Le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne. Le départ des citoyens de la Reine de la famille des 28 a été acté le 31 janvier dernier pour la plus grand bonheur du nouveau et truculent locataire du 10 Downing Street, «brexiteur» devant l’Eternel. Comme lui, d’autres partisans de la sortie du Royaume britannique ont jubilé comme des enfants qui venaient de recevoir le cadeau qu’ils ont longtemps désiré, presque sans espoir. Mais, sans grande enthousiasme et contrainte, dame UE, de bleu étoilé drapée a dû, au bout de quatre années de négociations, offrir aux Britanniques leur indépendance. Ce ne fut donc pas une partie de plaisir pour l’institution portée sur les fonts baptismaux le 1er novembre 1993 à Maastricht aux Pays-Bas. Ce ne fut pas non plus un long fleuve tranquille pour le partant, qui, malgré le référendum du 23 juin 2016 au cours duquel les citoyens britanniques ont pris, en majorité l’option de la sortie, a dû attendre quatre après pour voir ses vœux exaucés. Le truc coinçait sur différentes sortes de modalités. Qui plus est, si la majorité a certes voté pour le Brexit, bien des citoyens ne désiraient pas quitter la famille bleue étoilée dont les pères fondateurs, l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg n’ont sans doute jamais pensé à ces moments historiques et douloureux d’au revoir au Royaume-Uni.
Alea jacta est! Mais et l’Afrique dans ces pathétiques adieux entre européens qui, en plus des Asiatiques ont tous jeté leur dévolu sur cette terre dite aujourd’hui le continent de l’avenir. Cette convoitise est également partagée par le Royaume-Uni qui, en s’éloignant de ses frères européens, aura bien besoin d’autres débouchés commerciaux et de nouveaux partenaires en matière de diplomatie au sein de grandes organisations aux enjeux multiples comme les Nations Unies, où les décisions se prennent selon le «one country, one voice». Et le «UK-Africa Investement Forum, tenu à Londres les 20 et 21 janvier dernier sonnent bien comme la volonté du Royaume Uni de revenir sur le continent noir, non plus comme le simple acteur dans l’humanitaire qu’il a longtemps été mais comme partenaire économique plein, avec vue sous le sous-sol africains. Ce come-back après les années de colonisation ne sera pas des plus simples parce que l’Afrique n’est plus ce continent vierge dont le partage s’est fait en parts de gâteau à la Conférence de Berlin du 16 novembre 1884 au 26 février 1885. Sa prédation s’est poursuivie sous différentes formes d’accords militaires, économiques et diplomatiques avec les anciens colons qui n’ont jamais abandonné le continent. Entre temps, de nouveaux acteurs comme l’Inde, la Chine, la Russie, la Turquie, le Canada, le Japon, pour ne citer que ces pays ont également mis les pieds dans le plat, preuve que l’Afrique est bien le continent de tous les enjeux. Mais aussi de tous les jeux, car l’ensemble de l’Afrique, les populations, pour être plus précis, tirent très peu, pour éviter de dire pas du tout, profit de ces relations entre le continent et ses «fameux» partenaires. Le développement de l’Afrique pourra toujours attendre! Pour le moment, c’est le marché de consommation qu’il constitue et ses matières premières qui attirent.
Le Brexit sera loin de constituer un tremplin de développement pour l’Afrique, tant que sur l’échelle des échanges commerciaux, le continent ne transformera pas ses matières premières et ne représentera qu’une portion congrue dans l’exportation de ses produits toujours jugés peu compétitifs sur l’échiquier commercial mondial. En tout cas, s’il arrive à s’ouvrir une bonne brèche, le Royaume-Uni pourra trouver en terre africaine, une excellente voie pour l’importation de ses produits finis.
Par Wakat Séra