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Burkina: «83% des déplacés internes sont des femmes et des enfants»

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De la gauche vers la droite, l'expert Mahamoudou Sawadogo, suivi du président de la CRP, Lassiné Ouédraogo et le modérateur Siaka Coulibaly

L’expert burkinabè en sécurité, Mahamoudou Sawadogo, a révélé le samedi 25 juin 2022 que «83% des personnes déplacées internes sont des femmes et des enfants», lors d’une conférence publique à Ouagadougou organisée par la Coalition pour la Refondation de la Patrie (CRP) sur le thème: «Rôle et contribution de la société civile en période d’insécurité dans un contexte de transition».

«Les jeunes et les femmes sont les premières victimes de la menace terroriste. 83% des personnes déplacées internes sont des femmes et des enfants. 90% des membres des GAT sont des jeunes », a déclaré l’expert en sécurité, Mahamoudou Sawadogo qui en deux parties a présenté le contexte sécuritaire qui est très dynamique. Premièrement, il a analysé la question du terrorisme en indiquant qu’il faut prendre en compte la progression des groupes armés qui gagnent de plus en plus d’espaces, leurs modes opératoires qui changent avec le temps, une meilleure connaissance des acteurs dans cette guerre asymétrique et les cibles des terroristes qui ont aussi évolué durant les sept ans  qu’ils endeuillent le Burkina.

En deuxième partie, il a abordé le rôle des Organisations de la société civile (OSC) qui doit être essentiellement la veille citoyenne et leur capacité à avoir les informations en termes de renseignements pour soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS).

Dans le contexte actuel, a affirmé l’expert national en sécurité, Mahamadou Sawadogo, « la société civile a un rôle capital à jouer». « C’est une pièce maîtresse dont devrait se servir le gouvernement de la transition dans l’atteinte de ses objectifs parce que nous avons affaire à une guerre asymétrique où le tout sécuritaire n’arrive pas à résoudre les problèmes », a-t-il dit.

L’expert en sécurité, Mahamoudou Sawadogo

Pour M. Sawadogo, « les OSC doivent jouer pleinement leur rôle non seulement dans la protection des populations mais aussi dans la sensibilisation et la prise en compte des besoins des populations ». « Cela montre que le rôle des OSC est primordial dans la quête des victoires que nous recherchons dans la stabilité du pays », s’est-il dit convaincu.

«Les politiques doivent travailler de concert avec les OSC qui sont à portée de main afin que la société civile soit une courroie de transmission non seulement des informations qu’elle peut passer aux populations mais aussi aider dans la sensibilisation de l’attitude que doit avoir le citoyen face à cette menace terroriste. Il faut étendre l’action des OSC sur l’ensemble du territoire pour ne pas qu’elles soient cantonnées seulement en ville », a martelé l’expert.

Dans son développement il a spécifié qu’en plus des groupes armés terroristes essentiellement des Katiba reliés au Jnim (Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn) ou le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) qui attaquent les positions des militaires, des paramilitaires, des infrastructures de l’Etat et maintenant les populations civiles, il y a aussi les conflits communautaires, le grand banditisme et l’extrémisme violent à gérer. Il a martelé que parmi les Katiba qui agissent au Burkina, c’est la Katima dénommée Serma qui est le groupe du Jnim qui «fait plus de dégâts ». « Ils ont des anciens combattants, des vétérans de l’Irak parmi eux, bien aguerris à ce type guerre », a-t-il affirmé.

Pour les acteurs impliqués dans cette guerre asymétrique, Mahamoudou Sawadogo en a identifié deux blocs. Les acteurs pro-gouvernementaux que sont les FDS, les Dozos, les Koglwéogo qui ciblés sont plus visibles dans les centres urbains, les Rougat et les VDP. Quant aux acteurs anti-gouvernementaux, ce sont des Groupes armés terroristes (GAT) et leurs relais ou soutiens, les bandes criminelles.

Une vue du public

Le modérateur, le juriste et analyste politique, Siaka Coulibaly, a également souligné l’importance des OSC dans la lutte pour la reconquête des 40% du territoire national qui échappent au contrôle du pays. « Les OSC ont leur part en terme d’influence sur la gouvernance politique. Alors comment transformer leur rôle à ce que ça soit positif au point d’influencer la gouvernance politique », c’est à cela que doit répondre un tel panel, a justifié Siaka Coulibaly.

Le président de la Coalition pour la Refondation de la Patrie (CRP), Ouédraogo Lassina, député de l’Assemblée législative de Transition (ALT), a expliqué que son organisation vise à travers cette activité qui a regroupé plusieurs dizaines de personnes dont des acteurs de la société civile et des politiques, à la Maison de la Femme à Ouagadougou, à « faire en sorte que les populations aient les réflexes pour des dénonciations des personnes ayant des attitudes douteuses. Cette conférence publique doit aider les populations à un profond changement de comportement dans le sens de ce combat qui demande l’unité nationale », a laissé entendre M. Ouédraogo.

«La sérénité de l’assistance dans une grande salle remplie montre durant les trois heures qu’il fallait tenir ce grand panel », s’est réjoui Lassina Ouédraogo pour qui « il faut quitter les conférences de presse dont nous avons l’habitude de tenir et organiser ces genres de panels afin d’aider nos FDS, nos Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et nos autorités pour la résolution de cette crise sécuritaire».

Par Bernard BOUGOUM