Les responsables du Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) ont animé une conférence de presse ce lundi 4 décembre 2017 à Ouagadougou pour restituer les grands points de leur analyse citoyenne sur le budget de l’Etat, gestion 2018, adopté le 27 novembre dernier.
Consigné dans un document d’une vingtaine de page, l’analyse du CIFOEB qui a évoqué le contexte difficile marqué au niveau national par une recrudescence de la fronde sociale et au international par quelques tendances dont le cours de l’or, du coton, la question des attaques de djihadistes et le phénomène de migration, a décortiqué « sans complaisance » le budget de l’Etat gestion 2018 du Burkina, a déclaré le directeur exécutif du Centre, Léopold Kohoun.
La masse salariale rapportée aux recettes fiscales « est de plus de 38% » contre 23% préconisés par les normes communautaires, a affirmé M. Kohoun qui déplore le fait que le budget gestion 2018 ne « fasse pas une part belle à l’investissement alors que c’est l’investissement structurant qui peut permettre de créer des emplois et de redistribuer des revenus ».
Nous avons constaté au regard des attaques armées que cette année l’Etat a, au plan sécuritaire, alloué un montant global de « 231,74 milliards francs CFA comparativement à l’année passée où on était autour de 180,41 milliards francs CFA. Une bonne partie de ce fonds sera consacrée aux investissements, c’est-à-dire à la construction des commissariats de police et brigades de gendarmerie et à l’équipement des forces de défense et de sécurité », a-t-il salué.
« Le budget 2018 a été élaboré dans un contexte difficile qui ne permettra pas d’atteindre les objectifs du Plan national de développement économique et social (PNDES, plan quinquennal de développement), qui prévoyait une croissance de 7,4% en 2018 tant que la contrainte de l’énergie et celle de la qualité des ressources humaines ne sont pas convenablement dissoutes », lit-on dans le document du CIFOEB.
La même source préconise que « face à la fronde sociale de plus en plus tonitruante à la suite des événements de fin 2014 et 2015 (insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et coup d’Etat 2015), les gouvernants fassent preuve d’innovation pour proposer aux populations des solutions justes, équitables, réalistes et transparentes. La légitimité des autorités dirigeantes se trouve dans la balance, du moment que ce sont des populations insurgées qui ont permis de les mettre en scelle ».
Selon l’étude du CIFOEB, les recettes minières devront faire l’objet d’une « attention plus soutenue en vue de réduire les fuites en la matière et de comptabiliser l’ensemble des ressources y afférentes. L’opérationnalisation de l’Agence nationale d’encadrement et d’exploitation des mines artisanales et sémi-mécanisées (ANEEMAS) devrait aider à mieux organiser le sous-secteur et à mieux le professionnaliser ».
En matière de dépenses, au regard du poids de plus en plus énorme des charges de personnes sur le budget de l’Etat, il est impératif d’entreprendre des mesures assez fortes pour limiter le rythme de progression. A cet effet, le CIFOEB demande de « mettre fin aux multiples ateliers improductifs et inefficaces, servant plus à une distribution de perdiems aux agents publics qu’à un véritable foisonnement d’idées pour assurer des réflexions novatrices et adaptées pour un développement durable ».
Les ressources totales du budget de l’Etat, exercice 2018 s’établissent à 2 018,155 milliards francs CFA et en dépenses à 2 441,318 milliards francs CFA, soit un besoin de financement de 423,163 milliards francs CFA.
Par Mathias BAZIE