Accueil A la une Burina/Lutte contre le terrorisme: «Le président Damiba nous a trahis»

Burina/Lutte contre le terrorisme: «Le président Damiba nous a trahis»

0
Le président du Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba

Dans une adresse à la Nation, le 1er avril 2022, le président du Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait donné cinq mois aux Burkinabè pour faire un point sur sa gestion de la situation sécuritaire au pays et la restauration de l’intégrité territoriale. En cette fin août, donc cinq mois après cette promesse, des Ouagalais jugent le bilan du chef de l’Etat, d’autres estimant «qu’il a trahi» les Burkinabè en n’ayant pas répondu à leurs attentes.  

Romaric Sorgho (nom d’emprunt): «Le président Damiba nous a trahis»

Nous voyons tous la situation actuelle du Burkina Faso. Et franchement on n’a pas besoin de rappeler que ça ne va pas. Depuis la prise du pouvoir de Damiba, la situation ne fait que s’empirer. Plusieurs provinces ont basculé, ce sont les terroristes qui y sillonnent. Nous sommes entre les mains de Dieu. Le village natal du chef de l’Etat est en train d’être attaqué. La population y vit sous la panique. Le président Damiba est pourtant un gradé de l’Armée. Il sait donc faire la guerre plus que ces gens qui nous attaquent. On s’attendait à ce qu’il livre une guerre farouche contre les terroristes. Mais il n’a pas répondu à nos attentes. Le président Damiba nous a trahis.

Issaka Alamou: «Le président s’est mis dans la peau du politicien et a refusé de faire la guerre»

Issaka Alamou

On ne voit rien. Rien ne change. On ne peut même plus voyager à plus de 200 km dans le pays. Aujourd’hui, on ne peut plus dire que Damiba est un militaire. Il s’est mis dans la peau du politicien et a refusé de faire la guerre. Pour moi, il ne devrait même pas prendre cette décision de donner cinq mois pour faire un bilan. Ce n’était pas une bonne idée et je pense qu’il a mis les terroristes au défi. On n’a pas la situation en main. On le supporte, mais il faut que les choses s’améliorent. Si on voit les déplacés regagner leurs localités, on pourra dire qu’il y a du mieux.

Abdoul Wahab, citoyen burkinabè d’origine nigériane: «Les autorités vont parvenir à vaincre les terroristes, même si cela va prendre du temps»

Les cinq mois que le président du Faso a donnés, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant pour bouter les terroristes hors de nos frontières. Le phénomène du terrorisme, il faut le connaître pour mieux en parler. La nouvelle génération ne sait pas ce que c’est, c’est pour cela on se plaint qu’il n’y a rien après les cinq mois. Moi j’ai connu Boko Haram au Nigeria, ça dure depuis plus de 25 ans. Les fils en Algérie, ça a été combien de temps avant que ça ne finisse? Donc je demande aux Burkinabè d’être patients. Les autorités vont parvenir à vaincre les terroristes, même si cela va prendre du temps. Pour faire un bilan, je peux dire qu’il est positif. Même si on a perdu des hommes, des opérations sont constamment menées dans lesquelles l’Armée engrange des résultats.

Seydou Sanogo dit Papson, citoyen burkinabè: «Après cinq mois, nous ne voyons rien»

Seydou Sanogo dit Papson

Après cinq mois, nous ne voyons rien. Il n’y a pas de changement. La situation sécuritaire ne va pas du tout. Il y a des attaques tous les jours et les gens meurent. A cela s’ajoute la vie chère. Le pays est devenu trop dur, on ne peut même plus acheter le riz. Le président doit fournir encore plus d’efforts, sinon ça ne va pas. Selon moi, il doit faire comme le Mali, aller avec la Russie. Avec les Français, il n’y a pas de confiance.

Daniel Ouédraogo, chauffeur: «Je ne peux pas dire que le bilan du président est positif»

Daniel Ouédraogo

Je ne peux pas dire que le bilan du président est positif. Il y a toujours des morts, le nombre des déplacés internes continue d’augmenter. Ces personnes ont été forcées à quitter leurs localités à cause de l’insécurité. A sa venue, on s’attendait à mieux, à ce que les choses changent par rapport à ce qu’on dénonçait sous Roch Kaboré. Mais la situation sécuritaire ne s’arrange pas. En plus, il y a la vie chère avec l’augmentation du prix du carburant.

Propos recueillis par Siaka CISSE (Stagiaire)