI «est très reconnaissant» à l’endroit du Premier ministre et son gouvernement, particulièrement le ministre en charge de l’Industrie «qui sans relâche œuvre à la promotion de l’industrie burkinabè». C’est dans cette logique que, tout en regrettant l’absence de la volonté politique, toute chose qui a plus ou moins fait le lit à l’agonie dans laquelle est plongé le secteur industriel, Mamady Sanoh, a appelé «l’industriel burkinabè à s’approprier cette stratégie et travailler à élever son niveau de compétitivité afin de reconquérir la demande nationale en constante augmentation». Mais la vie sera loin d’être un long fleuve tranquille pour les industriels burkinabè. En effet, le contexte déjà marqué par une concurrence rude dans les espaces Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) connaît désormais l’avènement de la Zone de libre échange africaine (Zlecaf). Mais, foi du président du GPI, cette situation doit être saisie par les entreprises burkinabè comme une opportunité pour s’épanouir davantage. Le Groupement, selon Mamady Sanoh, attend donc «des autorités, un renforcement de la régulation en cours de notre économie qui passe par le contrôle strict des importations», afin «de protéger le tissu industriel existant pour ne pas compromettre la nouvelle stratégie d’industrialisation et le plan d’industrialisation accéléré».
Pour aller loin, la SNI aura besoin plus que de l’engagement du secteur privé. C’est ainsi que des institutions comme l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) et l e Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) ont réitéré leur soutien au développement du Burkina Faso et singulièrement à son secteur industriel. Tidiane E. Boye, représentant de l’Onudi pour la Côte d’Ivoire et le Togo et Pascal Yembiline, représentant de la BAD au Burkina Faso qui se sont tous réjouis de la naissance de la SNI, ont mis en évidence les différents apports et les perspectives d’appui à l’industrie burkinabè. La BAD «a conclu, le 9 octobre 2014, avec le gouvernement, un accord de don d’un montant d’environ 8 milliards de francs CFA pour le financement du Projet d’appui à la transformation de l’économie et à la création de l’emploi (PATECE)», a rappelé M. Yembiline qui a ajouté que «c’est dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, qu’un montant de 100 millions de francs CFA a été consenti pour soutenir la mise en œuvre de cette initiative».
Si les actes suivent les mots qui ont applaudi son avènement, la Stratégie nationale d’industrialisation, au soir de 2023, son année butoir, aura accompli sa mission de doter le Burkina Faso «d’un secteur industriel dynamique, compétitif et durable qui accroît sa contribution à la transformation structurelle de l’économie nationale».
Par Wakat Séra
Remise d’équipements en images